C’est quoi, au juste, le «tsar du fentanyl» que nommera le Canada pour plaire à Donald Trump?
Sarah-Florence Benjamin
Pour convaincre Donald Trump de suspendre de 30 jours l’application de ses tarifs douaniers de 25%, le Canada a promis de nommer un «tsar responsable de la question du fentanyl» (ou «tsar du fentanyl», pour les intimes). Mais ça mange quoi en hiver, un «tsar du fentanyl»? On vous explique.
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Lundi, Justin Trudeau a annoncé de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité à la frontière avec les États-Unis, en plus du «plan frontalier de 1,3 milliard de dollars» déjà annoncé par le fédéral.
Une de ces mesures consiste à nommer un «tsar du fentanyl».
L’expression, peu connue dans le contexte de la politique canadienne, a de quoi faire sursauter. Elle est surtout utilisée pour dialoguer avec Donald Trump et ne devrait pas apparaître dans l’offre d’emploi officielle du gouvernement canadien.
C’est quoi, un «tsar» ?
Aux États-Unis, le terme «tsar» désigne un haut fonctionnaire d’une branche exécutive responsable de la mise en place d’une politique. Il n’a rien à voir avec les anciens monarques de Russie.
Ces fonctionnaires ne sont pas élus, mais nommés par le président, comme le reste du personnel de la Maison-Blanche. Ils peuvent donc entrer en poste plus rapidement, sans l’accord du Sénat.
Donald Trump n’a pas inventé les tsars: il y en a eu plusieurs dans l’administration Obama, notamment pour prendre en charge des secteurs comme l’énergie et l’environnement, l’industrie automobile ou la présence américaine en Afghanistan. Des tsars ont aussi fait partie des administrations des présidents Bill Clinton et George W. Bush.
Le pouvoir de ces employés de l’État non élus a été critiqué autant par les républicains que les démocrates au fil des années.
Même si les responsabilités officielles du futur «tsar du fentanyl» n’ont pas encore été dévoilées, on peut s’imaginer qu’il sera responsable de superviser les efforts pour enrayer le trafic d’opioïdes à la frontière canado-américaine.
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Trump et ses tsars
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a déjà annoncé la nomination de tsars au sein de sa nouvelle administration.
En novembre dernier, il a désigné Tom Homan, l’ancien directeur du United States Immigration and Customs Enforcement (ICE), comme «tsar des frontières». Ce dernier serait responsable de «toutes les déportations d’immigrants illégaux vers leur pays d’origine», selon Trump.
En décembre, Donald Trump a aussi déclaré sur Truth Social que l’ancien directeur des opérations chez PayPal David Sacks deviendrait son «tsar de l’intelligence artificielle (IA) et de la cryptomonnaie». Il aurait le mandat d’établir le cadre juridique permettant aux entreprises de ce secteur de prendre de l’expansion selon les dires du président.
– Avec les informations de CBS, Reuters et Al-Jazeera