Voici comment adapter sa maison pour la protéger de l'eau

Gabriel Beauchemin
Avec la hausse de la température moyenne mondiale, les événements météorologiques extrêmes sont appelés à se multiplier et à augmenter en intensité dans les années à venir. Face à cette nouvelle réalité climatique, de quelles façons serait-il possible d’adapter son logement ? On fait le point.
Inondations, vagues de chaleur, pluies intenses : les conséquences des changements climatiques se font déjà sentir au Québec, mettant à l’épreuve les infrastructures et les logements de nombreuses régions. Pour Emmanuel Cosgrove, directeur général de l’organisme Écohabitation, l’eau représente sans conteste le facteur de risque le plus important.

« Dans le sud du Québec, les fortes pluies, pendant lesquelles une bonne partie des pluies de l’été peuvent tomber en quelques heures, ça fait des dizaines de milliers de logements inondés », explique-t-il. Les inondations majeures qui sont survenues l’été dernier à la suite de la tempête Debby en représentent un parfait exemple.

« Ensuite, si on pense plus au nord du Québec, on parle beaucoup des feux de forêt. Ils peuvent causer de grands dommages aussi, poursuit Emmanuel Cosgrove. Et en 3e position, il y a les vents violents, qui peuvent arracher des bardeaux ou carrément des toitures. »
Adapter son logement à l’eau
Lorsque l’on cherche à adapter son logement, une pièce en particulier devrait retenir notre attention. « La majorité des maisons au Québec ont des sous-sols, et c’est la pièce la plus vulnérable aux pluies subites », prévient le directeur général.
Les logements avec une entrée de garage en contre-pente, située sous le niveau de la rue, sont encore plus à risque. On en compterait près de 80 000 à Montréal, selon Écohabitation.

Deux possibilités s’offrent alors à ces propriétaires : le comblement, c’est-à-dire le fait de remplir le trou formé par l’entrée et transformer le garage en chambre supplémentaire, ou investir dans une porte de garage étanche. Ces deux solutions sont dispendieuses, mais la Ville de Montréal offre actuellement des appuis financiers pour en alléger les coûts.
D’autres travaux d’aménagement, plus facilement accessibles, permettent également de prévenir les infiltrations d’eau. Par exemple, pour les toitures inversées, qui se transforment en bassins lors des fortes pluies, il est possible de dévier le drain de toit pour que l’eau de pluie soit acheminée vers la cour arrière et non pas vers l’égout. « Quand l’égout est plein, la soupape, c’est le sous-sol », ajoute Emmanuel Cosgrove.
Le même type d’aménagement est possible avec les toitures munies de gouttières qui, bien souvent, renvoient l’eau tout près des fondations, accentuant le risque d’infiltration. « Les gouttières devraient être catégoriquement redirigées à au moins 10 pieds de la maison, vers un endroit plus creux, qui éloigne l’eau de la maison », insiste-t-il.

Installer un clapet antiretour pour éviter les refoulements d’égout, surélever les électroménagers au sous-sol, poser un plancher résilient et se munir d’un « back-up » électrique pour assurer le bon fonctionnement du drain français en cas de pannes électriques représentent tous de bons moyens de prévenir les dommages causés par l’eau.

Adapter son logement au feu et au vent
Il existe également des façons de protéger son logement contre les feux de forêt, plus fréquents dans le nord du Québec.
« Pour les feux de forêt, c’est important de dégager une bande d’une quinzaine de pieds tout le tour de la maison, en enlevant le bois, explique Emmanuel Cosgrove. On ne veut pas stocker du bois de chauffage dans cette bande-là, on ne peut pas avoir de haies non plus. »
Il est également possible d’opter pour des toitures métalliques et des revêtements extérieurs qui offrent une plus grande résistance au feu.
Enfin, ces toits métalliques offrent également l’avantage d’être plus résistants aux vents violents, ajoute le directeur d’Écohabitation.
« Puis, pour des zones particulièrement venteuses comme la Gaspésie, il y a des étriers qui vont venir fixer la structure du toit sur les murs d’une maison, explique-t-il. Quand il y a de forts vents, parfois les toits sont endommagés structurellement et parfois même arrachés. Ce lien-là peut vraiment faire toute la différence. »
Adapter son quartier
Même si ces différents travaux peuvent améliorer la résilience de son logement face aux conséquences des changements climatiques, l’adaptation de son quartier, et plus largement de la région dans laquelle on réside, est tout aussi importante, souligne Jeanne Robin, directrice principale chez Vivre en ville.
« Quand on parle d’aménagement du territoire, les deux règles d’or, c’est d’abord d’éviter de construire là où on se met en danger, explique d’emblée Jeanne Robin. On peut penser par exemple aux zones inondables ; il y a des milieux qui sont à risque d’érosion, à risque d’inondations. Donc on évite de construire dans ces endroits-là. Et la 2e règle, c’est de protéger au maximum ce qu’on appelle les infrastructures naturelles, qui nous protègent contre les aléas climatiques. Et là, on va parler en particulier des arbres, des milieux boisés, des milieux naturels. »

Ces infrastructures naturelles permettent notamment d’amoindrir les risques d’inondations lors des fortes pluies en retenant de grandes quantités d’eau. Elles améliorent la qualité de l’air et diminuent l’intensité des vagues de chaleur, indique Jeanne Robin.
Enfin, au-delà de ces espaces végétalisés, le réseau social d’un quartier, la présence d’organisations communautaires et la force des liens entre les résidents contribuent également à protéger la population, et ce, particulièrement lors des vagues de chaleur.
« Par exemple, il y a des études qui ont montré que, selon la façon dont les quartiers sont conçus, selon que les gens sortent davantage de chez eux parce qu’il y a des parcs, parce qu’il y a des endroits où ils peuvent se retrouver, bref dans les quartiers où il y a davantage d’interactions sociales, il y a beaucoup moins de décès prématurés lors des vagues de chaleur que dans les quartiers où l’espace public est moins propice à la création de liens de voisinage », conclut la directrice principale de Vivre en ville.