Cinq défis pour le nouveau commandant en chef des armées ukrainiennes

Le nouveau commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, nommé jeudi juste avant le deuxième anniversaire de l'invasion russe, prend ses fonctions à un moment précaire.

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Voici cinq défis clés auxquels le général de 58 ans, né en Russie, est confronté.

Aide occidentale

Les alliés de l'Ukraine, en particulier Washington, peinent à maintenir leurs programmes d'aide qui jusqu'ici avaient permis à Kiev de tenir tête à un ennemi beaucoup plus puissant.

L'Union européenne a fini par débloquer en février 50 milliards d'euros d'aide, mais elle n'arrive pas à livrer dans les temps les obus d'artillerie promis. Aux États-Unis, ce sont 60 milliards de dollars d’assistance qui sont bloqués du fait de querelles entre partis politiques.

M. Syrsky prend donc les commandes à un moment d'incertitude quant aux ressources disponibles pour son armée, alors que la Russie a mis toute son économie sur le pied de guerre.

Mobilisation

Les dirigeants militaires et politiques de l'Ukraine sont en désaccord sur la façon de regarnir les rangs de l'armée, qui a perdu, selon des estimations américaines, 70 000 hommes tués et 120 000 blessés en deux ans.

Valery Zaloujny, le prédécesseur adulé de M. Syrsky, avait demandé au président Volodymyr Zelensky de mobiliser 500 000 personnes, mais le chef de l’État n'a pas voulu dans l'immédiat de cette proposition impopulaire.

Le président insiste sur un «système de rotation efficace» assurant que sur «près d'un million d'hommes» enrôlés, seule «une minorité» est actuellement déployée sur le front. Les vétérans des unités de combat réclament d'ailleurs un roulement.

Un projet de loi visant à élargir la mobilisation, sujet de nombreuses critiques, est actuellement examiné au Parlement.

Lignes de défense

La grande contre-offensive ukrainienne de 2023 s'est brisée sur des lignes de défense russes presque impénétrables. Désormais confronté à des assauts russes, Kyïv tente de bâtir ses propres défenses sur tout le front.

Une tâche titanesque, la ligne de front étant longue d'environ 1 000 kilomètres et en permanence sous le feu russe, en particulier dans l'Est, à Avdiïvka et Koupiansk.

Menace du ciel

Prendre le contrôle du ciel est une priorité de l'Ukraine cette année, la Russie envoyant sans cesse des vagues de drones et de missiles sur son voisin, facteur qui a, selon Kyïv, contribué à l'échec de la contre-offensive de 2022.

Si l'Occident a renforcé la défense aérienne ukrainienne, l'armement disponible ne suffit guère pour protéger l'ensemble du pays. Et M. Syrsky est confronté à un dilemme: doit-il utiliser ces moyens pour protéger les grandes villes ukrainiennes ou viser des cibles militaires russes?

L'Ukraine s'attend à recevoir enfin cette année de l'Occident des chasseurs F-16, élément important pour défendre ses troupes, progresser sur le front et ravager les arrières russes.

Confiance

Le commandant sortant, Valery Zaloujny, est de loin la personnalité la plus respectée en Ukraine, avec une cote de confiance dépassant 90%.

M. Syrsky, que 48% des sondés en décembre disaient ne pas connaître, a en outre une réputation controversée. Beaucoup dans l'armée lui reprochent de peu se soucier des pertes humaines, certains allant jusqu'à le qualifier de «boucher».

Visiblement conscient du problème, le général Syrsky a assuré vendredi que «la vie et la santé des militaires ont toujours été et restent la principale valeur de l'armée ukrainienne», dans sa première déclaration après sa nomination.