Chaudière-Appalaches: des mises à pied malgré la pause de 30 jours des tarifs
Louis Deschênes
À la veille de la visite très attendue de François Legault, plusieurs des 700 entreprises de 50 employés et plus en Chaudière-Appalaches s’apprêtent à faire des mises à pied malgré le sursis de 30 jours sur les tarifs douaniers.
«Les entreprises ne savent plus trop sur quel pied danser», lance d’entrée de jeu Hélène Latulippe, directrice générale du Conseil économique de Beauce (CEB).
Elle confirme que de gros joueurs de l’industrie «préparent des avis de licenciement» en raison des semaines de préavis obligatoires à fournir aux travailleurs.
Selon les règles de la CNESST, lors d’un licenciement collectif, un préavis de huit semaines est demandé aux entreprises de plus de 50 employés et de douze semaines pour 100 employés et plus.
Les nouvelles mesures tarifaires seraient néfastes sur l’ensemble du territoire de Chaudière-Appalaches.
Le directeur général de Développement économique Bellechasse, Alain Vallières, explique que des entreprises pensent même à déménager certaines lignes de production vers les États-Unis.
«Je parlais à un entrepreneur dans les dernières semaines et ça serait 45% de la production et 50% des emplois qui seraient touchés sur les quelque 300 emplois», révèle M. Vallières.
C’est donc 150 travailleurs québécois qui seraient remplacés par des Américains.
La Beauce
En Beauce, si tout le monde a poussé un soupir de soulagement lundi, personne n’a sorti le Champagne dans cette région qui compte 12 parcs industriels.
Mardi, le CEB a multiplié les appels dans les entreprises qui risquent d’être touchées par l’imposition des tarifs.
Mme Latulippe mentionne que plusieurs entrepreneurs étaient en discussion avec des clients américains qui se posent eux aussi des tonnes de questions.
Va-t-il y avoir des hausses? Qui va assumer le 25%? Est-ce qu’on refile la facture aux consommateurs américains? Sont autant de questions qui bloquent les deux parties.
«Il y a des contrats présentement qui ne se signent pas, parce qu’ils sont en attente et le coût ne sera pas le même», confie la directrice du CEB.
François Legault
La visite de François Legault jeudi en Beauce est très attendue par tous les intervenants de Chaudière-Appalaches.
Hélène Latulippe va rencontrer le premier ministre. Selon elle, il va constater en parlant avec les entrepreneurs comment les tarifs douaniers pourraient s’avérer catastrophiques.
«On veut le sensibiliser à notre économie, lui faire connaître les besoins spécifiques et discuter des programmes d’aide», souligne-t-elle.
Les intervenants veulent également sensibiliser M. Legault sur l’importance des échanges commerciaux alors que 65% des entreprises de la région exportent vers les États-Unis.
Selon un sondage mené dans les dernières semaines, 60% des entreprises de la grande région prévoient de réduire leur production si Trump impose des tarifs.
Il y a également 20% des industries qui fermeront des quarts de travail et 5% qui vont délocaliser leurs activités.
Des chiffres qui inquiètent le président de la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches, Marc-Alexandre Brousseau.
«On ne veut pas que ça arrive. Il faut donner un panier de solutions pour que la production continue de se faire ici avec des gens d’ici», dit celui qui est également le maire de Thetford-Mines.
En Beauce, l’activité économique est au cœur de la vie des citoyens
- 12 parcs industriels
- Secteurs: Métal, bois, plastique et textile
- 250 industries
- 65% exportent vers les États-Unis
- 57 entreprises dans le secteur du bois de sciage et de la construction
- 613 entreprises agricoles
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