Clodine Desrochers raconte avoir frôlé la mort
Michèle Lemieux
Née avec une rare malformation congénitale, Clodine Desrochers a été la première à survivre à une duplication stomaco-duodénale. Entre les interventions chirurgicales, les hospitalisations, l’inquiétude et la crainte de perdre son enfant, sa mère a plongé dans un état dépressif profond. Mais l’acharnement maternel étant plus fort que tout, c’est son amour qui, de l’avis de Clodine, lui a sauvé la vie.
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Clodine, vous êtes du film Le purgatoire des intimes. Est-ce que ç’a été une première expérience de jeu concluante pour vous?
Oui, j’en suis très heureuse. C’est moi qui ai contacté Philippe Cormier, le réalisateur, qui a accepté de me recevoir en audition. Il m’a offert le rôle de la sergente-détective Dominique Duhamel. C’était ma première expérience au cinéma. Depuis que je suis petite, je rêve d’avoir un jour un rôle dans un film.
On ne vous voit pas beaucoup à la télé. Qu’est-ce qui vous occupe en dehors de ce métier?
Je travaille à titre de gestionnaire de comptes pour Biron Groupe Santé, un fleuron québécois dont je suis très
fière. J’ai eu cette opportunité dans le domaine de la santé et je l’ai saisie. Ça me permet d’apprendre plein de choses sur moi: je me découvre des capacités et des forces que je ne croyais pas avoir. Cela étant dit, la télé et le monde de la communication sont toujours dans mon cœur. J’aime être en contact avec les gens. Plus que jamais, on a besoin de positif. Il n’y a pas assez d’émissions où on voit des événements et des gens positifs.
C’est quelque chose qui vous ressemble?
Oui, entre autres, parce je suis une survivante. Comme j’ai été malade quand j’étais enfant, ça m’a donné une grande soif de vivre, une vision optimiste de la vie et une curiosité insatiable. Je suis consciente d’avoir la chance d’être en vie.
Quels sont ces graves ennuis de santé que vous avez connus?
J’ai eu une malformation congénitale. Les premiers symptômes sont apparus lorsque j’ai commencé à manger solide. Une partie de mon système digestif était en double, mais cela ne se voyait pas aux rayons X. Les parois étaient collées l’une contre l’autre. Mon ventre devenait tout gonflé. J’avais mal et je vomissais. Les pédiatres et les médecins croyaient que c’était une irritation du système digestif. J’ai été opérée à deux reprises, mais on n’arrivait pas à identifier le problème.
Le problème s’est-il complètement résorbé?
Oui. Et récemment, j’ai consulté un gastroentérologue au CHUM afin d’avoir un suivi. J’avais apporté mon feuillet médical, car lors de la troisième et dernière opération que j’ai subie, on avait documenté mon cas, qui était unique.
Parce que vous êtes l’une des premières survivantes de cette malformation?
En effet. Il y a eu 17 cas avant moi, et toutes les personnes sont décédées. À l’époque, j’étais la seule à avoir survécu à cette malformation. J’avais trois ans quand les médecins ont procédé à une intervention qui a réglé le problème. Quelques mois plus tard, mes parents avaient été convoqués à Sainte-Justine dans le cadre d’un colloque sur la question. Ma mère avait gardé toutes les notes qu’elle prenait pour documenter mon cas. Le gastroentérologue du CHUM m’a confirmé que cette problématique n’est plus complexe de nos jours, car la médecine a évolué.
Vos parents ont dû vivre un véritable enfer...
Oui. Ils voyaient mon état se dégrader. J’étais faible, je ne voulais pas manger, car j’avais mal. J’ai commencé à marcher très tard. Après ma dernière opération, on a réalisé que je ne goûtais pas. C’est peut-être pour cette raison que je suis si gourmande... (sourire)
Votre mère, particulièrement, a traversé des heures sombres, je crois...
Oui, ma mère était toujours présente à l’hôpital et elle maigrissait à vue d’œil. Elle s’occupait de ma sœur et elle a traversé avec moi trois opérations et hospitalisations. Elle était démunie. Elle appelait dans les écoles et les couvents pour qu’on prie pour moi. Elle appelait les sœurs toutes les semaines! C’est l’amour de ma mère qui m’a sauvée... À l’hôpital, elle marchait le dos courbé, car elle pensait qu’on l’amenait à la morgue. À la maison, elle avait mis des rideaux noirs dans la cuisine. Elle avait même commandé mon cercueil et ma petite robe funéraire... Mon père devait rappeler dans les commerces par la suite pour expliquer la situation. Ma mère était en profonde dépression et s’était faite à l’idée que j’allais mourir, probablement pour se protéger.
Comment a-t-elle réagi quand elle a su que vous étiez sauvée?
Quand je suis sortie de la salle d’opération, le médecin a dit à mes parents que j’étais sauvée. Ma mère était si emmurée dans sa dépression qu’elle ne comprenait même pas ce qu’il lui disait... Elle a dit au personnel que tant que je n’allais pas faire un signe lui montrant que j’étais bien vivante, elle n’allait pas le croire. Puis, elle m’a vue sucer ma langue... Elle a perdu connaissance! Ils l’ont mise sous soluté dans ma chambre, puis elle a eu son congé en même temps que moi!
Vous avez pu mener une vie normale, entretenir des rêves...
Tout à fait. J’aurais voulu être vétérinaire. J’ai étudié en sciences de la santé, mais je n’étais pas très bonne en sciences. J’ai décidé d’étudier en histoire, mais j’aurais voulu être comédienne. La radio communautaire est arrivée dans ma vie vers 19 ans. J’ai suivi la formation et j’ai eu mon émission une fois par semaine. J’ai aimé l’expérience.
Originaire de Saint-Gabriel-de-Brandon, vous avez grandi loin de ce milieu, non?
En effet, j’ai grandi à la campagne avec deux parents enseignants, mais j’étais très curieuse. À 17 ans, je suis partie en appartement. Je voulais découvrir la vie, être autonome. J’avais un chum qui habitait à Montréal. Par la suite, je suis revenue à la maison avant de partir à nouveau pour finir mon bac en histoire et en enseignement à Montréal.
Avez-vous eu l’occasion d’enseigner?
Non, car il n’y avait pas d’ouverture à l’époque. Grâce à la radio, je me suis retrouvée à Vidéoway. C’est Gino Chouinard, avec qui je travaillais à la radio de Joliette, qui m’avait proposé de passer l’audition. J’ai déménagé à Québec avec mon chum, et j’ai contacté TVA pour faire la météo. C’est ainsi que j’ai travaillé à Salut Bonjour puis à Bla Bla Bla. Et on m’a proposé d’animer une émission à TVA. Les saisons de Clodine et Tout simplement Clodine totalisent 13 ans au quotidien. À cela s’ajoutaient les magazines, les produits dérivés, etc. Je pense que les gens se sont reconnus en moi: j’étais la mieux placée pour poser les questions les plus élémentaires, car je ne connaissais pas les réponses!
Diriez-vous que vous êtes heureuse dans toutes les sphères de votre vie?
Oui. Je suis heureuse en amour, j’adore ma fille plus que tout et je ne changerais rien à ma vie. Même les détours que j’ai pris et les creux que j’ai vécus ont fait de moi la femme que je suis... imparfaite, mais plus que jamais vivante et épanouie!
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Le purgatoire des intimes sera présenté sur Crave dès le 27 avril. Clodine est toujours ambassadrice de Shakti Cosmetics, une ligne de produits de beauté végane et non testée sur les animaux (shakticosmetics.com). On s’informe sur ses projets sur sa page Facebook.
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