Une hausse du nombre de chômeurs en pleine pénurie d’effectifs
Francis Halin et Julien McEvoy
Alors qu’il y a encore 252 000 postes à pourvoir d’urgence au Québec, le nombre de chômeurs continue de bondir de 7,4% parce que les candidats disponibles sont souvent bien loin de correspondre à ce que cherchent les employeurs.
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«Le mismatch, la mauvaise adéquation entre l’offre et la demande de travail, explique la coexistence d’une pénurie de main-d’œuvre et d’un grand nombre de chômeurs», analyse Mircea Vultur, spécialiste du travail à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Chez Indeed, qui prend le pouls du marché du travail au quotidien avec son babillard d’offres d’emplois, on sent bien que certaines offres ne décollent pas.
Par exemple, des postes comme sous-chef à 44 400$ par année ou encore gérant de magasin à 44 123$ par année peinent à trouver preneur.
«Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’intérêt pour ces postes-là, c’est qu’il y a juste moins de gens disponibles», résume son directeur principal des ventes, Québec, Stepan Arman.
- Écoutez l'entrevue avec Jean-Louis Simard, Vice-président secteur IC/I de la CSN Construction à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 23 via QUB radio :
Inadéquation de compétences
En gros, il y a une inadéquation sur le plan des compétences professionnelles.
«Un travailleur qui a perdu son poste dans une entreprise d’électricité ne peut pas immédiatement occuper un emploi de cuisinier ou d’infirmier [secteurs en pénurie]; et un poste de serveur dans un restaurant ne lui convient pas. L’inadéquation touche aussi le niveau de formation», illustre Mme Vultur.
«On peut voir une augmentation parallèle du taux de chômage, malgré le fait qu’il y a des postes qui sont vacants», constate aussi Diane-Gabrielle Tremblay, prof d’université (TELUQ) en gestion des ressources humaines, en économie et en sociologie du travail.
«Surtout, justement, si ces postes-là sont peu attrayants», ajoute-t-elle.
«Comme les emplois que ces entreprises offrent ne sont pas toujours de qualité, les jeunes se tournent vers des domaines mieux rémunérés ou poursuivent leurs études, ce qui pérennise la pénurie», conclut Mircea Vultur.
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