Cessez-le-feu à Gaza: nouvelle tentative au Conseil de sécurité de l'ONU
Agence France Presse
Dix jours après un veto américain, le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait se prononcer lundi sur un nouveau texte appelant à une «cessation urgente et durable des hostilités» à Gaza, au moment où Washington montre des signes d'impatience face à son allié israélien.
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Le vote, programmé initialement lundi à 15H00 (20H00 GMT), a été reporté officiellement à 17H00 (22H00 GMT) mais pourrait encore être repoussé, peut-être à mardi, pour permettre la poursuite des négociations et éviter une nouvelle impasse pour le Conseil, ont indiqué lundi des sources diplomatiques à l'AFP.
Le 8 décembre, malgré la pression inédite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, les États-Unis avaient bloqué au Conseil l'adoption d'une résolution appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Gaza où l'armée israélienne poursuit ses frappes meurtrières en représailles à l'attaque sanglante sans précédent du Hamas du 7 octobre.
La semaine dernière, l'Assemblée générale a elle adopté cette même résolution, non contraignante, par 153 voix pour, 10 contre et 23 abstentions, sur 193 États membres.
Fort de ce soutien écrasant, les pays arabes ont annoncé une nouvelle tentative au Conseil de sécurité, à l'issue incertaine.
Le nouveau projet de texte préparé par les Émirats arabes unis, vu par l'AFP, «appelle à une cessation urgente et durable des hostilités pour permettre un accès sans entrave de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza».
Il exige en particulier que les parties au conflit facilitent l'entrée et la distribution de l'aide humanitaire dans toute la bande de Gaza, «par la terre, la mer et les airs».
Le projet affirme également son soutien à la solution à deux États et «souligne l'importance d'unifier la bande de Gaza et la Cisjordanie sous l'égide de l'Autorité palestinienne».
«Plus de souffrances»
Comme le précédent et celui adopté par l'Assemblée générale, ce texte ne nomme pas le Hamas, une absence systématiquement fustigée par les États-Unis et Israël. Il condamne en revanche «toutes les attaques aveugles contre les civils», «tous les actes de terrorisme», et réclame la libération des otages.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le Conseil est sous le feu des critiques, n'ayant réussi qu'à adopter mi-novembre un texte appelant à des «pauses humanitaires». Cinq autres projets de résolution ont été rejetés, dont deux en raison de veto américains.
Le président Joe Biden a depuis estimé qu'Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements «aveugles» sur la bande de Gaza.
«Les États-Unis devraient appuyer ces paroles en agissant au Conseil de sécurité pour mettre la pression sur Israël et les groupes armés palestiniens pour qu'ils respectent le droit international humanitaire et protègent les civils», a commenté Louis Charbonneau de Human Rights Watch.
«Toute utilisation du droit de veto signifierait plus de morts, plus de famine, plus de souffrances», a ajouté lundi la secrétaire générale d'Amnesty International Agnès Callamard, appelant Washington à soutenir le texte.
Les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, mais régulièrement ignorées par les pays concernés.
Après l'attaque du 7 octobre qui a fait, selon les autorités israéliennes, environ 1 140 morts, en majorité des civils, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l'assiégeant et menant une vaste opération terrestre depuis le 27 octobre.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 19 453 morts depuis le début de la guerre.
«Face à de telles atrocités, il n'y a qu'une seule position morale, une seule position défendable: un cessez-le-feu maintenant», a plaidé vendredi l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour à la tribune de l'Assemblée générale.
«Appeler à un cessez-le-feu maintenant, alors que (les otages) sont toujours détenus, est la chose la plus immorale», lui a répondu son homologue israélien Gilad Erdan.