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Culture

Claude Poirier se remémore l’affaire Monica la mitraille avec de vifs détails

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Daniel Daignault

2023-08-07T13:00:00Z
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En 63 ans de carrière, Claude Poirier a vu et vécu une foule de choses et, à titre de journaliste, il a été au cœur de l’action de la scène criminelle. L’homme a notamment été négociateur lors de 60 cas de prises d’otages et d’enlèvements! Il était la personne tout indiquée pour nous parler de celle qu’on appelait Monica la mitraille, qu’il a connue, une criminelle qui fait l’objet d’une nouvelle série documentaire diffusée sur la plateforme Vrai.

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Toujours actif à 84 ans, Claude est un personnage unique, une légende. Il est fascinant de l’écouter raconter des histoires dans lesquelles il a été impliqué, d’autant plus qu’il a une mémoire d’éléphant. Il se souvient très bien du jour de 1967 où Monica Proietti a perdu la vie. Et l’histoire n’est pas banale, puisqu’il avait été informé qu’il allait se passer quelque chose ce jour-là. Mais laissons-le d’abord raconter comment il a connu Monica. 

Photo : Dominic Gouin / TVA Pub
Photo : Dominic Gouin / TVA Pub

Une rencontre au Lion d’Or

«J’ai l’ai connue grâce à Marcel Rousseau du journal Allô Police, qui a été incarné par Julien Poulin dans la série Le Négociateur. Il avait des contacts avec des gens de la mafia, il m’a ouvert bien des portes à beaucoup d’endroits au début des années 1960. Il m’a entre autres amené au cabaret Le Lion d’Or, où se tenaient plusieurs personnes du milieu, dont Monica. Je l’ai connue en 1967. Je la voyais circuler à cet endroit. C’est une femme qui avait besoin d’être aimée et d’avoir du plaisir avec les gens. Elle m’avait raconté que sa mère était morte dans un incendie qu’elle croyait être d’origine criminelle, mais ça n’avait jamais été prouvé. Monica, c’était une leader, une tough; elle avait du front tout le tour de la tête. Elle m’a dit un jour: “J’ai fait des affaires dans ma vie, mais c’était pour subvenir aux besoins de mes enfants.” Son chum était incarcéré à la prison de Bordeaux et il fallait qu’elle trouve de l’argent. Et puis, elle a eu de mauvaises fréquentations. Je ne te raconte pas des choses que j’ai lues, c’est ce que j’ai vécu», souligne Claude. 

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Photo : Dominic Gouin / TVA Pub
Photo : Dominic Gouin / TVA Pub

«Quand on m’a approché pour participer à la série Maman la mitraille, on m’a demandé si j’avais vu le film Monica la mitraille. Je l’ai vu, ce n’était pas méchant, mais ce n’était pas ça, Monica. Tant pour Richard Blass (qui a été tué par des policiers dans un chalet) que pour Jacques Mesrine (tué lui aussi par la police à bord de sa voiture, à Paris), leur procès a été fait dans la rue, comme Monica...» 

Une information privilégiée

«J’avais un bon contact à la police de Montréal, Auguste Longpré, qu’on appelait Ti-Coune. Il était au bureau des enquêtes criminelles des hold-up. Le 18 septembre 1967, il m’appelle et me dit: “Claude, demain matin, vers 8 h, rends-toi au coin des rues Pie-IX et Jean-Talon.” Il ne me dit pas pourquoi, mais il a ajouté: “Tu écouteras la bande de filature.” C’est tout ce que je savais. Alors le lendemain, je pars de chez mes parents, qui habitaient à Anjou, à 6 h 30. Je stationne mon char, puis j’écoute les conversations sur la radio de police, mais il ne se passe rien. Puis, tout à coup, j’entends quelqu’un dire: “OK, les gars. La chienne vient de sortir avec ses gars, ils entrent.” Quand j’ai entendu ça, j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait de Monica. Je n’ai pas été surpris de voir comment ça s’est terminé.»

La femme de 27 ans et ses deux complices sont entrés dans la Caisse Populaire Saint-Vital, à Montréal-Nord, pour y commettre un vol. «Les policiers auraient pu les intercepter avant, mais ils les ont laissés faire le hold-up, puis il y a eu une poursuite dans les rues.» À un moment, elle a réussi à changer de voiture, et les policiers se sont servis d’un autobus de la ville pour lui barrer le chemin. Elle roulait à 100 km/h et a foncé dans l’autobus. Le choc a été violent, mais elle n’est pas morte ainsi... 

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«Ils lui ont fait son procès dans la rue, répète Claude. Monica la mitraille était devenue un poids majeur pour l’escouade des vols à main armée. Elle les avait ridiculisés, et ils ont pris les moyens... Si les policiers avaient décidé de l’arrêter avec ses complices avant qu’ils ne commettent le hold-up, ils auraient été accusés de possession d’armes dans un dessein dangereux, de vol de voiture, et ils auraient été libérés rapidement. C’est pour ça qu’ils les ont laissés faire.» Selon les comptes rendus de l’époque, Monica aurait été atteinte de trois projectiles alors qu’elle était toujours à bord du véhicule. Aux dires de Claude Poirier, la femme était sous filature depuis un certain temps. C’est ainsi que les policiers ont pu être aux aguets le jour du vol. 

«Elle n’était pas une beauté, mais tu la remarquais. Elle faisait des farces avec tout le monde au Lion d’Or, elle se promenait d’une table à l’autre, et son cercle d’amis était surtout composé d’hommes. J’avais eu un jour une information prétendant qu’elle s’était servie de son enfant pour faire des vols, qu’il était dans le siège arrière de l’auto, mais c’était faux. Elle mettait une poupée dans le siège, c’est son fils qui me l’a confirmé. Ce que je retiens de cette femme que je n’ai pas connue longtemps, c’est que ses enfants, c’était sacré, et qu’elle avait besoin d’amour. Elle voulait se faire aimer, se faire désirer.» Le journaliste pense que Monica a dû faire plus de 20 vols. «Je dirais qu’elle en a fait la moitié seule. Tu ne voyais pas ça, dans ce temps-là! Lors de ce dernier vol, ils ont mis la main sur 3000 $. À ma connaissance, elle n’était pas violente lorsqu’elle faisait un hold-up, et ses complices, les frères Lelièvre, tiraient au plafond pour faire peur aux gens. Pour geler la place, comme on dit.» 

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courtoisie TVA Publications
courtoisie TVA Publications

Selon ce qui a circulé comme information, et Claude en a aussi eu vent, Monica avait prévu d’arrêter après ce dernier vol. Maman la mitraille est une série documentaire en quatre épisodes d’une heure, et c’est le fils de Monica, Gilles Tessier, qui raconte la vie et le parcours de sa mère. Il n’avait que 18 mois lorsqu’elle a été tuée et a longtemps cherché à savoir qui était vraiment sa mère et quel genre de femme se cachait derrière la criminelle la plus connue au Canada. Même s’il est toujours fumeur, Claude Poirier semble en santé et en grande forme après avoir subi, il y a une dizaine d’années, cinq pontages coronariens. «J’étais bloqué à 90 %!» Toujours discret au sujet de sa vie personnelle, Claude dit rester un farouche partisan des Bruins de Boston et avoir du plaisir à regarder des séries télé. Cela dit, il travaille toujours. «J’aime faire ce que je fais, c’est une drogue.»

Maman la mitraille est disponible sur Vrai.

Photo de courtoisie fournie par
Photo de courtoisie fournie par

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