Convoi de camionneurs: une mobilisation qui divise
Kate Tremblay
Des camionneurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean envisagent de se rallier au convoi de la liberté prévu cette fin de semaine à Ottawa.
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Mario Boulay l'aurait fait lui aussi, s'il n'avait pas choisi de prioriser son travail.
Ce n'est que tout récemment que ce camionneur a accepté de se faire vacciner contre la COVID-19.
«C'est vraiment à contrecœur que je l'ai fait, a admis celui qui assure qu'il n'est pas antivaccin. Si je n'avais pas été mis au pied du mur et que j'avais su avant de me faire vacciner que ce mouvement-là arrivait, je me serais rallié. Je vais être honnête, les finances font en sorte que je dois continuer à travailler.»
- Écoutez l'entrevue du président de Truck Stop Québec, Benoit Therrien, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Il doit d'ailleurs quitter le Saguenay en direction de la Floride vendredi pour le travail, alors que des manifestations s'organisent au pays.
«Tout est déjà planifié, mais si j'arrive quelque part et que c'est bloqué, je vais me stationner et je vais être solidaire», a-t-il soutenu.
Le camionneur déplore toutefois que des personnes utilisent cette cause pour revendiquer autre chose.
«C'est parti avec une mention noble ce mouvement-là, mais je commence à craindre un peu à cause de l'ampleur que ça prend, affirme M. Boulay. Les gens commencent à voir plus les camionneurs comme un groupe de sauveurs qui vont faire tomber toutes les mesures sanitaires, mais il ne faut pas oublier qu'à la base, ils se sont levés pour dénoncer la vaccination obligatoire aux frontières et je les supporte là-dedans. Au début de la pandémie, j'ai calé facilement 80 000$. C'est dur de se relever de ça et le gouvernement en ajoute encore.»
Pour sa part, l'entreprise Transport St-Michel, qui possède une flotte d'une cinquantaine de camions à Saguenay, n'adhère pas à ce mouvement de contestation.
«Je n'ai aucun chauffeur qui en fait la promotion ou qui m'a dit vouloir y participer», a précisé le responsable des ressources humaines, Jean-Pierre Houle.
Il doute même de la pertinence d'en faire autant.
L'industrie affronte d'autres problèmes plus importants que la vaccination obligatoire aux frontières, selon lui.
«Les haltes routières sont désuètes, a-t-il donné en exemple. Les gars roulent des heures de jour et de nuit sans même avoir d'endroit pour s'arrêter. Sans compter qu'avec cette pandémie-là, ils ne peuvent même plus avoir un café le matin parce que les restaurants sont fermés.»
Il espère que cette mobilisation qui divise l'industrie du camionnage permettra au moins aux camionneurs d'être reconnus à leur juste valeur.
Convoi autour du lac Saint-Jean
Un convoi s'organise samedi autour du lac Saint-Jean pour ceux qui appuient les camionneurs dans leur lutte, mais qui ne peuvent pas se rendre jusqu'à Ottawa.
Le départ, prévu à midi, s'effectuera de la route de l'Aéroport et du Carrefour Jeannois de Roberval.