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Commission Viens: que reste-t-il à faire?

Le chef de l'APNQL, Ghislain Picard (à gauche), et le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière
Le chef de l'APNQL, Ghislain Picard (à gauche), et le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
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François Carabin

2021-09-17T18:08:52Z
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Deux ans après le dépôt du rapport Viens sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec, 68 recommandations ont fait l’objet d'un suivi. Ça veut aussi dire que le gouvernement ne s’est toujours pas penché sur 74 d’entre elles.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, présentait vendredi l’avancement des recommandations de la Commission Viens, dont le rapport final a abouti il y a deux ans.

À pareille date l’an dernier, l’ex-ministre responsable, Sylvie D’Amours, indiquait que 51 recommandations faisaient l’objet d'un suivi ou avaient déjà donné lieu à des actions concrètes. Un an plus tard, ce chiffre s’élève à 68, soit près de la moitié des 142 recommandations du juge Jacques Viens.

M. Lafrenière a trois priorités pour les prochains mois: la protection de la jeunesse, le bien-être des femmes autochtones et l’éducation. Dans d’autres cas, il faudra attendre un peu plus. 

Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones 

Ce document, adopté en 2007 par l’ONU, souligne que «les peuples autochtones ont le droit [...] de jouir pleinement de l’ensemble des droits de l’homme et des libertés fondamentales», tels que définis par le droit international. La Déclaration assure aux peuples autochtones le droit à l’autodétermination et réaffirme qu’ils doivent être à l’abri de toute forme d’assimilation.

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L’automne dernier, l’Assemblée nationale se prononçait à l’unanimité en faveur d’une motion qui incitait le premier ministre François Legault à «s'entendre dans les meilleurs délais possible» pour que le Québec apporte les modifications législatives nécessaires à la mise en action de la Déclaration.

Or, si le gouvernement fédéral a lui-même adopté une loi de mise en œuvre, rien ne garantit que le gouvernement du Québec fera de même. «Le gouvernement du Québec ne s’est pas encore engagé à légiférer à ce sujet», peut-on lire dans un document mis en ligne vendredi par le Secrétariat aux affaires autochtones.

Collecte de données ethnoculturelles 

C’est une des demandes phares du juge Jacques Viens dans son rapport touffu rendu en 2019. À ses yeux, le manque de données de qualité empêche de dresser un portrait des problèmes de discrimination vécus par les Premières Nations face à l’État québécois.

«Les systèmes et façons de faire en place ne permettent pas non plus de savoir avec précision combien de personnes d’origine autochtone ont déposé une plainte pour signifier leur insatisfaction à l’égard des services obtenus», écrivait-il il y a maintenant 24 mois.

Le gouvernement du Québec affirme avoir analysé la situation. «Ce n’est pas tout blanc, tout noir», a souligné M. Lafrenière, vendredi. 

«Il y a un danger qui nous guettait. [...] J’ai rencontré des membres des Premières Nations qui se demandaient: “Moi, si je porte plainte, ça change quoi, que je vienne d’un groupe x, y, z?” Pour certains, c’était blessant», a-t-il poursuivi.

Québec n’a pas dit non à cette mesure, mais continuera de l’analyser.

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Sécurisation culturelle dans le réseau de la santé 

Ces mots sont sur toutes les lèvres depuis la mort de Joyce Echaquan à l’Hôpital de Joliette, il y a pratiquement un an. La sécurisation culturelle vise essentiellement à adapter les services offerts aux membres des Premières Nations pour qu’ils se sentent à l’aise dans un environnement donné.

Dans la foulée de la mort de Mme Echaquan, des démarches ont été entreprises pour que les modifications nécessaires soient apportées à l’Hôpital de Joliette, a soutenu Ian Lafrenière. Ne reste qu’à étendre ce modèle à l’ensemble du réseau de la santé québécois.

Joyce Echaquan est cette mère autochtone de 37 ans qui est morte sous les insultes à l’Hôpital de Joliette en septembre dernier.
Joyce Echaquan est cette mère autochtone de 37 ans qui est morte sous les insultes à l’Hôpital de Joliette en septembre dernier. Photo Agence QMI / Mario Durieux

«C’est ce que j’appelle la théorie des petits pas, a signifié M. Lafrenière. Si vous me demandez: “Est-ce que tout va être réglé dans 10 ans?” je ne donnerai jamais cette garantie-là. Parce que le danger, c’est quand on arrête de se remettre en question.»

Le juge Viens et des élus de l’opposition ont par ailleurs demandé à Québec d’enchâsser le principe de sécurisation culturelle dans la loi. Cet «appel à l’action est en cours d’analyse», se contente de répondre le Secrétariat.

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