Claude Legault avait besoin d’un projet coup de coeur pour revenir au jeu
Michèle Lemieux
Après un passage à vide sur le plan professionnel, Claude Legault s’est laissé séduire par À propos d’Antoine, un projet inspiré d’une histoire vraie. À la suite d’un temps d’arrêt des plus bénéfiques, il a retrouvé le goût du jeu. Et puisque la série était réalisée par son ami Podz, l’acteur savait qu’il pouvait renouer avec son métier et s’abandonner avec confiance.
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Claude, parlez-nous de ce père de famille que vous incarnez dans la nouvelle série À propos d’Antoine?
C’est un amoureux. Il l’est de sa famille, de sa blonde, et a de l’amour pour son ex, pour ses frères. Il a aussi un amour débordant pour son enfant, Antoine, qui est polyhandicapé. Il est maladroit dans presque tous les domaines, mais en même temps, il est habile et intelligent. Je pense que ce qui le guide, c’est l’amour. Il aime fort.
Heureusement, car tous les jours, le défi est immense avec son enfant.
Oui, c’est le quotidien de ce couple. Tous deux aiment cet enfant, qui est aussi bien entouré par son frère et sa belle-famille. Antoine, c’est un projet 24 heures sur 24.
Ça vous prenait un projet coup de cœur pour vous ramener au jeu?
Oui, mais j’avais aussi besoin de me sentir en sécurité. Avec Podz (avec qui il a travaillé sur Minuit, le soir et 19-2), je me sentais comme ça. J’aimais aussi l’histoire et la production. Je savais qu’on allait prendre soin de moi. Comme Podz était aux commandes, je me sentais très à l’aise. Nous avons une grande admiration l’un pour l’autre, et beaucoup d’affection. Ça m’a convaincu de revenir.
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Êtes-vous revenu au jeu plus tôt que prévu?
Je ne savais pas quand je reviendrais. Je m’étais même dit que je n’allais peut-être plus revenir.
Venant de la part de Claude Legault, ça donne un choc...
En même temps, je me disais que, pour vivre, pour mieux vivre, il fallait que je sois capable d’accepter toutes les éventualités. Si pour être heureux, pour être bien, ça impliquait que je ne fasse plus ce métier, j’allais l’accepter. Aussitôt que j’ai commencé à accepter le fait que je n’exercerais peut-être plus mon métier, j’ai recommencé à avoir le goût de le faire.
Cette pause vous a donc fait grand bien?
Oui, mais je ne sais pas encore à quel point. Il y a des façons de faire qui ont changé pour moi. Ma vision du métier a aussi changé. J’aime créer et jouer. J’aime travailler avec du monde agréable, avec des gangs qui se tiennent. C’est ce qui me stimule le plus professionnellement. C’est vraiment ce que je recherche. Si je ne trouve pas ça, ça m’intéresse moins.
Là où vous en êtes dans votre carrière, pouvez-vous vous permettre de choisir?
Oui et non. Il y a le fait de vieillir qui change la donne, mais c’est moins dur pour les gars. Vieillir à la télé ou au cinéma, c’est beaucoup plus cruel pour les femmes en général. C’est même injuste par moment. Mais il faut accepter de changer de rôles. Dans les sept ou huit dernières années, j’ai plus joué les papas et j’ai adoré ça! Je pense même que je suis bon! (rires) Je n’ai pas d’enfant, mais je sais comment ressentir les choses, comme si j’en avais. Dans À propos d’Antoine, mon personnage a deux enfants, dont un lourdement handicapé. J’adore être un papa-poule! Un papa-poule tout croche, mais dévoué.
Lorsque vous vous êtes demandé si vous alliez revenir au jeu, aviez-vous un plan B?
Lorsque j’ai tiré la plogue, je n’avais pas de plan B. J’ai juste tiré la plogue, car il fallait que je le fasse. Dans ma réflexion, je me suis dit que si je n’étais pas bien chaque jour dans ce métier, c’était peut-être parce que je n’avais plus d’affaire là. J’essayais de regarder ce que j’avais fait et je trouvais que c’était quand même pas pire...
Comme dans toute relation qui perdure, n’est-ce pas normal de se questionner?
Exactement. Mais cette fatigue était nourrie par beaucoup d’autres choses. Je n’ai pas encore fini mon parcours, car je sais que j’aime encore ce métier. Et dans la vie, il faut assumer le fait que ce travail, c’est plus qu’une job.
Comme c’est votre passion, n’est-ce pas difficile d’exercer ce métier modérément?
Oui, je ne suis pas certain que tout le monde pense à sa job 24 heures sur 24. Moi, je me couche avec et je me lève avec. Je considère que c’est une job — et heureusement, car c’est ce qui me permet de gagner ma vie —, mais c’est plus qu’un travail, c’est un état.
Comment avez-vous pris soin de vous durant cette période?
Je ne sais pas vraiment... Je pense que ce qui était urgent, c’était de ne pas me confronter à des horaires, à des deadlines. Ç’a été bon pour moi, cette pause. C’est sûr que ça désorganise... J’ai réalisé que ma vie était organisée par mes tournages et mes calendriers d’écriture. C’est étrange comme sensation de ne pas avoir d’horaire. J’ai réalisé à quel point j’étais un inadapté social... (rires) Il y a eu de grandes périodes où j’ai trouvé ça angoissant. À d’autres moments, j’ai trouvé ça rafraîchissant et très apaisant. Après tout, je n’avais pas le cancer, j’étais juste en arrêt de travail.
Avez-vous remis les choses en perspective?
Oui, car tout est encore permis. Ç’a été comme une guérison tranquille. Ce n’est pas tant le métier qui était en cause que moi personnellement. Je me suis rendu compte qu’il y avait des choses que j’avais envie de faire, certaines que j’étais capable de faire, mais qu’il y avait aussi d’autres choses que j’avais envie de faire, mais plus de la même façon. Pendant presque 25 ans, j’ai écrit et joué en même temps. Sans arrêt. Il n’y avait jamais de repos. J’ai compris qu’il fallait que je trouve une autre façon de fonctionner. C’est ce que je suis en train d’établir.
Où en êtes-vous avec le projet d’écriture de la suite de Dans une galaxie près de chez vous?
La pandémie nous a retardés, mon arrêt de travail aussi, mais nous écrivons encore. Ça avance!
À propos d’Antoine est offert sur Club illico depuis le 19 janvier.