Congédiement de John Tortorella: une mauvaise journée au bureau pour Daniel Brière

PHILADELPHIE | Le métier de directeur général semble enivrant. On repêche des espoirs, on échange des joueurs, on fait l’acquisition d’atouts qui, on l’espère, nous permettront de gagner la coupe Stanley.

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Mais il y a un envers à cette médaille: celui de montrer la porte à son entraîneur-chef quand on sent qu’il n’est plus l’homme de la situation.

«C’est une mauvaise journée. Le matin a été difficile», a admis Daniel Brière, quelques heures après avoir congédié John Tortorella.

«J’espère que ce n’est pas une chose à laquelle je vais m’habituer. Ce n’est pas plaisant à faire. Surtout quand c’est quelqu’un que tu respectes», a-t-il ajouté.

Ce n’est assurément rien d’amusant, mais ça devient un mal nécessaire lorsqu’on considère, comme l’a mentionné le Gatinois, que l’équipe «a besoin d’une nouvelle voix».

Habituellement, lorsque le directeur général utilise cette expression, il laisse sous-entendre que le message de son entraîneur ne passait plus, qu’il avait perdu son vestiaire. Était-ce le cas chez les Flyers?

Michkov en sortira grandi

Brière ne l’a pas exposé de cette façon. Mais à plusieurs occasions au cours de son point de presse, tant dans sa version anglophone que dans sa version francophone, il a mentionné que Tortorella était un entraîneur «compliqué».

«C’est un homme passionné. Il met ses joueurs au défi, il est dur avec eux, il les pousse jusqu’au bout. Certains sont capables de le prendre, alors que d’autres ne le sont pas», a-t-il expliqué.

Selon Brière, Matvei Michkov, que Tortorella a cloué au banc et envoyé sur la passerelle à quelques occasions, fait partie du premier groupe. Il soutient que l’attaquant recrue sortira grandi de son expérience de quelques mois sous les ordres de l’exigeant pilote.

«Matvei est l’un des joueurs les plus compétitifs que j’ai rencontrés. Ça allait bien avec le style dur et passionné de John, a décrit Brière. J’ai été impressionné par la façon dont il a répondu. Chaque fois, il a voulu prouver à “Torts” de quel bois il se chauffait. Son niveau de compétition montait alors au plafond.»

Il n’y a pas qu’avec son personnel en patins que Tortorella était compliqué. Il l’était également avec ses employeurs. Brière a raconté qu’il avait lui-même eu ses différends avec celui qu’il avait sous ses ordres.

«On avait des divergences d’opinions sur certains sujets. Ce n’était pas un béni-oui-oui, a avancé Brière. Mais, ça a fait de moi un meilleur directeur général. Ça a été fantastique de travailler avec lui.»

Tortorella a ouvert la porte

Se pourrait-il que la reconstruction dans laquelle les Flyers sont impliqués n’avançât pas au goût de Tortorella? Ce qui ferait partie de ces divergences. Possiblement. Surtout après avoir frappé à la porte des séries l’an dernier, même si ce n’était pas dans les plans.

D’ailleurs, Brière a reconnu que c’était l’une des raisons pour lesquelles il avait décidé de couper les ponts avec Tortorella. Une des raisons, mais pas l’unique raison.

«Perdre avec régularité devenait difficile à prendre pour lui. Dernièrement, ça l’a frappé beaucoup, a indiqué Brière. Chaque match qu’on perdait l’éloignait d’une place en séries.»

Ce qui a fini par pousser le bouillant entraîneur à déclarer, mardi soir, qu’il ne souhaitait pas «apprendre à diriger une équipe dans le cadre de ce genre de saison».

Une affirmation qui ressemblait, ni plus ni moins, à une façon de dire à son patron: «SVP, sacre-moi dehors.»

«Il faudrait le lui demander. Mais, moi, ce n’est pas comme ça que je voulais le vivre», a déclaré Brière à propos de cette hypothèse, sans toutefois la réfuter.