Charlotte Aubin s’ouvre sur le deuil qui vient avec la fin de L’Échappée
Michèle Lemieux
Même si, de façon naturelle, Charlotte Aubin se concentre sur l’instant présent, elle ne peut s’empêcher de tirer un bilan extrêmement positif de l’année qui vient de s’écouler. Malgré la fin de L’Échappée, l’actrice multiplie les projets et se sent remplie de gratitude envers ce métier qui continue de la combler.
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Charlotte, tu participes à de nombreuses productions cette année. Peux-tu nous en donner un aperçu?
Je suis de L’empereur, une émission dont je suis particulièrement fière. C’est une série bouleversante qui va susciter beaucoup d’émotions et de discussions. J’ai aussi tourné dans des films, dont French Girl, une comédie romantique qui sortira au courant de l’année. C’est également la saison finale de L’Échappée.
En cette septième saison, nous verrons donc la conclusion de la série...
Oui, toutes les intrigues vont se dénouer. Le but, c’est de voir les personnages évoluer, se rendre à terme dans leurs projets, leurs rêves, leur famille, etc. C’est un gros morceau pour moi, car j’y suis depuis le début. J’ai passé ma vingtaine à évoluer avec mon personnage. C’est super significatif pour moi. C’est aussi la fin d’une grande famille. Quand on travaille avec des gens depuis aussi longtemps, on bâtit des liens, des relations solides. J’ai commencé L’Échappée à 23 ans, et j’en ai 31. C’est fou! C’est vraiment une grande chance.
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Quitter une équipe, un personnage, une série, ça impose un certain deuil?
Bien sûr, mais en même temps, c’est l’essence même de notre métier: des familles se créent et se défont. Nous gardons un petit bout de tous ces gens, de tous ces projets et de toutes ces familles à l’intérieur de nous. Ils nous habitent, nous donnent confiance et nous donnent la force de faire d’autres projets par la suite. Parfois, nous bâtissons des relations qui durent dans le temps. Je trouve que c’est une grande chance. Cela dit, je ne suis pas une nostalgique. Je suis plutôt dans l’instant présent. Je me trouve super chanceuse et je suis remplie de gratitude. Avec L’Échappée, comme je ne suis pas encore à la fin du projet et qu’il me reste des journées de tournage, je me dis qu’il faut en profiter avant d’être en deuil.
Cette manière de voir la vie, elle est innée ou acquise?
Je pense que ça s’apprend et que ça se désapprend... (rires) C’est un travail constant. Je profite des journées qu’il reste.
Tu es aussi du projet Testament, de Denys Arcand.
Oui. Ce long métrage sortira au courant de la prochaine année. Je joue la fille du personnage de Sophie Lorain. Ce sera un beau film. C’est le testament d’un cinéaste qui voit le monde changer à une vitesse folle autour de lui. Il a vraiment mis ça dans son personnage. Il y a beaucoup d’humour, et les différences entre les générations sont exposées de manière caustique. Je pense que ça sera très bon.
Considères-tu que c’est un privilège de pouvoir participer à ce genre de projet?
Vraiment! Je suis chanceuse. Je dois dire que 2022 a été une année particulièrement chargée et remplie de défis, de belles rencontres et de privilèges comme celui-là. J’ai travaillé avec des gens que j’estime beaucoup, des collaborateurs formidables, des artistes inspirants. C’est réellement une grande chance. Je tournerai aussi un autre film sous peu et je jouerai au théâtre à partir du mois d’avril, à La Licorne, dans la pièce Deux femmes en or. Je pense que ce sera une autre belle année. Je suis consciente de ma chance, mais je ne tiens jamais ça pour acquis.
Ta carrière ressemble-t-elle à celle dont tu avais rêvé?
Je pense que je suis dans le moment présent. J’aborde la vie un projet à la fois. J’adore ma carrière, c’est vraiment une priorité pour moi et je suis complètement passionnée, mais je n'ai pas de grands rêves carriéristes. Je suis dans l'art, dans la rencontre, dans le présent. Les projets se multiplent et c'est ce qui fait notre carrière au bout du compteé. C'est dans l'accumulation qu'une carrière se crée. Je veux prendre soin de chaque pièce du puzzle, de ce qui est devant moi, de gens qui sont là.
Revenons aux origines de cette carrière. En as-tu rêvé dès l'enfance?
Oui, c'est arrivé assez tôt considérant que j'ai commencé à jouer à l'âge de 14 ans dans le film Roméo & Juliette. Mais je ne me disais pas que je voulais faire ça plus tard. Je n'étais pas carriériste ou ambitieuse. J'aime beaucoup la poésie et la littérature. La lecture et l'imaginaire étaient très présents et encouragés chez moi. Le jeu est venu naturellement, non pas comme un objectif mais comme une exploration.
As-tu déjà remis ton choix en question?
Non. Je me sens à la bonne place. J'ai l'impression d'être en train de construire quelque chose. Bien sûr, il y a des moments plus difficiles, des pendants plus négatifs, mais je suis trop en amour avec ce métier pour m'attarder à ce qui est imparfait. J'essaie d'embrasser même l'adversité.
Certains artistes disent qu'avec le temps ils arrivent à composer avec l'insécurité et l'inconstance, notamment.
Oui, mais comme dans plusieurs sphères de la vie, j'ai l'impression que ce sont des cycles. Il y a des moments où on vit bien avec ça et d'autres où on peut être très anxieux. Il faut apprendreà accepter ces périodes moins agréables. Je ne pense pas que ce sont des choses qui se règlent. Il faut simplement apprendre à les gérer et à avoir confiance. Être dans le moment présent, ça amoindrit les insécurités qui pourraient survenir, mais on n'est jamais à l'abri de ça. Je pense que c'est une réalité qui fait partie de plein d'autres métiers aussi.
Comment ton choix de carrière a-t-il été perçu par ton entourage?
C'était vraiment un choix personnel avec lequel j'étais bien. Je pense que j'avais envie d'explorer, de me bâtir un langage, une culture, une gang. J'avais envie de me perfectionner. L'école de théâtre m'a permis de prendre des risques et de me développer comme femme. J'étais jeune quand j'ai fait cette école. Instinctivement, je sentais profondément que c'était la voie à suivre.
Tes parents t'ont-ils soutenue dans tes choix?
Oui, absolument. J'ai la chance d'avoir un entourage super présent. Mes parents m'ont toujours encouragée.
Quelles sont tes passions en dehors de ce métier?
J'adore la lecture, le plein air, la cuisine. J'aime beaucoup recevoir. J'ai la chance d'avoir un petit chalet dans la région de Charlevoix. Ça m'occupe. Je me sens très bien dans la nature. Le rapport à la terre me touche beaucoup. Lorsque je ne tourne pas, j'essaie de me remplir de vie, d'art, d'amitié, d'amour.
Tu disais précédemment que 2022 a été exceptionnelle. En quoi l'a-t-elle été?
Ç'a été une année foisonnante, remplie de défis, de retrouvailles aussi. J'ai travaillé sur Les yeux fermés et j'ai eu la chance de le faire avec une grande amie, la réalisatrice Jeanne Leblanc. J'avais participé à son premier film. En fait, 2022 a été remplie de grandes rencontres. Je suis sortie de ma zone de confort à plusieurs reprises. C'était vraiment une belle année.
Après une année aussi formidable, qu'espères-tu pour celle-ci?
Je souhaite vivre une année «groundée» et très créative...
L’Échappée, lundi 20 h, TVA.
L’empereur, mercredi 20 h, Noovo.
Les yeux fermés est disponible sur Tou.TV Extra.
La pièce Deux femmes en or sera présentée du 18 avril au 13 mai au théâtre La Licorne.