Les secrets bien gardés des religieux de l'Abitibi: la romancière Claire Bergeron raconte un pan oublié de notre histoire dans «Les Grâces du presbytère»

Fidèle à son habitude, Claire Bergeron dévoile une page méconnue du patrimoine abitibien dans Les Grâces du presbytère, faisant en parallèle revivre l’ambiance vécue par beaucoup de gens pendant la pandémie. Alternant entre la vie dans les années 1940 et le quotidien en 2020, cette romance historique montre des conflits familiaux, des inégalités sociales, l’emprise abusive du clergé, mais aussi l’amour inconditionnel et la générosité.

À Montréal, en mars 2020, Évangéline et Mathéo ont le cœur brisé par la perte de leur bébé. Incapable de surmonter sa peine, Évangéline sombre dans une fatigue chronique, une grande noirceur.

Un événement inattendu survient: Mathéo est convoqué chez le notaire. Son grand-oncle Cyriac, rencontré une seule fois, lui lègue un ancien presbytère à Val Roussillon en Abitibi.

Porté par la curiosité, le jeune couple se rend sur place. Construite sur un promontoire rocheux en 1945, la propriété reçue en héritage est absolument superbe. Évangéline et Mathéo tombent sous le charme.

En effectuant des travaux, Mathéo découvre le journal intime du curé Davignon, l’homme énigmatique qui fut le premier propriétaire des lieux. Au fil des pages, il découvre avec Évangéline une histoire crève-cœur, surgie du passé.

Un séjour en Abitibi

Claire Bergeron, écrivaine talentueuse, curieuse de tout, habile conteuse, s’est inspirée d’une découverte inattendue lors d’un séjour dans un gîte abitibien pour écrire cette nouvelle histoire.

«Je me cherche toujours un nouveau sujet, pendant l’été. C’est la première fois que j’écris sur le monde contemporain. Tant qu’à écrire sur ce monde-là, pourquoi pas insérer discrètement la COVID [et ce] que ça pouvait apporter comme problème?» commente Claire Bergeron, en entrevue.

Pour ce roman, le mot presbytère, qui lui a aussi traversé l’esprit, a servi d’élément déclencheur. «Avec mon frère, sa femme et mon compagnon, on est partis en Abitibi voir des presbytères. Il y en a un, entre autres, à Taschereau, qui est construit sur un promontoire rocheux. Un magnifique presbytère avec une toute petite église à côté.»

Un étrange passage secret

Le Val Roussillon du roman est imaginaire. Mais le presbytère qu’elle décrit est né d’une visite pour le moins étonnante dans le coin de Macamic. «On se rendait jusqu’à Colombourg pour dormir dans un gîte qui justement s’appelait... Le Presbytère. C’était spécial! Le propriétaire du gîte, Claude Bureau, m’a fait découvrir son presbytère à lui, qui était très beau, à côté aussi d’une petite église.»

«Dans ce presbytère-là, il y avait une espèce de petit passage secret qu’ils appelaient supposément “le passage de la réflexion”. C’était le passage que les prêtres empruntaient, entre le côté des prêtres et le côté de la bonne», poursuit Claire Bergeron.

«Le prêtre qui l’empruntait avait le temps, entre les deux portes, de réfléchir à ses actes: je vais voir la bonne ou j’y vais pas? Moi, il ne m’en fallait pas plus, tu comprends ben!»

L’hôte lui a également montré un livre du 75^e anniversaire de la paroisse de Taschereau en Abitibi, dans lequel elle a trouvé beaucoup d’informations intéressantes. «Il y avait un chapitre sur l’historique de la vie religieuse et ça m’a beaucoup inspirée», précise l’écrivaine, ajoutant que l’histoire qu’elle a imaginée est une pure fiction.

Les Grâces du presbytère

Claire Bergeron

Éditions Druide

392 pages

• Claire Bergeron est l’auteure de nombreux romans historiques qui mettent en valeur sa terre natale, l’Abitibi.
• Les Grâces du presbytère est son douzième titre publié aux Éditions Druide.

«Pour Évangéline et Mathéo, la journée du vendredi avait été occupée à fureter dans leur nouvelle résidence, à prendre note des travaux d’urgence, tout en admirant la richesse des matériaux utilisés, trois quarts de siècle plus tôt, par l’intrigant Augustin Davignon, curé de la paroisse Saint-Émile-de-Val-Roussillon. Leur installation dans le vieux presbytère les captivait, au point où ils avaient délaissé leurs cellulaires et le monde extérieur.»

- Claire Bergeron, Les Grâces du presbytère, Éditions Druide

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