Pour le troisième samedi de suite, des manifestants protestent dans plusieurs villes du pays tandis que d’autres se font déloger par la police.

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Le mouvement de camionneurs protestant contre la vaccination obligatoire pour les routiers qui traversent la frontière canado-américaine a radicalement évolué en trois semaines.

Un peu partout à travers le pays, les manifestants s’insurgent contre les mesures sanitaires, la vaccination, et les décisions du gouvernement.

Samedi matin, la police avait entamé l’expulsion des protestataires du pont Ambassador.

Plusieurs automobilistes ont quitté les lieux et quelques irréductibles, pour la plupart des piétons, sont restés sur place dans la journée.

La veille, une injonction pour expulser les manifestants qui bloquent depuis plusieurs jours la circulation de ce poste frontalier reliant la ville de Detroit aux États-Unis à Windsor, en Ontario, a été accordée à la suite d’une audience de la Cour supérieure de justice de l’Ontario.

Près de 2600 contraventions à Ottawa

À Ottawa, les manifestants n’en démordent pas. La ville est assiégée depuis trois semaines et pas moins de 4 000 manifestants et 1 000 camions étaient sur place comme la fin de semaine précédente.

«Au cours de la nuit, les manifestants se comportèrent agressivement à l’endroit des forces policières, notamment en refusant d’obtempérer, en débordant les agents, et en sabotant généralement les démarches d’application de la loi», a souligné la police d’Ottawa dans un communiqué, samedi, rappelant que tous les agents disponibles ont été déployés vendredi soir.

En date de samedi, 26 arrestations avaient été effectuées et plus de 2600 contraventions ont été délivrées.

Un véhicule volé a par ailleurs été intercepté par les autorités et qui était destiné à rejoindre le convoi. «Il s’agit là du deuxième véhicule volé récupéré dans le cadre de l’occupation», a-t-il été précisé.

Près de 140 enquêtes criminelles sont également en cours pour des infractions liées à la manifestation dans la capitale fédérale. Des agents ont été déployés dans des écoles du centre-ville après des plaintes concernant des manifestants qui auraient harcelé des enfants.

La mise en place d’un Centre de commandement intégré amélioré a été annoncée samedi par la police d’Ottawa afin de répondre à l’afflux de manifestants, une initiative gérée en collaboration avec la Police provinciale de l’Ontario et la Gendarmerie royale du Canada (GRC).En soirée, les autorités ont avancé qu’un convoi de 300 véhicules de près de 20 kilomètres de long provenant du Québec avait «été géré en toute sécurité».

«Nous allons avancer aussi vite que possible pour dégager le pont Ambassador et permettre aux gens de retrouver une vie normale dans la Ville d’Ottawa», a réitéré de son côté le premier ministre ontarien, Doug Ford, samedi sur Twitter.

Des manifestants ont aussi été vus en début d’après-midi en train de démanteler une clôture qui avait été installée autour du Monument commémoratif de guerre du Canada, mise en place pour le protéger de toute profanation.

«Totalement inacceptable. [...] Ce comportement est décevant et j’appelle les manifestants à respecter nos monuments», a réagi sur Twitter le ministre des Anciens Combattants du Canada, Lawrence MacAulay.

Des manifestants encore présents à Toronto et Emerson

De son côté, la police de Toronto s’est préparée à l’arrivée des manifestants en fermant plusieurs routes. Cette décision est intervenue alors que le premier ministre Doug Ford a déclaré l’état d’urgence dans la province vendredi.

«Pour des raisons de sécurité publique, les manifestants ne seront pas autorisés à transporter des bidons de carburant dans le centre-ville», a souligné la police sur son compte Twitter.

Les travailleurs de la santé qui avaient organisé une contre-manifestation samedi dans la ville ont finalement annulé leur événement.

«Les activités de protestation dans notre ville aujourd’hui ont été, de l’avis général, pacifiques et respectueuses. J’en suis très reconnaissant», a affirmé en soirée sur Twitter le maire de la Ville, John Tory.

Dans la province voisine du Manitoba, une cinquantaine de véhicules étaient encore présents près du poste frontalier d’Emerson, selon la GRC du Manitoba

«Des véhicules d’urgence, y compris les véhicules de police et certains véhicules agricoles, ont pu passer, sinon, la circulation dans le secteur est complètement bloquée», a-t-il été mentionné, les autorités ajoutant qu’aucune contravention ou arrestation n’a été signalée.

De nouvelles villes touchées par les manifestations

Du côté de Montréal, pas de camion, mais deux manifestations avaient lieu aux abords du parc Jarry dans la matinée. L’une contre les mesures sanitaires, comptait dans ses rangs le chef du Parti populaire, Maxime Bernier. L’autre s’opposant à la première.

Des manifestants ont ensuite pris la route en direction de Saint-Philippe, en Montérégie, où un convoi a pris la direction d’Ottawa.

Un groupe de tracteurs agricoles et d’autres véhicules ralentirait l’accès à la ville de Cornwall en Ontario, selon «Ottawa Citizen». Le convoi bloquerait certaines rues et la police de Cornwall a émis une alerte concernant des perturbations du trafic. La ville dispose d’une position stratégique puisqu’elle relie l’Ontario à l’État de New York.

Le Nouveau-Brunswick n’a pas été épargné par ce mouvement. Samedi matin, plus d’une centaine de personnes se mobilisaient à Fredericton. Plusieurs routes ont été fermées et des barrages ont été mis en place par la police pour empêcher l’arrivée de camions en ville.

En soirée, la police de la capitale néobrunswickoise a confirmé que près de 700 personnes ont participé à la manifestation ainsi que 300 véhicules.

Deux hommes ont été arrêtés et au moins trois contraventions en vertu de la «Loi sur les mesures d’urgence» ont été remises. Une amende a également été donnée pour avoir tiré des feux d’artifice, alors qu’un véhicule a été saisi.

En Nouvelle-Écosse, environ 300 manifestants ont décidé de se réunir à Halifax, selon la police locale. «Plusieurs centaines de véhicules ont commencé à arriver dans le centre-ville d’Halifax, après avoir voyagé depuis toute la Nouvelle-Écosse, dès cet après-midi», a indiqué la police d’Halifax en soirée sur Twitter.

Du côté de l’Ontario, des membres du «convoi de la liberté» se sont rendus à proximité du pont de la Paix, qui relie les villes de Niagara et de Buffalo, dans l’État de New York. Des voies de l’autoroute ont notamment dû être fermées, a déclaré la police de Niagara à Global News.

L’entrée à Coutts temporairement suspendue

L’entrée au poste frontalier de Coutts, en Alberta, a été temporairement suspendue par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), samedi après-midi, alors que la manifestation du «convoi de la liberté» persiste pour un 15e jour.