Contre Trump: faire comme l’Europe avec la Chine


Normand Lester
Les folies tarifaires de Trump ont mené l’Union européenne à engager des pourparlers avec la Chine sur la possibilité de supprimer les droits de douane européens sur les voitures électriques chinoises, taux pouvant aller jusqu’à 35,3% en plus de la taxe de 10% déjà appliquée. On envisage de les remplacer par un prix minimum.
Le Canada a imposé des droits de douane de 100% sur les voitures électriques chinoises. Il faut revoir ça complètement. Fin mars, Le Journal rapportait que de nombreux Québécois étaient prêts à s’acheter une voiture électrique chinoise BYD, plus abordable.
Les Européens voudraient aussi que la Chine incite ses constructeurs automobiles à investir en Europe, non pas simplement en assemblant des voitures, mais en créant des sites industriels entiers et en s’approvisionnant de pièces auprès de fournisseurs européens. Un tournant stratégique dans la politique commerciale de l’UE envers la Chine. On devrait faire ça ici.
Relations Chine-Québec
C’est ce que suggère François Legault: «On n’était pas des grands fans de la Chine, mais maintenant que l’on est menacé de se faire bloquer le marché américain, il ne faut rien exclure», a-t-il déclaré au Journal jeudi. Ça n’a pas pris de temps au consul général chinois à Montréal, de dire à François Legault qu’il était le bienvenu en Chine.
Les relations s’étaient considérablement refroidies au cours des dernières années avec le deuxième partenaire commercial du Québec. La délégation du Québec en Chine avait fermé ses portes. Québec accusait Pékin de concurrence déloyale, de non-respect des brevets, et de manipuler le taux de change. Maintenant que la principale menace à notre économie vient des États-Unis, il faut renouer avec la Chine tout en restant très vigilant. Le parti communiste chinois a la mauvaise habitude de s’ingérer dans les affaires politiques des autres.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
On a beaucoup à offrir aux Chinois dans la filière électrique. Northvolt est toujours à la recherche d’investisseurs pour relancer sa filiale québécoise. Des fabricants de batteries chinois pourraient s’intéresser à l’acquisition de l’usine Northvolt en Montérégie. Ils investissent déjà dans la construction d’usines de batteries en Europe. L’entreprise chinoise CATL, le premier fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques a conquis plus d’un tiers du marché. Elle a annoncé la création d’une coentreprise avec le constructeur automobile Stellantis pour la construction d’une usine de batteries en Europe.
Se préparer pour le long terme
Toujours dans la filière électrique, Hydro-Québec collabore déjà avec des entreprises chinoises dans le domaine de l’énergie renouvelable. La Chine est un acteur majeur dans la production de panneaux solaires. Hydro-Québec et le gouvernement du Québec pourraient proposer à des entreprises chinoises d’en construire ici et de développer d’autres projets et collaborations avec eux.
Le retour à la stabilité économique et politique de la planète n’est pas pour demain. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a publié un clip du président Mao pendant la guerre de Corée où il déclarait à l’adresse des États-Unis que «peu importe la durée de cette guerre, nous ne céderons jamais».