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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Équipe Canada Junior: un coup du destin pour Louis Robitaille

L’entraîneur québécois a gravi un à un les échelons vers la formation nationale junior

Louis Robitaille au moment de parler à ses joueurs lors d’un entraînement d’Équipe Canada Junior à Calgary, il y a deux semaines.
Louis Robitaille au moment de parler à ses joueurs lors d’un entraînement d’Équipe Canada Junior à Calgary, il y a deux semaines. Photo Didier Debusschère
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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2021-12-23T02:54:32Z
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BANFF | Quand Louis Robitaille a pris son baluchon, laissant derrière lui sa famille à Drummondville et mis le cap sur Val-d’Or en pleine tempête le 16 novembre 2015, il a saisi sa deuxième chance dans son métier. Un coup du destin qui l’a mené jusqu’à la formation nationale. 

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Pour la première fois de sa vie, on lui avait montré la porte 24 heures plus tôt. Adjoint au réputé instructeur Martin Raymond derrière le banc des Voltigeurs de Drummondville à l’époque, les deux hommes de hockey avaient été limogés cavalièrement au retour de l’équipe à domicile en pleine nuit. 

Incapable de rester les bras croisés, Robitaille n’avait pas ruminé bien longtemps. Un appel a fait tourner le vent de sa carrière qui l’a aujourd’hui mené, six ans plus tard, au plus gros tournoi junior.

À Val-d’Or, l’expérimenté Mario Durocher cherchait un adjoint pour gérer les défenseurs. Il souhaitait embaucher un gars avec de la hargne, de la passion et un bagage diversifié, tant comme joueur que comme instructeur. « Sweet Lou » était donc le prototype recherché pour le restant de la saison 2015-2016.  

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« Sur la route jusqu’à Val-d’Or, j’étais accompagné de mon fils, Kayden, qui était en congé avec moi. En réfléchissant à la situation qui impliquait ma femme, mes enfants et toute ma famille, je me disais que j’avais peut-être été égoïste de partir en Abitibi si rapidement. Mais c’était moi. C’était insensé de laisser cette occasion sur la table. Je suis incapable de tourner en rond dans la maison, a-t-il raconté lors d’un long entretien avec Le Journal. Ma femme m’avait dit “go, vas-y”. J’étais parti. » 

Véritable passionné

Durocher l’avait donc accueilli à bras ouverts à Val-d’Or. Avec sa vaste expérience, il a continué à développer son instinct d’instructeur. 

« Louis est un passionné de hockey. Il n’est pas gêné. Il a fait ses classes. Je ne suis vraiment pas surpris de le voir avec Équipe Canada Junior, a-t-il témoigné lors d’une discussion avec Le Journal. Il a grimpé les échelons du programme national. Il n’a vraiment pas peur d’avancer. »

En regardant derrière, Robitaille estime qu’il avait pris la bonne décision et se dit très reconnaissant du support de sa famille et de ses proches.

« Auparavant, quand j’étais plus jeune, je ne vivais pas dans le moment présent. Je regardais toujours plus loin. Le congédiement à Drummond a remis les choses en perspective dans ma vie. J’ai réalisé que je suis chanceux d’avoir obtenu rapidement une seconde chance dans ce milieu. À ce moment, jamais je n’aurais osé penser que plus tard, je serais devenu entraîneur-chef à Victoriaville et ensuite à Gatineau. J’en suis très reconnaissant. »

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En effet, après cette aventure en Abitibi, il a dirigé les Tigres de l’automne 2016 à la fin de la saison 2019-2020. Il gère et mène maintenant les Olympiques dans leur nouveau domicile en Outaouais. 

Nombreux sacrifices

Durant son parcours, il s’est parallèlement impliqué à l’échelle nationale, notamment chez les moins de 17 ans et les moins de 18 ans. 

À l’été 2020, il avait reçu le mandat de mener le Canada à la médaille d’or au réputé tournoi international Hlinka-Gretzky. La damnée pandémie a empêché ce fait d’armes sur sa feuille de route. 

« J’avais reçu l’appel de Tom Renney (le chef de la direction de Hockey Canada) pour m’annoncer le poste à la fin de février 2020, à deux semaines du début de la pandémie, s’est souvenu Robitaille. C’était extraordinaire, car il y a deux événements internationaux où tu sais que tu diriges la meilleure formation de ton groupe d’âge : les Olympiques et le tournoi Hlinka-Gretzky. Ça me donnait des frissons, car je pensais à mes prédécesseurs, dont André Tourigny. 

« La direction a toutefois décidé d’annuler le tournoi quelques semaines plus tard », a-t-il enchaîné en ne cachant pas sa déception.

À la fin d’avril, Hockey Canada avait en effet annoncé l’annulation du tournoi devant avoir lieu à Edmonton et Red Deer, en août.

Signe du destin, l’été dernier, alors entraîneur-chef d’ÉCJ, André Tourigny lui a lâché un coup de fil pour l’ajouter à ses adjoints en prévision du Mondial Junior qui retournait à Edmonton. 

On connaît l’histoire. Tourigny a ensuite été engagé par les Coyotes de l’Arizona. Dave Cameron a pris le relais et il a confirmé les services de l’instructeur québécois qui vivait dans l’incertitude. 

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Dans son esprit, ce poste est la suite logique du parcours dans lequel il a fait efforts et sacrifices. Robitaille ne sera pas derrière le banc, mais plutôt dans les hauteurs du Rogers Place à scruter à la loupe les formations adverses tout en prenant soin d’adapter le jeu d’Équipe Canada à forces égales. 

Sur les traces de mentors

Des tâches que l’un de ses mentors, Martin Raymond, a accomplies avec brio lors de la conquête de l’or à l’édition 2015 du championnat disputé à Montréal et à Toronto. 

« Je me souviens de la sensation et de sa fierté quand il était revenu avec l’or en janvier. Il m’a transmis beaucoup de connaissances apprises dans le hockey, a indiqué Robitaille qui a d’ailleurs intégré l’importance de la préparation et du travail acharné à ses côtés.

« Je n’aime pas être devant l’inconnu et ça, c’est de sa faute», a-t-il ajouté avec un large sourire.

Mais en plus de Raymond, il a côtoyé les Mario Duhamel, Mario Durocher, André Tourigny et cie qui lui ont tous transmis une partie de leurs riches connaissances acquises entre autres dans le programme national. 

« Sans eux, je ne serais pas le même entraîneur. Je leur dois tout. Ils m’ont appris le temps, le travail, l’efficacité et l’écoute. J’ai grandi à chacune de mes expériences à leurs côtés. L’entraîneur adjoint d’autrefois est différent de l’instructeur actuel. J’ai beaucoup appris du hockey. Et j’apprends maintenant avec Dave Cameron qui implique tout le monde dans l’aventure 2022. »

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Fier de sa réussite, il pense aux instructeurs québécois qui l’ont précédé. 

« C’est un honneur et ça me rend d’autant plus fier quand je regarde ce qu’ils sont devenus. J’ai une belle opportunité.

« J’ai emprunté le chemin de “garnottes” pour me rendre ici, a précisé celui qui a amorcé sa carrière derrière un banc il y a 10 ans dans le circuit junior AAA du Québec. Ce n’est pas une passe gratuite. J’ai franchi les étapes en passant d’instructeur invité à entraîneur.

« C’est une marque de reconnaissance. J’espère que ça ne fait que commencer. »

Le destin déterminera la suite, surtout qu’au hockey, tout peut changer rapidement, surtout avec une corde additionnelle à son arc.

CMJ en chiffres à travers l’histoire  

Meilleur pointeur de tous les temps

Photo AFP
Photo AFP

Peter Forsberg – Suède   

  • (14 pj : 10 b – 32 a = 42 points)     

Meilleur trio dans l’histoire CMJ

Markus Naslund,
Peter Forsberg,
Niklas Sundstrom

Suède 1993   

  • (30 b, 39 a = 69 pts)     

Meilleur marqueur d’une édition

Photo AFP
Photo AFP

Markus Naslund  

  • 13 buts (1993)     

Meilleur pointeur du Canada dans l’histoire

Photo d'archives
Photo d'archives

Eric Lindros   

  • avec 31 points (1990 à 1992)     

Meilleur pointeur du Canada dans une édition du CMJ

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

Brayden Schenn   

  • (2011) 18 points      

Plus de buts en supériorité numérique en un match par ÉCJ

8 contre le Kazakhstan le 28 décembre 2008 

Plus longue séquence gagnante d’ÉCJ

20 matchs   

  • (25 décembre 2004 au 27 décembre 2007)     

Fiche de Dave Cameron à la barre d’ÉCJ

5 victoires
2 défaites 

(2011)

Médaille d’argent  

Fiche de Dave Cameron à la barre d’ÉCJ

5 victoires
2 défaites 

(2011)

Médaille d’argent 

5 médailles d’or en sol canadien  

Année  Pos. Champion 2e position Lieu 
2021 2e États-Unis Canada Edmonton 
2019 6e Finlande États-Unis Vancouver
2017 2e États-Unis Canada Montréal/Toronto
2015 1er Canada Russie Montréal/Toronto
2012 3e Suède Russie Calgary/Edmonton
2010 2e États-Unis Canada Saskatoon/Regina
2009 1er Canada Suède  Ottawa
2006 1er Canada Russie  Vancouver/Kamloops/Kelowna
2003 2e Russie Canada Halifax/Sydney
1999 2e Russie Canada Winnipeg
1995 1er Canada Russie  Red Deer
1991 1er Canada URSS Saskatoon
1986 2e URSS Canada Hamilton
1978 3e URSS Suède Montréal

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