Conflit israélo-palestinien: les élus incapables de s'entendre sur la façon de demander la paix
Gabriel Côté
Les élus de l’Assemblée nationale ont échoué à s’entendre sur la bonne manière de demander une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien.
Mercredi, les partis d’opposition souhaitaient adopter une motion proposée par Québec solidaire qui exigeait un «cessez-le-feu immédiat par toutes les parties dans le conflit en Israël et en Palestine».
Le texte demandait également à l’Assemblée nationale d’appeler «à nouveau au respect du droit international par toutes les parties».
Or, la CAQ n’était pas pleinement à l’aise avec le libellé de la motion, jugeant qu’un «cessez-le-feu» est une solution trop temporaire qui ne résout pas le problème à la racine. Ils auraient donc préféré que le texte parle d’une «résolution pacifique et durable du conflit».
Mais ce changement aurait «dénaturé la motion», selon Québec solidaire, qui a donc refusé de modifier sa proposition en ce sens. En conséquence, la CAQ n’y a pas donné son consentement en chambre, et la motion n’a pas pu être adoptée.
- Le conflit donne lieu à des scènes disgracieuses en France, comme l'explique Christian Rioux au micro de Sophie Durocher, via QUB radio :
Ghazal outrée
«Je suis extrêmement choquée, troublée que la CAQ ait refusé la motion», a réagi la députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal, qui estime que la CAQ a ainsi rompu avec la «tradition pacifiste du Québec».
Que ce «soit le seul parti qui n'entende pas cet appel pacifique du peuple québécois, moi, je trouve ça extrêmement, extrêmement, heurtant. Ça me heurte au plus profond», a-t-elle ajouté avec un tremolo dans la voix.
Mme Ghazal a ensuite expliqué qu’elle a été obligée de se désabonner de comptes de journalistes qui sont à Gaza, en raison des atrocités qui s’y trouvent. «Je me réveillais le matin, puis ce que je voyais, c’est des bébés morts. Il y a 10 000 morts d'un côté et de l'autre, des Israéliens puis des Palestiniens, dont 3 000 enfants qui n'ont rien demandé puis qui sont morts», a-t-elle lancé.
Échos de la communauté juive
L’événement a suscité des réactions mitigées dans la communauté juive. D’un côté, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) est d’avis que la CAQ a bien fait de ne pas donner son aval à la motion de Québec solidaire.
«Un cessez-le-feu aujourd’hui permettrait au Hamas de se regrouper et de redoubler d’efforts pour infliger davantage de souffrances aux Israéliens et aux Palestiniens innocents», peut-on lire dans une publication du CIJA sur X (anciennement Twitter). «Un cessez-le-feu aide le Hamas. Il nuit à la paix».
Mais une autre association, Voix Juives Indépendantes, croit que les caquites auraient plutôt dû se ranger derrière la motion. «La CAQ a raison de dire qu’il faut aller plus loin qu’un cessez-le-feu et trouver une solution durable», a concédé un porte parole, Niall Clapham-Ricardo, avant de faire valoir qu’un cessez-le-feu est nécessaire vu l’urgence de la situation.