Contrairement à l’Ontario, la CAQ continue de prioriser les routes plutôt que le transport collectif
Camille Dauphinais-Pelletier
Les grands projets de transport en commun qui avaient déjà été annoncés, comme le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal ou encore le tramway de Québec, verront le jour comme prévu. Mais le budget présenté mardi par le gouvernement semble loin de représenter le changement de cap nécessaire pour faire diminuer le recours à l’auto solo et atteindre nos objectifs environnementaux.
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«On se trouve en pleine stagnation, au sens où le ratio des investissements en transport [sur 10 ans] demeure le même: 70% vont au réseau routier contre 30% pour le transport collectif, alors qu’il y avait un engagement de rééquilibrer ces investissements-là. Cette stagnation, on la juge inacceptable», affirme Samuel Pagé-Plouffe, de l’Alliance TRANSIT, qui regroupe une soixantaine d’organisations.
Le budget ne laisse donc pas entrevoir de nouveaux projets de transport collectif majeurs, au-delà de ceux qui avaient déjà été lancés avant l’arrivée au pouvoir de la CAQ. Rappelons
qu’au Québec, le secteur des transports est la source la plus importante d’émissions de GES.
«On n’est pas dans un mode de développement massif du transport en commun comme c’est le cas en Ontario», déplore Samuel Pagé-Plouffe.
Dans la province voisine, le gouvernement a choisi d’investir dans les 10 prochaines années 61,6 G$ dans le transport en commun, plus du double du montant prévu pour le réseau routier durant la même période.
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Fin de l'aide aux bus interurbains
Pour revenir au Québec, du côté du transport interurbain, pas de changement de cap du gouvernement, au contraire. La CAQ a décidé de complètement cesser son aide financière aux compagnies de transport par autocar qui relient les villes entre elles, après trois ans de soutien pendant la pandémie. Les transporteurs aériens régionaux, eux, continueront de recevoir de l’aide du gouvernement – 10 M$ sont prévus à cet effet pour l’année 2023-2024.
«C’est un drôle de message de financer des billets d’avion dans un contexte de changements climatiques, mais de ne rien faire pour le transport interurbain, qui enlève souvent des déplacements automobiles sur de longs trajets, en plus d’aider le monde d’un point de vue social», remarque Samuel Pagé-Plouffe.
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Maintien des services
Pour ce qui concerne l’année en cours, on retrouve quand même dans le budget 400 M$ pour aider les sociétés de transport collectif à maintenir leurs services, malgré la baisse d’achalandage observée depuis le début de la pandémie.
«La normalisation du télétravail a eu pour effet de diminuer le niveau d’achalandage des réseaux de transport collectif. Les habitudes de déplacements de plusieurs travailleurs ont été modifiées. Cette situation ainsi que l’augmentation générale des frais d’exploitation ont fragilisé la condition financière des sociétés de transport collectif, dont les revenus tarifaires ont fortement diminué», peut-on lire dans le Plan budgétaire.
«On sent que le gouvernement a bien mesuré qu’il y avait un défi important, urgent, et somme toute il a répondu. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas d’inquiétudes, mais c’est somme toute quand même pas négligeable», affirme Samuel Pagé-Plouffe.
Et grâce aux projets en cours, comme le prolongement de la ligne bleue de Saint-Michel jusqu’à Anjou et le développement du Réseau express métropolitain (REM), on peut quand même dire que la desserte va augmenter de façon significative dans les prochaines années dans le Grand Montréal.
«De ce côté-là, on peut se dire que les choses avancent rondement, le gouvernement a pris ses responsabilités», affirme Samuel Pagé-Plouffe, faisant particulièrement référence à la ligne bleue.
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