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«C’est quoi, le plan pour Montréal-Nord»: les parents de Jayson Colin, tué par balle, lancent un cri du cœur

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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-08-30T22:05:39Z
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Ronide Casséus et Robertson Berlus cumulent plus de 30 ans d’expérience en intervention auprès des jeunes de Montréal-Nord et leur famille. C’est toutefois comme victimes qu’ils ont pris la parole, mardi matin. La violence qui gruge le quartier leur a volé leur fils, Jayson Colin, abattu par balle le 10 août dernier. Ils exigent maintenant des réponses.

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Accoudée à une table du HLM Place Normandie, là où elle a vécu avec Jayson pendant plusieurs années, Ronide Casséus a la voix étouffée par les sanglots lorsqu’elle brosse le portrait de son fils unique.

«C’était mon enfant, mais c’était aussi mon meilleur ami et mon confident. On était une équipe, on faisait tout ensemble», se remémore-t-elle.

Une fusillade qui engendre la peur

Le soir du 10 août dernier, Jayson Colin et son groupe d’amis discutaient dans une cour d’école de Montréal-Nord lorsqu’un tireur cagoulé a déchargé son arme sur eux. Trois des jeunes ont été blessés dans l’attaque. Jason, lui, a été tué sur le coup. Il est devenu la 19e victime de meurtres à Montréal cette année.

Inconnu des services policiers, Jayson, âgé de 26 ans, était impliqué dans sa communauté. Adepte de sports, et particulièrement de hockey, il caressait le rêve de fonder un organisme pour rendre ce sport accessible aux jeunes moins nantis de Montréal-Nord.

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Son beau-père, Robertson Berlus, insiste: il avait tout du fils idéal. «Il n’a jamais eu à se sortir de quoi que ce soit. C’était un jeune homme facile à vivre et à raisonner», dit-il. 

Jayson Colin, 26 ans, a été criblé de balles le mercredi 10 août 2022 alors qu'il se trouvait dans la cour de l'école secondaire Lester B. Pearson à Montréal-Nord. COURTOISIE Stefan Verna / CDEC Montréal-Nord
Jayson Colin, 26 ans, a été criblé de balles le mercredi 10 août 2022 alors qu'il se trouvait dans la cour de l'école secondaire Lester B. Pearson à Montréal-Nord. COURTOISIE Stefan Verna / CDEC Montréal-Nord Photo courtoisie, CDEC Montréal-Nord / Stefan Verna

«Je crois que le meurtre de Jayson engendre la peur, parce que les jeunes voient qu’il ne suffit pas d’avoir de bonnes fréquentations pour éviter le danger. Ils se disent: “Si quelqu’un qui n’était impliqué dans rien se fait abattre froidement, on a quelle protection, nous?”», regrette Ronide Casséus.

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«Notre cri de cœur, aujourd’hui, c’est qu’on veut savoir ce qui va être fait pour les autres jeunes comme Jayson. C’est quoi, le plan pour la sécurité urbaine à Montréal? JayJay ne reviendra plus, mais il en reste d’autres», insiste-t-elle.  

Malgré la colère et la peur, Ronide Casséus et Robertson Berlus implorent les jeunes de ne pas se tourner vers la violence.

«Je sais que le lien de confiance avec les autorités est brisé et qu’ils sont frustrés, mais il ne faut absolument pas répliquer par la violence, pas d’acte de vengeance parce que ça ne fait qu’engendrer plus de violence. Quand ça arrive, c’est toute la communauté autour de lui qui paie: ses amis, sa famille, ses collègues. Il y a d’autres solutions», soutient le beau-père de Jayson. 

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Pas que la répression...

La question du rôle des policiers revient inévitablement lorsqu’il est question de violence à Montréal.  

Samedi, Québec a déclaré la guerre aux criminels en débloquant une enveloppe de 250 millions $ sur cinq ans pour renforcer la présence policière sur le territoire de la métropole. 

Dès le début du mois de septembre, le Service de police de Montréal (SPVM) ira également de l’avant avec le «Projet ARRET» – un acronyme pour Action, Répression, Résolution, Engagement, Terrain – afin de perturber les activités des groupes à l’origine des nombreux événements de coups de feu survenus récemment sur le territoire.

La ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault
La ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault Photo Agence QMI, Joël Lemay

Bien qu’il estime que les policiers fassent partie de la solution, pour Robertson Berléus, la répression n’est pas la seule option. 

«Il y a beaucoup d’argent d’injecté dans le service de police. On ne dit pas qu’il ne faut pas de répression, mais il faut comprendre que la plupart des places où des actes de violence se sont produits à Montréal-Nord dans les dernières années, ce sont des endroits où il y a déjà plus de police et plus de caméras. Donc, est-ce que c’est la solution?», questionne-t-il. 

Un problème structurel à Montréal-Nord

Pour pouvoir véritablement s’attaquer au problème de violence, il est essentiel de mieux comprendre ce qui pousse les jeunes vers la violence, souligne-t-il. Mais sur le terrain, les moyens manquent. 

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«Il y a des problèmes structurels à Montréal-Nord [...] Nous ne sommes que trois travailleurs de rue pour tout le territoire», affirme-t-il. 

Et quand du financement est annoncé par l’un ou l’autre des paliers de gouvernement, les effets tardent à se faire ressentir sur le terrain, notamment parce que l’argent ne va pas toujours aux organismes les plus impliqués sur le terrain, croit Ronide Casséus. 

Elle se demande donc : «Est-ce qu'’il y a un réel désir de venir en aide à la jeunesse de Montréal-Nord?» 

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