Conflit Israël-Hamas: le Canada réclame un cessez-le-feu
Raphaël Pirro
Le Canada a appuyé une motion en faveur d’un cessez-le-feu «immédiat» lors d’un vote mardi à l’Assemblée générale de l’ONU, une première depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas ayant fait environ 20 000 morts en un peu plus de deux mois.
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Le texte de la motion demandait un cessez-le-feu «immédiat», rappelait que toutes les parties doivent respecter la loi internationale et demandait de laisser le champ libre à l’aide humanitaire en plus de réclamer la libération immédiate des otages.
Israël et les États-Unis font partie des dix pays qui se sont opposés à la motion. Le Royaume-Uni, traditionnellement sur la même ligne, a préféré s’abstenir.
Dans un long communiqué publié en milieu de journée mardi, le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ont affirmé être «vivement préoccupés par la réduction de la zone de sécurité réservée aux civils à Gaza».
Ces derniers ont néanmoins ajouté que «ce cessez-le-feu ne peut être unilatéral» et que «le Hamas doit libérer tous les otages, cesser d’utiliser les civils palestiniens comme boucliers humains et déposer les armes».
«Il n’y a aucun rôle pour le Hamas dans la gouvernance future de Gaza», ont-ils dit, bien qu’ils soient opposés «au déplacement forcé des Palestiniens de Gaza, à une nouvelle occupation de Gaza, à toute réduction de territoire et à tout recours au siège ou au blocus.»
«Nous insistons sur le fait que Gaza ne doit plus servir de plateforme au terrorisme.»
M. Trudeau sortait tout juste d’une «très longue» discussion avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou lorsqu’il s’est brièvement adressé aux journalistes pour dire qu’il restait «beaucoup de travail à faire» pour accomplir la solution à deux États.
Jusqu’ici, le gouvernement Trudeau réclamait plutôt une trêve humanitaire pour permettre l’acheminement d’aide humanitaire et l’échange d’otages.
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Le CIJA «dégoûté»
L’annonce a provoqué une réaction assassine du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), qui s’est dit «dégoûté et franchement sous le choc».
«La communauté juive du Canada n’oubliera pas que, face à un antisémitisme sans précédent, encore renforcé par le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas, le gouvernement canadien a choisi d’ignorer non seulement le droit d’Israël à se défendre, mais aussi l’obligation d’Israël de se défendre», écrit l’organisation dans une publication sur X.
Le CIJA assure que «la décision du Canada de soutenir la résolution conduira sans aucun doute à une recrudescence de la haine à l’égard des Juifs ici au Canada».
Le député libéral Anthony Housefather s'est aussi dissocié de la position de son parti.
«À mon avis, pour mettre fin aux hostilités, le Hamas doit libérer tous les otages et déposer les armes et se rendre. Le Hamas, une organisation terroriste, est entièrement responsable du déclenchement d’une guerre. Je ne suis pas d’accord avec notre vote à l’ONU aujourd’hui», a-t-il exprimé sur X.
À mon avis, pour mettre fin aux hostilités, le Hamas doit libérer tous les otages et déposer les armes et se rendre. Le Hamas, une organisation terroriste, est entièrement responsable du déclenchement d’une guerre. Je ne suis pas d’accord avec notre vote à l’ONU aujourd’hui.
— Anthony Housefather (@AHousefather) December 12, 2023
À l’opposé, l’organisation Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) s’est réjouie de la nouvelle position du Canada, preuve selon elle que «le gouvernement cède graduellement à la pression populaire».
«CJPMO exhorte le Canada à exiger sans équivoque la fin de la guerre génocidaire d’Israël et à appuyer ses paroles par la suspension du commerce militaire avec Israël», a-t-elle déclaré dans un communiqué.