Une lettre ouverte d’Erin O’Toole: Il faut comprendre les revendications des camionneurs
Erin O’Toole, Chef du Parti conservateur du Canada
Comme vous, je sais que les deux dernières années ont semblé floues. Je sais que vous et votre famille êtes fatigués. Je sais aussi que vous êtes mécontents, et je sais que vous en avez assez.
Comme de nombreux parents, Rebecca et moi avons été très tristes que nos enfants ratent certaines des meilleures années de leur vie : l’école virtuelle, l’isolement et le sentiment de solitude et même de désespoir. Il n’y a pas de mots pour décrire cela.
Douleur et anxiété
Je ne peux même pas imaginer la douleur et l’anxiété de ceux et celles qui ont perdu leur travail, alors que notre pays tentait désespérément de contenir la pandémie de la COVID-19. Ou pire encore, ceux et celles qui ont perdu un être cher.
Mais, pendant un moment, il a semblé que le pire était derrière nous. Il a semblé que nous avions battu la COVID-19. Puis, le variant Omicron a frappé. Nous sommes alors retournés à la case départ, malgré tous les sacrifices des deux dernières années.
nous intéresse.
Vous avez une opinion à partager ? Un texte entre 300 et 600 mots que vous aimeriez nous soumettre ?
La frustration s’est transformée en désespoir et le désespoir s’est transformé en colère. Je comprends pourquoi.
Je veux que les Canadiens sachent que certaines des personnes qui sont les plus frustrées, les plus mécontentes et les plus désespérées sont des travailleurs qui luttent, ce qui comprend les camionneurs.
Les camionneurs sont nos voisins, notre famille et, plus important encore, ils sont nos concitoyens.
Au début de la pandémie, alors que plusieurs d’entre nous travaillaient à la maison, à l’abri de la COVID-19, nous avons demandé à ces personnes de tout risquer pour approvisionner nos hôpitaux, nos épiceries et nos stations d’essence.
Nous leur avons demandé de tout risquer, et ce, avant même de savoir combien la COVID était mortelle.
Mais le fait est que certains n’ont jamais eu le choix. La plupart des camionneurs et leurs familles ne pouvaient pas se permettre de quitter leur emploi pour trouver un travail plus sécuritaire, même s’ils le voulaient.
Et maintenant, une nouvelle politique fédérale menace les emplois et le gagne-pain de certains de ces mêmes camionneurs à qui nous avons dit merci, il y a un an.
Cette semaine, ces camionneurs prévoient se rendre à Ottawa pour manifester contre cette politique.
Comme vous, ces camionneurs ont traversé beaucoup d’épreuves depuis les deux dernières années.
Alors, vous pouvez comprendre pourquoi ils manifestent.
- Écoutez Philippe-Vincent Foisy et Antoine Robitaille au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Empathiques et accueillants
Je sais que vous comprenez. Les Canadiens sont empathiques et accueillants. C’est dans notre nature, surtout quand on voit la peine et l’incertitude de si nombreuses personnes.
Les Canadiens ont le droit de se faire entendre, pas seulement aux élections, mais tout le temps, surtout dans ces circonstances qui sont hors de l’ordinaire.
Des milliers de Canadiens dépensent leur argent durement gagné pour se rendre à Ottawa. Toute préoccupation raisonnable doit être entendue. Ils ont le droit d’être entendus.
Parallèlement, il n’y a pas de mots pour exprimer ce que je pense des groupes qui aimeraient profiter de la situation des camionneurs uniquement pour semer la division et promouvoir leurs idées malintentionnées.
Je dis à ces groupes : vos menaces de violence et de haine n’ont pas leur place dans une société libre et démocratique. En fait, vous risquez d’empêcher ces camionneurs de manifester pacifiquement et de se faire entendre.
J’aime ce pays. Je me suis joint aux Forces armées parce que je voulais servir les Canadiens, leurs valeurs et les gens de ce pays.
Ça me dérange que des gens prévoient utiliser cette manifestation pour commettre des actes de violence.
C’est pourquoi je presse tous les gens qui seront à Ottawa cette semaine de rester calmes et de manifester pacifiquement.
De ne pas avoir recours à la violence. Mais surveillez les agitateurs et signalez-les à la police. La violence ne rendra pas légitimes des préoccupations valides et raisonnables.
Je presse ceux qui ne soutiennent pas les camionneurs qui prévoient manifester à Ottawa de demeurer respectueux même si vous n’êtes pas d’accord. Comprenez leur anxiété et leur inquiétude. Soutenez la manifestation pacifique, condamnez la violence et dénoncez la haine.
La façon dont nous réagissons maintenant, dont nous tentons de comprendre les préoccupations de gens avec qui nous ne sommes pas d’accord, détermine qui nous sommes comme pays et comme peuple. La frustration causée par cette pandémie n’est pas une excuse pour oublier la compassion que nous éprouvons normalement pour les gens qui s’inquiètent ou qui se sentent ignorés.
Nous devons nous unir. C’est maintenant que nous devons nous demander comment nous pouvons nous soutenir les uns les autres.
Comment aller de l’avant ? En vérité, il n’y a pas de réponse facile. La COVID est là pour rester. Et nous avons besoin d’un plan pour gérer la COVID-19 de manière sécuritaire, efficace et retourner à la normale.
Trois mesures concrètes
Voici trois mesures concrètes que le gouvernement fédéral pourrait prendre dès maintenant pour soutenir nos camionneurs, tout en répondant aux préoccupations des Canadiens qui savent que les vaccins sont le meilleur outil pour garder notre société et notre économie ouvertes aux affaires.
Premièrement : Créer et offrir des programmes de sensibilisation pour les camionneurs pour mieux contrer l’hésitation de se faire vacciner et de répondre aux questions médicales légitimes. Il faudrait établir des cliniques de vaccination le long des itinéraires de transport pour encourager la vaccination dans ce secteur.
Deuxièmement : Offrir une exemption immédiate aux camionneurs qui risquent de perdre leur travail jusqu’à ce qu’une étude soit menée pour comparer les avantages positifs aux conséquences négatives immédiates de l’obligation de se faire vacciner, surtout pour prévenir l’augmentation des pénuries de la chaîne d’approvisionnement auxquelles nous faisons déjà face.
Troisièmement : Présenter une mesure législative pour protéger les emplois des camionneurs sous réglementation fédérale en assurant que ceux et celles qui le veulent peuvent être réaffectés à des routes intérieures.
Tous les Canadiens sont fatigués. La COVID-19 est une terrible maladie. Nous ne pouvons pas permettre qu’un de ses symptômes soit un pays divisé. C’est le temps des solutions et c’est le temps du leadership. Il faut que les Canadiens s’unissent.
Erin O’Toole
Chef du Parti conservateur du Canada
Chef de l’opposition offcielle à la Chambre des communes