Victoire historique du Maroc face à l’Espagne
Dave Lévesque
Le Maroc accède pour la première fois de son histoire aux quarts de finale de la Coupe du monde après une victoire aux tirs au but sur l’Espagne, 0 (3) à 0 (0), et le Montréalais de naissance Yassine Bounou, a eu un gros mot à dire dans l’issue du match.
Après 120 minutes de jeu où on n’a pu faire de maître, le Maroc a amorcé la séance de tirs au but par un but, puis le tir de l’espagnol Pablo Sarabia s’est écrasé sur le poteau gauche. Il avait connu le même sort dans les instants précédant le sifflet final. Ce n’était pas sa soirée.
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Le Maroc a marqué à nouveau, puis c’est là que Bounou, Bono pour les intimes, est entré en action. Il a bloqué le second tir espagnol. Le troisième tireur marocain a été freiné, puis Bono a stoppé un second tir, celui de Sergio Busquets.
Achraf Hakimi s’est présenté au point de pénalty pour le quatrième tir marocain, une réussite et c’en était fait de l’Espagne. Hakimi a soulevé le stade d’Education City en battant Unai Simon et ce fut l’explosion de joie dans une foule de près de 45 000 spectateurs fortement derrière le Maroc, une foule en liesse qui a chanté pendant les 120 minutes précédentes.
Le Maroc fera maintenant face à l’autre nation de la péninsule ibérique, le Portugal.
Le bon plan
Les Marocains n’ont pas joué un match parfait, mais ils ont livré exactement la prestation dont ils avaient besoin pour défaire l’Espagne qui n’a pas dépassé les huitièmes de finale depuis 2010.
Les Lions de l’Atlas ont été pugnaces et solidaires en défense, et se sont battus pour tous les ballons dans un match rugueux où l’officiel a laissé place au jeu robuste.
Les Marocains n’affichaient absolument aucun complexe face à leurs voisins du nord qui ne sont séparés d’eux que par le détroit de Gibraltar.
Ça n’a pas toujours été beau, mais ils ont continuellement repoussé les tentatives espagnoles de s’approcher du filet de Yassine Bounou.
Les Espagnols ont dominé la possession dans une proportion de trois pour un, mais c’était le plan des Marocains qui n’ont encaissé qu’un seul but en quatre matchs depuis le début du tournoi et encore, c’était un contre son camp face au Canada.
Manque de finition
Si les Espagnols rentrent penauds à la maison, ils le doivent en grande partie à leur manque de finition.
Car ils en ont eu des occasions malgré la ténacité marocaine. Ils ont cependant été incapables de faire le travail jusqu’au bout.
Les hommes de Luis Henrique ont poussé à compter de l’heure de jeu et jusqu’au début de la seconde période de prolongation sans être capables de trouver le fond du filet.
Les Marocains se sont accrochés jusqu’au bout tout en se créant quelques occasions qu’ils ont eux aussi eu du mal à finir.
Match serré
Ce n’est pas parce qu’un match en est à un pointage de 0 à 0 après 120 minutes de jeu qu’il a été moche pour autant.
Ç’a même plutôt été le contraire. On a eu droit à du jeu serré et enlevant où Sofiane Boufal a été particulièrement attrayant dans son jeu dans le couloir pendant la première heure pour le Maroc.
L’Espagne a continué de mettre de la pression sur le Maroc pendant la première période de prolongation, mais plus rien ne tenait dans la seconde période supplémentaire où il était clair qu’aucune des deux équipes ne voulait aller aux tirs au but.
Un accomplissement difficile à réaliser
Il y a eu de magnifiques scènes de joie dans le stade Education City après la victoire du Maroc sur l’Espagne mardi soir.
Au cœur de ces célébrations, il y avait le gardien de but Yassine Bounou qui a été nommé joueur du match grâce à ses deux arrêts dans la séance de tir au but.
«Je suis tellement content pour l’équipe. Les gars ont fait un travail incroyable tout au long du match. Tout le monde y a contribué.
«Dans le feu de l’action, il est parfois difficile de se rendre compte de ce qu’on vient de faire. Nous sommes heureux, mais nous devons nous concentrer sur les matchs à venir.»
Exploit
Si on veut vraiment mesurer l’exploit accompli par le Maroc, il faut analyser le comportement des journalistes marocains sur place.
Quand le sélectionneur Walid Regragui est entré dans la salle de conférence de presse, ils se sont tous levés d’un bond pour l’applaudir. La même chose s’est produite une minute plus tard quand Yassine Bounou est venu le rejoindre sur scène.
On avait prévu trois questions à Bounou, qui devait ensuite quitter pour un autre engagement, et un des journalistes marocains a pris le micro simplement pour les remercier du moment historique qu’ils venaient de faire vivre au pays.
Mourir pour le Maroc
Né en France, le sélectionneur Walid Regragui a pris la bonne décision en recrutant des joueurs marocains qui ne sont pas nés au pays. Il y en a quatorze en tout dans l’équipe.
«Parfois, on m’a accusé de ne pas aimer le pays parce que je suis allé chercher tous ces joueurs qui sont nés à l’étranger. Mais ce soir on a vu qu’ils sont prêts à mourir pour le Maroc.
«Ce que les joueurs ont fait aujourd’hui, c’est extraordinaire dans la dépense d’énergie. On est tombé sur une des meilleures équipes au monde, peut-être la meilleure de la compétition pour la possession.»
Et juste comme ça, le jeu défensif sans reproche de son équipe lui permet de rêver.
«Si vous m’aviez dit au début de la compétition qu’on aurait joué la Croatie, la Belgique et l’Espagne et qu’on n’aurait pas accordé un but, j’aurais été surpris.»
Domination
Le sélectionneur espagnol, Luis Enrique, a expliqué le résultat du match par l’incapacité de son équipe à battre Yassine Bounou.
«Nous avons dominé le match, mais n’avons pas été en mesure de marquer un but. Notre adversaire avait une qualité défensive de haut niveau, c’est une très belle prestation défensive de leur part.»
Son équipe a même été incapable de marquer dans la séance de tirs au but et il a expliqué comment il avait choisi ses tireurs.
«Si les choses étaient à recommencer, je choisirais les mêmes tireurs. J’avais choisi les trois premiers et je leur avais laissé la liberté pour les suivants.»
Avenir
Comme c’est souvent le cas après une défaite à la Coupe du monde, le sélectionneur de l’équipe perdante se fait demander de quoi son avenir sera fait.
Contrairement à Paulo Bento qui a annoncé son départ confusément après l’élimination de la République de Corée lundi soir, Luis Enrique n’est pas tombé dans le même panneau.
«Je ne sais pas, ce n’est pas le moment de parler de mon futur, ce n’est ni important ni pertinent.
«Je suis en fin de contrat, mais je suis en bons termes avec la fédération. Il faut réfléchir pour voir ce qui est bon, autant pour moi que pour la fédération.»