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L'article provient de Le Journal de Montréal
Environnement

Collision en mer du Nord: quels risques de pollution environnementale?

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11 mars à 11h23
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Le cargo et le pétrolier entrés en collision lundi en mer du Nord au large de l’Angleterre transportaient du kérosène, dont le rejet dans l’eau fait craindre une pollution sur le littoral et dans deux aires marines protégées. 

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Quels produits polluants contenaient les navires accidentés?

Le pétrolier Stena Immaculate, à l’ancre au large lorsqu’il a été percuté par le cargo Solong, transportait 16 réservoirs contenant 220 000 barils de kérosène, un produit dérivé du pétrole servant de carburant pour l’aviation, selon la société Crowley, qui opère le navire.

Cette dernière a indiqué qu’un des réservoirs s’était brisé dans la collision et qu’une fuite avait été signalée.

Le chargement du cargo n’est pas connu à ce stade. Son propriétaire, l’entreprise allemande Ernst Russ, a toutefois démenti mardi matin des informations de presse selon lesquelles il y avait à bord du cyanure de sodium, un composé chimique qui au contact de l’eau produit un gaz hautement inflammable et toxique.

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Le Solong transportait des conteneurs vides qui avaient auparavant contenu le « produit chimique dangereux », a-t-il précisé.

Enfin, les deux navires transportaient également leur propre carburant, du fioul lourd ou du gazole marin. Le second est plus léger et se dissipe plus vite dans l’environnement.

S’il s’agit de fioul lourd, « il faudra traiter le problème si les soutes n’ont pas brûlé », indique Nicolas Tamic, directeur adjoint du Cèdre, centre français spécialisé dans les pollutions accidentelles des eaux.

« Aucun signe de pollution provenant des navires n’a été observé pour l’instant », a assuré mardi à la mi-journée Mike Kane, secrétaire d’État responsable de la sécurité maritime et aérienne au ministère des Transports.

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Quels sont les risques environnementaux?

La zone où a eu lieu la collision, à plus de 20 kilomètres des côtes du Yorkshire, se situe à proximité de deux aires marines protégées (Holderness offshore et Southern North Sea), aux fonds marins connus pour la richesse de leur faune et de leur flore.

Selon Tom Webb, maître de conférences en écologie marine à l’université de Sheffield (nord), le littoral autour de l’estuaire de l’Humber accueille de nombreuses espèces d’oiseaux, en particulier des échassiers et autres oiseaux d’eau.

« La pollution chimique résultant d’incidents de ce type peut avoir un impact direct sur les oiseaux et peut également avoir des effets à long terme sur la chaîne alimentaire marine », juge-t-il.

Martin Slater, directeur des opérations du Yorkshire Wildlife Trust, se dit aussi « très inquiet » de la menace qui pèse sur les oiseaux, en particulier des colonies de macareux, petits pingouins, fous de Bassan ou mouettes tridactyles, qui se rassemblent habituellement au large avant la saison de nidification.

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« Si une nappe de pollution pénètre dans le Humber, cela pourrait être potentiellement dévastateur pour la faune de l’estuaire, notamment pour d’importants stocks de poissons et des dizaines de milliers d’oiseaux hivernants et migrateurs qui utilisent les vasières ».

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Y a-t-il un risque de marée noire?

Selon les experts, le risque d’une marée noire reste faible.

Le kérosène n’est « pas persistant » comme peut l’être du pétrole brut, explique à l’AFP Ivan Vince, directeur du cabinet ASK Consultants, spécialisé en sécurité des risques environnementaux.

« L’essentiel va s’évaporer rapidement » et le reste « sera dégradé assez rapidement par les micro-organismes » marins, ajoute-t-il.

Un avis partagé par Nicolas Tamic. « C’est impressionnant, mais pas forcément hyper grave », souligne-t-il. Le kérosène « ne provoque pas de marée noire, plutôt une pollution atmosphérique en brûlant ». « Très rapidement, il se fond dans la nature sans porter atteinte aux écosystèmes », ajoute-t-il.

Toutefois, prévient Ivan Vince, si la fuite est d’ampleur « les courants pourraient l’emporter là où elle pourrait faire plus de dégâts », par exemple dans l’estuaire, même si la distance lui semble « relativement grande ».

« L’intégrité structurelle des deux navires est étroitement surveillée » et « des mesures et des moyens antipollution sont déjà sur place », prêts à être déployés lorsque cela sera possible, a affirmé le secrétaire d’État responsable de la sécurité maritime et aérienne.

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