Chutes boursières: quoi faire maintenant?

David Descôteaux et Martin Jolicoeur
Avec le chaos qui règne sur les places boursières, plusieurs épargnants se posent des questions et songent à revoir leurs stratégies. Le Journal a parcouru des groupes de littératie financière sur les réseaux sociaux pour dénicher des questions qui hantent les gens en ce moment. Des experts offrent leurs conseils pour chaque situation.
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1-Vu la volatilité des marchés, est-il préférable de retirer le 8000$ dans le CELI de ma fille pour l’achat d’une auto cet été et le placer dans un compte sans risque?
Il y a une grosse différence entre liquider le placement et sortir l’argent du régime CELI, souligne Caroline Marion, planificatrice financière au mouvement Desjardins. «À l’intérieur du CELI, je peux avoir plusieurs types de placements, des volatils et des plus sûrs. Je peux liquider un placement, mais je ne dois pas le sortir du CELI. Sinon, je vais perdre l’accumulation des rendements à l’abri de l’impôt. On peut revoir ses placements, notamment les plus volatils, et rebrasser le tout. Mais on ne doit pas sortir l’argent du CELI tant qu’on n’est pas prêt à l’utiliser pour notre projet.»
2-J’ai 62 ans et je prévoyais prendre ma retraite dans deux ans. Mon portefeuille a perdu 15% de sa valeur au cours de la semaine. Je suis inquiet et je ne dors plus. Est-il trop tard pour me retirer de ces montagnes russes boursières?
«Avant toute chose: une dégringolade de 15% implique que le profil du portefeuille était très, très agressif, analyse Sylvain De Champlain, planificateur financier et président de De Champlain Groupe Financier. Sans doute avec peu d’obligations et beaucoup d’actions de technos. C’est un peu surprenant pour quelqu’un de 62 ans qui approche de la retraite. Cela dit, est-il trop tard pour se retirer? La réponse courte est oui. Le gros de la chute est sans doute passé et, à ce moment-ci, le mieux est d’attendre que les valeurs remontent et de profiter de la première occasion pour adopter un profil plus conservateur (40% en revenus fixes et 60% en actions). Mais si la personne ne dort plus, et que le stress financier la rend malade, je conseillerais probablement de vendre, même à perte, pour lui permettre de retrouver le sommeil. Parfois, voir à sa santé, qu'elle soit mentale ou physique, devient la seule la chose à faire.»

3-On dit que les marchés boursiers rebondissent toujours à long terme, mais on dit aussi que l’ère Trump marque une cassure et que l’économie mondiale ne sera plus jamais comme avant. Est-ce une erreur d’espérer un retour de la prospérité des entreprises américaines et canadiennes?
«Je crois, comme d’autres, que le déclin de l’empire américain est enclenché et que ce dernier l’était probablement avant l’arrivée de Trump, répond le président du cabinet De Champlain Groupe Financier, Sylvain De Champlain.Cela dit, ce n’est pas parce que Washington rencontre des défis et choisit de fermer la porte à l’ensemble de ses partenaires commerciaux que la valeur intrinsèque des entreprises va s’évanouir du jour au lendemain. Par exemple, ce n’est pas parce que Apple ou Coca Cola sont des sociétés américaines qu’elles vont cesser de vendre leurs produits partout sur la planète. Les Bourses subissent actuellement un choc. Mais avec le temps, les titres de valeur -qu'ils soient américains, européens ou asiatiques - devraient finir par rebondir. Cela dit, une saine diversification géographique de ses placements demeure judicieuse. Ne pas être exposé au marché asiatique aujourd’hui, c’est se priver de belles occasions de croissance.»
4-On achète une maison à la fin juin. Moi et ma conjointe avons un CELIAPP qu’on prévoyait sortir entre maintenant et fin juillet. Devrait-on le sortir maintenant?
Dans le cas d’un CELIAPP ou d’un CELI, la question ne devrait pas se poser si l’investisseur ou le conseiller a fait son travail comme il faut, dit Ian Sénéchal, de chez Votreconseiller.net. «Si la personne est en train de perdre beaucoup d’argent dans un CELIAPP pour une mise de fonds dans quelques mois, il y a eu une erreur dans le choix des placements dès le départ. Si tu mets ton argent à la Bourse, c’est pour un horizon de placement d’au moins six ans. Pour un horizon de moins de 12 mois, les seuls produits financiers que je conseillerais sont du marché monétaire et des comptes à haut rendement. Pour l’instant, la chose à faire serait probablement de corriger cette erreur en vendant les titres risqués du CELIAPP, quitte à encaisser une perte sur ceux-ci.»
5-J’ai vendu la moitié de mon portefeuille au plus bas de la chute des marchés mercredi, juste avant le rebond historique provoqué par la volte-face de Trump. Que dois-je faire maintenant? Vite racheter ou attendre que les cours redescendent au prix où j’ai vendu mes actions?
«Cet investisseur semble avoir cédé à ses émotions ou à la panique et le regrette. Ce qu’il doit faire maintenant dépendra beaucoup de son âge, du temps dont il dispose pour réaliser ses objectifs et de sa tolérance au risque, croit le planificateur financier Sylvain De Champlain, de De Champlain Groupe Financier. S’il a 30 ans et du type investisseur agressif sans besoin d’argent à court terme, je lui conseillerais de se remettre à investir au plus vite, sans attendre ou trop espérer que le prix des actions redescende encore. Il subira une perte, mais le temps joue pour lui. Si, au contraire, cet investisseur est inquiet ou a un profil d’investisseur plus conservateur, je lui conseillerais aussi un retour sur le marché, mais plus lentement, de façon progressive. Ainsi, si les baisses se poursuivent, ses pertes seront limitées. Et si les marchés grimpent, il pourra au moins en profiter en partie.»