La Maison-Blanche renforce son emprise sur l’accès de la presse

Anouk Lebel
L’administration Trump pourra désormais choisir les nouveaux médias qui feront partie du groupe restreint qui suit le président dans ses activités quotidiennes.
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La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a annoncé mardi que le «pool», un groupe restreint de journalistes qui a un accès privilégié au président au Bureau ovale ou dans son avion Air Force One par exemple, serait élargi.
Les nouveaux membres seront choisis par l’exécutif américain, ce qui rompt avec une tradition établie depuis des décennies.
Jusqu’ici, c’est l’Association des correspondants de la Maison-Blanche, la WHCA, créée en 1914, qui déterminait les médias admis dans le groupe.
«Nous rendons le pouvoir au peuple», a lancé Mme Leavitt, soulignant que des «centaines» de journalistes méritaient d’avoir un accès privilégié au président.
Elle a toutefois précisé que les «médias traditionnels, qui ont fait partie du groupe presse depuis des décennies, seront encore autorisés à y participer».
Une «volonté de contrôle»
«C’est une volonté claire de prendre le contrôle de l’information», a commenté, en entrevue au Journal, le correspondant de TVA Nouvelles à Washington, Richard Latendresse.
Il fait parfois partie du groupe de 13 journalistes du groupe, entre autres composé de l’Agence France-Presse, de Reuters, d’ABC News et du New York Times.
«On se donne déjà des coups de coude et des coups de poing. [...] Le risque à moyen terme, c’est qu’on soit noyés parmi d’autres journalistes avec un agenda politique que je ne crois pas qu’on ait», explique l’animateur de Contextes.
Selon lui, la Maison-Blanche «revient en arrière» en empiétant ainsi sur des façons de faire établies depuis des décennies et qui fonctionnaient bien.
L’AP bannie
L’annonce intervient en plein bras de fer entre la Maison-Blanche et l’agence Associated Press, qui a toujours fait partie du groupe, mais qui en est désormais bannie.
L’administration américaine lui reproche de ne pas se conformer à la nouvelle appellation du golfe du Mexique, rebaptisé en «golfe d’Amérique» par un décret de Donald Trump.
🪦R.I.P. @WHCA 1914-2025🪦 pic.twitter.com/bjvoowX64Q
— Jason Miller (@JasonMiller) February 25, 2025
Lundi, un juge fédéral a rejeté un recours présenté par l’agence demandant de rétablir son plein accès à la Maison-Blanche, sans toutefois statuer sur le fond.
Their new name is much more fitting pic.twitter.com/3f3VNq74Kw
— Elon Musk (@elonmusk) February 25, 2025
Ces derniers jours, l’accès au Bureau ovale avait déjà été ouvert à des journalistes travaillant pour des médias très populaires auprès des partisans de Donald Trump.
Le président s’est beaucoup appuyé sur des animateurs de balado et des influenceurs pendant sa campagne électorale, tout en attaquant violemment les médias traditionnels.
«Mise en pièces de l’indépendance de la presse»
L’administration Trump «met en pièces l’indépendance de la presse», a réagi mardi l’Association des correspondants de la Maison-Blanche après que l’exécutif américain eut annoncé prendre le contrôle de l’accès des médias au président, jusqu’ici géré par cette organisation de journalistes.
La reprise en main prévue «suggère que le gouvernement va choisir lui-même les journalistes qui suivent le président. Dans un pays libre, les dirigeants ne sélectionnent pas les médias», a noté la White House Correspondents’ Association (WHCA), fondée en 1914 et qui historiquement décide quels journalistes sont admis au plus près du chef de l’État américain, par exemple dans le Bureau ovale et dans son avion.