«C’était ça le plus gros défi» - André Tourigny
Jean-François Chaumont
André Tourigny savait qu’il embarquait dans un projet à long terme avec les Coyotes.
Quand Bill Armstrong, le nouveau directeur général en Arizona, l’a arraché des 67’s d’Ottawa et d’un rôle important avec l’équipe canadienne, il ne lui a pas fait miroiter la possibilité de diriger une équipe gagnante.
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Les Coyotes ont une stratégie assez claire. Ils ont choisi de reconstruire leur équipe. Ils ont déjà un camion de choix au repêchage pour 2022, avec trois choix de premier tour et cinq autres au deuxième tour.
Le mot reconstruction est également synonyme de patience. Pour Tourigny, c’était un ajustement après des saisons dominantes avec les 67’s dans la Ligue junior de l’Ontario.
«Quand tu arrives avec les 67’s d’Ottawa ou avec Équipe Canada, tu découvres du nouveau monde, mais il y a déjà une cohésion au sein de l’équipe, a raconté Tourigny en entrevue téléphonique au Journal de Montréal. Quand je suis arrivé en Arizona, j’avais pratiquement le sentiment de me retrouver avec une équipe d’expansion. Nous avons fait plusieurs transactions pour construire notre futur. Nous avions besoin de devenir une équipe rapidement, je devais bâtir une chimie. C’était ça le plus gros défi. »
«Quand tu dessines un nouveau système avec une équipe qui joue ensemble depuis longtemps, c’est une chose. Mais quand il y a un paquet de nouveaux joueurs, c’est bien différent. Ça prenait du temps.»
Du temps, il en a fallu beaucoup à Tourigny avant de savourer sa première victoire comme entraîneur en chef dans la LNH. Les Coyotes ont gagné leur premier match cette saison à leur 12e rencontre. Après un départ de 0-10-1, les «Yotes» ont battu le Kraken de Seattle 5 à 4.
«Honnêtement, je ne me souvenais pas que c’était au 12e match, mais je sais que c’était long, a répliqué l’homme de 47 ans en riant. J’ai gardé la rondelle de ma première victoire. Les joueurs m’ont donné la rondelle après le match contre le Kraken. Je la garde en souvenir, elle est dans mon bureau. Mais je ne suis pas un gros collectionneur de bébelles. Je ne suis pas un gars matérialiste : les rondelles, les médailles, ce n’est pas ça le plus important.»
Bâtir une culture
Les Coyotes n’ont rien d’une puissante équipe, mais ils ont déjà franchi de petits pas. Avant leur visite d’hier soir à Denver, ils avaient remporté trois de leurs six derniers matchs. Au classement général, ils se retrouvaient maintenant au 31e rang, quittant la dernière place, maintenant occupée par le Canadien.
Si on espère des jours plus heureux dans le désert de l’Arizona, Tourigny admet qu’il n’est pas toujours facile de jongler avec une formation en reconstruction.
«La théorie reste plus facile que la pratique, a-t-il répliqué. Je sais qu’on est une équipe en reconstruction. Je connais notre mandat. Mais comme coach, je ne peux pas regarder pour demain. Je m’occupe de mon équipe aujourd’hui. Je reste dans le présent. Je sais que c’est un classique, mais je contrôle ce que je peux contrôler. Quand tu prends une pause et que tu regardes le futur, tu fais juste te dire que c’est loin. Ça ne sert à rien de trop y penser. Je travaille aujourd’hui dans l’objectif de construire une bonne équipe pour le futur. »
«Oui, les Coyotes ont un bel avenir et nous avons plusieurs gros choix pour les prochains repêchages, a-t-il enchaîné. C’est bon d’en parler sur le bord de la piscine, mais je ne sais pas ce qui arrivera dans trois ou quatre ans. Je me concentre à bâtir la culture de l’équipe, je ne peux pas laisser glisser le manque d’effort ou l’engagement. Je veux voir des gars qui retirent une fierté à travailler fort et des gars qui poussent dans la même direction. Ça, c’est important puisque ça peut avoir un effet sur les jeunes qui arriveront dans l’équipe. »
Avec un contrat de trois ans en poche, Tourigny aura comme mission de changer la mentalité de cette équipe pour en récolter graduellement les fruits. Et il se croisera les doigts pour rester l’homme de confiance quand l’équipe arrivera à maturité.
Un déménagement... en Arizona
Les Coyotes de l’Arizona finiront par déménager. On entend ce refrain depuis plusieurs années. Mais ça devient de plus en plus une réalité. Ils termineront leur bail avec le Gila River Arena de Glendale à la fin de la prochaine saison.
La situation incertaine des Coyotes ne représente toutefois pas une distraction pour André Tourigny.
«Pour moi, ça ne change rien. La bataille est de savoir où les Coyotes joueront en Arizona. La LNH cherchera à trouver un nouvel endroit en Arizona, pas ailleurs. Moi, je reste à Scottsdale et nous jouons nos matchs à Glendale. Il y avait un projet pour Tempe. On parle de trois villes qui sont à environ 30 minutes en voiture. »
«C’est comme pour un joueur du Canadien qui reste dans le Vieux-Montréal. Il peut se déplacer facilement vers le Centre Bell, mais Laval ou Brossard, ce n’est pas vraiment plus loin.»
«Je ne m’en cacherai pas. Il y a des fois, environ une fois par semaine, je reçois des questions sur la nouvelle rumeur pour notre équipe. Mais malgré cela, ce n’est pas une grande distraction pour l’équipe.»
Un bon marché
Gary Bettman l’a dit plus d’une fois. Il tient à garder les Coyotes en Arizona. Il a montré sa foi envers ce marché à plusieurs reprises dans le passé.
«La clé, c’est la localisation de l’aréna, a dit Tourigny. J’y crois beaucoup aussi au marché de l’Arizona. Il n’y a pas beaucoup de choses à Glendale. Phoenix est l’une des dix plus grosses villes aux États-Unis pour la population. Il y a beaucoup d’argent, plusieurs grosses entreprises et plusieurs Canadiens installés dans cette ville.
«Au Canada, il y a aussi un marché qui a de la difficulté à remplir son aréna et c’est Ottawa. Pourquoi? C’est en raison de la localisation de l’aréna à Kanata. Si une ville canadienne à de la difficulté à vendre ses billets, c’est encore pire pour une ville américaine.»