«Chanteurs masqués»: un atelier à l'image d'une ruche où on redouble d'efforts

Guillaume Picard
Les artisans qui confectionnent les costumes de la deuxième saison de «Chanteurs masqués» redoublent d’efforts ces jours-ci pour terminer le boulot à temps, les tournages se mettant en branle dans un mois à peine.
Il faut faire vite pour achever les 15 costumes et tout est pensé en fonction du confort. C’est qu’il faut chaud, très chaud, là-dedans. On utilise du tissu extensible qui «respire», mais aussi du matériel ultra léger et de petits ventilateurs fixés dans chaque tête moulée en latex ou thermoformée afin de faire chuter la température. L’idée est que les artistes soient en mesure de donner le maximum pendant leurs numéros chorégraphiés au quart de tour, «Chanteurs masqués» étant après tout un plateau de variété familial proposant des numéros à grand déploiement.


La production a dévoilé la semaine dernière deux nouveaux «personnages», soit Homard le shérif et Cocktail tiki, que les journalistes ont pu voir de près en visitant le lieu de création où s’activent depuis des mois des dizaines de personnes débrouillardes et agiles de leurs mains. On a pu apprendre entre les branches qu’il y aura aussi une «mouche à feu» et un «hérisson» dans la deuxième saison, qui va démarrer en septembre à TVA avec Guillaume Lemay-Thivierge à l’animation.
Il faut en moyenne de 450 à 500 heures pour constituer chaque costume, fait de A à Z dans cet atelier dont le lieu est tenu secret pour maintenir les curieux à distance. Il n’y a que les bottes et les chaussures qui sont achetées dans des commerces – puis modifiées –, aucun cordonnier ne faisant partie de l’équipe dirigée par Patrick Martel, créateur et concepteur des costumes, qui bosse en complicité avec la chef d’atelier Christine Plouffe.
«Il y a beaucoup de travail à faire sur la structure [des costumes], mais aussi, il faut être capable de faire de la soudure, travailler le métal, le bois et la colle pour faire les différentes formes dimensionnelles», a indiqué Patrick Martel.


Un long processus
Produire chaque saison de «Chanteurs masqués» prend du temps, beaucoup de temps. Avant même la fin de la diffusion de la première mouture, l’automne dernier, le producteur au contenu Martin Proulx et son équipe de Productions Déferlantes préparaient la suite. Il fallait dresser une liste de candidats potentiels sachant chanter et entreprendre des négociations, parfois longues, pour les convaincre de plonger dans l’aventure. «On "booke" des gens qui n’ont pas à être la personnalité publique. Quand ils comprennent qu’ils peuvent être sur scène sans être eux, ça les accroche», a-t-il dit.
Cette année, il a fallu patienter jusqu’en avril pour accorder un contrat aux 15 personnalités, ce qui a laissé peu de temps pour l’important travail en studio d’enregistrement, en amont des tournages.


La productrice exécutive Nancy Charest, de Productions Déferlantes, a rappelé tout le «plaisir» que l’équipe a à gérer la confidentialité entourant l’émission. «Juste la logistique des essayages, ça doit être fait dans des endroits totalement confidentiels. Quand les artistes se rendent sur le plateau, il y a plusieurs stratégies pour que les gens ne réalisent pas que l’artiste part de chez lui et quand il arrive au studio, il est masqué», a-t-elle relaté.
Même l’équipe en atelier ne connaît pas l’identité des artistes. Quelques privilégiés sont bien sûr au courant et la création de chaque univers part de la première rencontre avec la personnalité. «L’étape finale, c’est la finition, ce qu’on appelle la "patine", soit les effets d’ombrage et de lumière qui prennent peut-être 5 % du temps de confection, mais qui valent pour près de la moitié du résultat final à l’écran», a dit Patrick Martel.


Le Québec se démarque
Même aux États-Unis, selon l’équipe de «Chanteurs masqués», on n’accorde pas autant de soin aux détails pour les costumes. Encore moins en Corée du Sud, d’où émane le format de «The Masked Singers», où les costumes sont souvent faits en carton.
Au Québec, on met le paquet sur les costumes et la musique, mais aussi sur les mises en scène, avec un côté théâtral plus assumé célébrant tous les arts de la scène. Les enquêteurs qui tenteront de démasquer les personnalités seront de retour, soit Sam Breton, Véronic DiCaire, Anouk Meunier et Stéphane Rousseau, exception faite de Marc Dupré qui reprend du service à «La Voix» comme vétéran coach.