«Convoi de la liberté»: les camionneurs ne sont pas prêts de partir d’Ottawa
Des citoyens à bout de nerfs organisent une contre-manifestation ce week-end
Roxane Trudel et Anne Caroline Desplanques
OTTAWA | De plus en plus de confrontations entre des manifestants et des citoyens d’Ottawa font grimper la tension au centre-ville, ce qui pourrait culminer avec une riposte prévue en fin de semaine.
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« Je vis juste ici et j’en ai assez. Je dois respirer de la fumée toute la journée et il y a des gens qui conduisent sur le foutu trottoir. Retournez chez vous ! [...] Les camions d’urgence n’ont même pas accès, c’est dangereux ! », s’est écrié un individu complètement à bout, qui venait tout juste de s’interposer devant un pick-up. La scène a été filmée par TVA Nouvelles, jeudi.
Après une septième journée de siège dans la capitale nationale, la grogne des citoyens se fait sentir, surtout dans les secteurs résidentiels.
« Sortez de ma putain de ville ! Va te faire foutre. Quelle putain de liberté as-tu perdue ? [...] Moi, j’ai perdu la tête parce que je n’ai pas dormi depuis cinq jours ! Il faut que ça s’arrête ! », a clamé un Ottavien hors de lui, dans une vidéo sur Twitter rapidement devenue virale.
Cette tangente inquiète des conseillers municipaux, qui implorent la police d’agir.
« Les gens de cette ville sont très en colère. Si nous ne voyons pas de réels changements tangibles dans notre approche, je crains qu’ils commencent à prendre les choses en main. C’est encore plus dangereux », a indiqué mercredi Matthew Luloff, conseiller municipal d’Orléans, en banlieue est.
Expulser les camionneurs
L’impatience s’amplifie de jour en jour, si bien qu’une contre-manifestation « pacifique » s’organise dès samedi près de l’hôtel de ville pour presser les autorités à intervenir.
« Nous appelons la Ville à faire son travail et à expulser ces occupants », mentionne une organisatrice dans une publication sur Reddit.
« Les gens ont peur, nos travailleurs du centre-ville ont peur d’aller travailler, la police a peur d’agir, la Ville m’a refusé un permis officiel de manifestation en invoquant des préoccupations COVID. Je n’ai pas peur. »
D’autres mouvements citoyens pourraient également survenir vendredi.
Malgré cela, les organisateurs du convoi ont réitéré jeudi qu’ils ne bougeront pas d’un poil tant que le gouvernement n’abolira pas « toutes les restrictions ».
Ils ont par ailleurs poursuivi leur sédentarisation près de la colline en construisant une structure en bois à quelques rues du parlement, pour distribuer des vivres.
« Là pour un bon bout »
Sur place, un manifestant a indiqué au Journal qu’ils prévoient construire treize tipis pouvant accueillir une trentaine de personnes, dans les prochains jours.
« On est là pour un bon bout », a-t-il mentionné en souriant à pleines dents.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique Marco Mandecino a indiqué jeudi soir que la Gendarmerie royale du Canada enverra des effectifs supplémentaires pour prêter main-forte à la police ottavienne, estimant que le convoi cause des « perturbations [...] y compris du vandalisme, du harcèlement, des expressions de haine et de violence et l’obstruction continue de nombreux services essentiels ».
–Avec l’Agence QMI