CH: il faut parler du plan
Jean-Charles Lajoie
Le Canadien est de nouveau beau à voir. L’effet St-Louis se fait sentir sur la glace, mais aussi dans les salons et aux guichets.
Le gouvernement Legault en devait une au CH depuis qu’il avait fermé le Centre Bell au public à 120 minutes d’avis le 16 décembre. En devançant du 14 au 12 mars l’abolition du passeport vaccinal et la limitation de spectateurs dans les salles, il a retourné une politesse d’usage à France Margaret Bélanger. Bonne affaire.
Un retour d’ascenseur qui prend tout son sens depuis l’arrivée de Martin St-Louis. Le monde a le goût de se rassembler devant un match du Tricolore. Les détenteurs d’abonnements de saison n’espèrent plus des huis clos et les crédits qui les accompagnent. Les cotes d’écoute sont de nouveau en hausse à la télévision.
Autrement dit, si l’embauche de St-Louis représentait un risque de couler le plan de repêcher premier en juillet, en revanche, elle a redynamisé les revenus de l’organisation et de ses partenaires. La vraie game, c’est là qu’elle se joue. C’est celle que Geoff Molson ne veut absolument pas perdre.
Ce qui nous ramène au fameux plan de Jeff Gorton & Kent Hughes. Un plan qu’une majorité de partisans souhaitaient être de reconstruire de fond en comble l’équipe. De perdre sans relâche, rester dans les bas-fonds du classement, vendre les actifs aux plus offrants et espérer la coupe d’ici cinq ans...
Un plan qui, je le rappelle, n’offre aucune garantie. Et puis il y a eu cette série de cinq victoires de suite. Le sourire et le plaisir retrouvé de Jeff Petry. Les points de presse exhaustifs et rafraîchissants de « Marty ». La recette parfaite pour relancer l’espoir.
Subitement, vous êtes moins nombreux à souhaiter souffrir cinq ans en espérant un défilé de la coupe sur la Catherine...
Le bon danseur
C’est probablement une excellente nouvelle. Parce que je suis loin d’être convaincu que le plan initial de Gorton & Hughes demeure. Pas pour les mêmes raisons toutefois. Je pense que le tandem de haute direction hockey demeure insensible aux colonnes de victoires et défaites. Mais je pense aussi qu’ils constatent que pour chaque mouvement de personnel ils doivent trouver le bon danseur.
Ce n’est pas une mince affaire. Il y a certainement quatre acheteurs dans l’est, peut-être cinq. Au moins cinq sinon six dans l’ouest. Le problème, c’est qu’il y a clairement 11 vendeurs actuellement, dont le Canadien. L’offre est donc supérieure à la demande. Pas une bonne nouvelle pour les vendeurs.
Plafond salarial
L’autre problématique est celle du plafond salarial. On en parle depuis son instauration, mais cette fois-ci c’est délirant de véracité. Le plafond va stagner pour au moins trois saisons, peut-être davantage. La prudence est augmentée dans l’acquisition de gros contrats. Ce sera impossible pour cinq ans de noyer un mauvais contrat dans l’augmentation du plafond salarial. Ce qui exclut avec quasi certitudes Brendan Gallagher des candidats à changer d’adresse. Ça refroidit aussi l’ardeur sur Petry. Et que dire de Carey Price ?
Donc le plan, quel est-il au juste ? J’espère que Gorton & Hughes l’ont écrit à la mine et non à la plume. C’est plus facile à corriger...
COUP DE CŒUR
Aux athlètes ukrainiens qui n’hésitent pas une seconde, qui s’enrôlent et qui défendent au péril de leur vie leur patrie. Cette guerre insensée fragilise le monde libre. Une utopie devenue sinistre réalité. Avec ce que cela nous offre d’héroïques combattants. Bravo aussi aux multiples fédérations internationales qui bannissent temporairement les Russes et Biélorusses des compétitions. Chaque geste compte.
COUP DE GUEULE
À l’ambassade canadienne en Ukraine. Le hockeyeur Lavallois Eliezer Sherbatov, retenu au cœur du conflit à Marioupol, ville portuaire d’entrée des forces russes a écrit à l’aide, recevant comme laconique réponse courriel de se mettre à l’abri en attendant que ça se calme. Son récit est un film troublant. Son dénouement, heureux. Grâce à l’ambassade d’Israël qui, elle au moins a l’urgence.
UN P’TIT 2 SUR...
Une victoire pour le CF Montréal cet après-midi au Stade olympique. Philadelphie a de l’ambition, il faudra se battre farouchement. Mais sur cette surface approximative, dans cette immensité aux repères abstraits... La troupe de Wilfried Nancy est maître du béton. Et puis il faut bien effacer le mauvais résultat d’Orlando la semaine dernière. Kamara aura tout le loisir de soulever la foule. Tous au stade !