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Coupe du monde au Qatar: «C’est plutôt en amont que les gouvernements auraient dû agir»

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Andrea Lubeck

2022-11-17T11:00:00Z
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Nous avons posé trois questions à Yann Roche, professeur au Département de géographie de l’UQAM et spécialiste en géopolitique du sport, pour mieux comprendre les retombées de la Coupe du monde pour le Qatar et le rôle que devrait jouer le Canada face à tout ce qui s’y passe. 

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Quelles seront les retombées pour le Qatar comme pays hôte? 

Du point de vue politique, ça fait longtemps que le Qatar joue sur ce qu'on appelle le soft power. En gros, c’est cette sorte de diplomatie du sport servant à se positionner, politiquement, comme un État moderne et parmi les grandes puissances. Un peu comme l'ont fait la Chine avec les Jeux olympiques et la Russie avec le Mondial en 2018. Il s’agit de faire parler du pays en investissant et en organisant de grands événements sportifs. La Coupe du monde s’inscrit dans cette diplomatie et c’en est l’un des éléments marquants. 

Yann Roche, professeur au Département de géographie de l'UQAM et titulaire par intérim de la Chaire Raoul-Dandurand
Yann Roche, professeur au Département de géographie de l'UQAM et titulaire par intérim de la Chaire Raoul-Dandurand Photo: Sylvain Légaré, UQAM

On voit que le Qatar emploie cette stratégie depuis plusieurs années: il a acheté le club de foot du Paris Saint-Germain et y a injecté tellement d'argent que l'équipe peut se permettre de réunir trois des plus grands joueurs du monde.  

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En termes de retombées économiques, on parle officiellement de 6 milliards de dollars. Ce sont des chiffres qu’il faut prendre avec un grain de sel parce qu’on ne sait pas trop de quelle manière ils sont calculés.  

Le Canada participe au Mondial pour la première fois depuis 1986. De quelle manière l’équipe pourrait-elle protester contre ce qui se passe au Qatar? 

En ce qui concerne l’équipe canadienne, on ne peut pas demander aux joueurs de se faire les porte-paroles d’un mouvement de contestation. Ils ne nient pas qu’il y ait des problèmes au Qatar, mais ce n’est pas leur rôle de se positionner. 

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Or, c’est certain que lorsqu’il y a un événement sportif, il y a une dimension politique. On l’a vu aux Jeux de Beijing, il y a eu un boycott diplomatique durant la cérémonie d’ouverture. Mais si les gouvernements avaient voulu intervenir, ils auraient pu le faire. Ce n’est pas au moment du déroulement de la compétition, mais plutôt en amont qu’ils auraient dû agir. L’acceptation du Qatar comme pays hôte s’est faite en 2010; c'est là qu'il aurait fallu bouger. 

Compte tenu de la situation au Qatar, peut-on s’attendre à ce que moins de partisans suivent la Coupe du monde ? 

Plusieurs partisans ont annoncé qu’ils boycotteraient la Coupe du monde. On a aussi vu des villes, notamment en France, annoncer qu’elles ne diffuseraient pas les matchs sur écran géant, et même des médias français qui ont mentionné qu’ils ne couvriraient pas les événements. Si on se base là-dessus, c’est possible qu’il y ait une légère désaffection. 

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L’autre élément qui risque d'entrer en ligne de compte, c’est le fait que le tournoi se déroule au mois de novembre. Les gens n’y sont pas habitués; on ne sent pas la montée d'une certaine excitation. En novembre, les gens sont plutôt dans les partys de bureau. De plus, la finale va avoir lieu juste avant Noël, la saison du hockey est commencée et c’est aussi le moment des séries du football américain. 

À Montréal, il y a beaucoup de communautés très intéressées par le soccer. Mais cette année, l’Italie ne s’est pas qualifiée, on peut donc présumer que la Petite-Italie va être plus calme qu'elle ne l'est d'habitude durant le Mondial.  

C'est aussi la première fois que le Canada va participer à la Coupe du monde depuis 1986, avec en plus une bonne équipe. Si jamais elle performe bien durant le tournoi, l'engouement pourrait certainement augmenter en cours de route. 

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