Culture

Considérant son passé, Ingrid Falaise explique pourquoi elle a accepté de jouer un rôle si violent dans Indéfendable

Michèle Lemieux

2024-01-03T11:00:00Z

En octobre dernier, Ingrid Falaise célébrait 10 ans d’amour avec Cédrik Reinhardt. Avec ses trois enfants, le couple relève différents défis au quotidien, mais il se sent privilégié malgré tout. Cette année, Ingrid a travaillé sans relâche, et c’est avec joie qu’elle a effectué son retour au petit écran dans Indéfendable.

Ingrid, vous avez récemment fait une entrée remarquée dans Indéfendable, une série des plus regardées.
Oui, il y a plus de 1 200 000 téléspectateurs au rendez-vous, ce qui est plutôt rare! C’est un vrai privilège de pouvoir entrer dans le salon des gens chaque jour.

Quelles sont les motivations de Myriam, que vous incarnez?
Lentement mais sûrement, on comprend le contexte dans lequel la famille évolue. On parle d’un milieu sectaire et de violence envers les enfants. Myriam est endoctrinée par son conjoint pasteur, Martial. Elle est convaincue que c’est ainsi qu’il faut élever les enfants. Elle croit aux enseignements de Dieu. Avec l'intervention de la DPJQ, elle devra se remettre en question, revoir son système de valeurs et rebâtir ses croyances.

Comment les gens réagissent-ils face à votre rôle?
Je reçois plein de commentaires du public, qui se demande comment Ingrid, qui est si joyeuse, douce, aimante envers les enfants engagée contre la violence conjugale, peut incarner un personnage complètement à l’opposé de ce qu’elle est. Pouvoir dénoncer la violence à travers un rôle, c’est intéressant... mais j’espère que le public fait la différence entre le jeu et nos personnalités, à Benoît (Brière, qui joue Martial) et moi! Lui aussi est loin de son personnage. C’est un super beau défi! Travailler avec Benoît Brière, ça fait aussi partie du cadeau! C’est une icône! Jouer une mère de cinq enfants qui est accusée de maltraitance envers eux... Moi qui suis mère et qui suis contre la violence faite aux femmes et aux enfants, on imagine ce que cela me fait vivre! C'est loin de moi, mais je peux comprendre, la dynamique, la douleur, les rapports de pouvoir.

Ce rôle vous permet de renouer avec l’actrice en vous.
On m’a vue dans Mémoires vives, puis j’ai joué dans Une autre histoire en 2021, mais pas un personnage qu’on peut suivre pendant de nombreuses semaines. J’ai été l’initiatrice de mes propres projets. Je me définis plus comme une porteuse de quêtes qu’autre chose. Le jeu, ça vient d’un endroit qui est magique pour moi. J’ai toujours voulu être actrice. C’est mon premier métier. Je passe des auditions depuis l’âge de 11 ans. On m’a vue, entre autres, dans Virginie durant des années. Après la publication de mes livres (Le Monstre), on m’a un peu oubliée en tant qu’actrice. Quand la productrice Izabel Chevrier m’a offert le rôle, ç’a été un gros cadeau, un baume de douceur. J’ai appris à ne pas avoir d’attentes, mais ça serait un grand bonheur de pouvoir continuer à jouer.

Vous avez vécu un gros été sur le plan professionnel, semble-t-il?
Oui, j’étais à la radio, je tournais ma série documentaire Adapté et parfois Indéfendable, et je préparais la saison 3 de Femme, je te tue. Avec Adapté, je fais le portrait de familles qui ont un enfant différent ou un adulte tétraplégique et qui renouent avec le sport.

C’est inspiré de votre propre histoire avec votre beau-fils?
Oui, Maël est déficient intellectuel et autiste. Nous avions mis le ski alpin de côté parce que nous ne savions pas comment faire et nous ne voulions pas le laisser sur le banc. J’ai finalement trouvé une luge adaptée et nous avons pu skier. Nous en ferons tout l’hiver en famille. Ça a changé notre vie! Il dévale les pentes à sa façon. J’ai choisi de créer cette série pour toutes les familles qui ont décidé de mettre le sport de côté. Nous avons aussi fait des balados. Quant à la nouvelle saison de Femme, je te tue, des enfants devenus grands nous racontent l'impact incroyable que la violence conjugale a dans leur vie. Il est aussi question de huit féminicides et d'une survivante d'immolation.

Avec le temps des fêtes, qu’avez-vous au programme?
J'ai réalisé que j'avais eu à peine quatre jours de congé consécutifs cette année. Je compte donc faire une pause pendant les fêtes. Nous allons faire du ski, nous irons au chalet en famille. C'est mon moment préféré de l'année. Je tripe sur Noël. Nous allons voir la famille, faire du sport, partir en randonnée. Il faut prendre le temps de s'arrêter. On a toujours notre cellulaire à la maison. Au chalet, il n'y a pas beaucoup de réseau, alors c'est génial! Juste prendre le temps de jouer avec les enfants, de lire un livre, ça fait du bien. Il faut profiter de l'instant présent.

Vous avez une vie très occupée, mais vos enfants aussi, je présume?
Oui, le plus vieux de mon chum, Maël, va dans une école spécialisée. Ça va super bien! Il a 16 ans, c'est un grand garçon. C'est fou comme ça va vite! Le deuxième fils de Cédrik, Ilan, va aussi super bien. Il étudie en théâtre au secondaire. Émil, lui, a fait son entrée à la maternelle. Il a six ans. Il est en précompétition en ski. Il joue au basketball, au soccer, au hockey, il fait du patin à roues alignées. Il adore le sport! Il est aussi créatif. Il danse, il écrit des chansons avec son frère. Nous avons vraiment une belle famille. Émil est un super sportif. J'ai bien hâte de voir comment ça va se passer pour lui en précompétition de ski...

C’est lui qui en avait envie?
Oui, nous l'avons inscrit à sa demande. À six ans, il est déjà très, très bon. Il a commencé dans ce sport à deux ans. Nous lui avons donné cette chance, comme mes parents m'ont donné cette chance lorsque j'étais enfant. Nous transmettons nos passions à nos enfants. Évidemment, si Émil voulait faire autre chose, je l'accompagnerais dans la discipline de son choix. Il sera aussi acteur. Il veut faire des photos de casting et entrer dans une agence. Il m'a demandé de faire comme les enfants avec lesquels je joue à la télé.

Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?
Très bien. Si c'est son choix, je vais l'accompagner, comme mes parents l'ont fait pour moi. J'ai des réticences, parce que ce sont des longues journées de travail, mais si c'est ce qu'il veut, je vais le soutenir. Ça vient de lui, je n'ai jamais rien imposé. Il est déjà super créatif; il joue constamment à des jeux de rôles et fait des vidéos YouTube. Pour savoir s'il aime jouer, il doit l'essayer. S'il n'a pas l'occasion d'explorer, il ne saura jamais. Depuis qu'il est né, Émil a toujours tout capté rapidement. Je l'accompagner à chacun de ses pas. Nous l'avons toujours dit: Émil est plus mature que son âge. Il aime être avec les plus vieux. Le fait d'avoir des grands frères a changé beaucoup de choses pour lui.

Avoir un frère différent le rend-il plus altruiste?
Oui. Récemment, nous avions un événement avec un jeune qui souffre de dyslexie sévère. Il a énormément de difficulté à communiquer. Émil est allé le voir d'emblée et ils ont passé la soirée ensemble. Il m'a dit qu'il le comprenait très bien et qu'il avait un beau vocabulaire. La différence ne fait pas peur à Émil. Elle est normalisée grâce à Maël. Je me fais un devoir d'élever nos enfants dans l'égalité, dans l'équité. Nous prêchons par l'exemple, Cédrik et moi. Ils grandissent avec ces valeurs. C'est comme ça qu'on va changer le monde et éradiquer la violence.

Depuis combien de temps êtes-vous ensemble, Cédrik et toi?
Nous avons célébré notre 10e anniversaire en octobre dernier. Dix ans de bonheur, de défis, de réussites. Nous nous émerveillons l'un l'autre. Nous nous élevons constamment. Nous nous respectons énormément. Cédrik, c'est mon château fort, mon pillier, ma sécurité. Je crois que je le suis aussi pour lui. Nous nous choisissons encore...

On retrouvera Ingrid Falaise dans Indéfendable du lundi au jeudi 19 h, dès le 8 janvier, à TVA.
Adapté est disponible sur Ami-télé.
La troisième saison de Femme, je te tue sera mise en ondes le 9 janvier à 22 h, à Investigation.
Ingrid est aussi chroniqueuse à Salut Bonjour à TVA et conférencière.
On s’informe au soniagagnon.com.
On la suit sur les réseaux sociaux.