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Ces locataires doivent dépenser la plus grande part de leurs revenus pour se loger

photomontage: Julie Verville
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Photo portrait de Guillaume Cyr

Guillaume Cyr

3 février 2023
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Des pourcentages de 60%, 70% et 90%: dans le contexte de la crise du logement et des augmentations de loyer, plusieurs locataires doivent débourser la majeure partie de leurs revenus dans le prix du logement. Ils dépassent ainsi largement le ratio maximum de 30% à accorder à leur logis, comme cela est recommandé par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). C’est le cas d’un locataire qui devra réserver en juillet prochain pas moins de 60% de sa rentrée d’argent mensuelle pour son appartement.

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Claude Chénier, qui habite dans un 5 pièces et demie à Saint-Jérôme, a eu une bien mauvaise surprise au mois de janvier dernier: son propriétaire lui a envoyé un avis d’augmentation de loyer de 355$, ce qui portera son loyer à 1610$ en juillet prochain.  

Comme il habite dans un immeuble qui a été construit il y a moins de cinq ans, la clause F de son bail l’oblige à accepter l’augmentation de loyer, sans quoi il doit quitter le logement.  

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Même s’il fait un «bon salaire» de près de 3500$ par mois comme informaticien, c’est 60% de ses revenus mensuels qui sont utilisés pour se loger, en prenant en compte une pension familiale de 800$ qu’il doit aussi débourser chaque mois.  

«Et après ça, j’ai pas encore payé la nourriture, je n’ai pas mis l’essence pour la voiture... je ne peux plus acheter rien pour moi», s’inquiète l’homme dans la cinquantaine.   

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Partir ou rester? 

Claude Chénier se demande maintenant s’il va partir ou rester dans son logement actuel. L’idée de déménager ne lui déplaît pas, mais les logements se font rares à Saint-Jérôme: le taux d’inoccupation, qui représente le nombre de logements disponibles, y est de 0,7%, soit l’un des plus faibles de toute la province, selon les données de la SCHL. 

Un chiffre bien en deçà du seuil d’équilibre du marché de 3% défini par l’organisme national d’habitation.  

Depuis qu’il a reçu son avis d’augmentation de loyer, il tente de contacter – sans succès – le propriétaire pour justifier cette importante augmentation. «Je comprends que c’est un nouveau logement et je m’attendais bien à une augmentation de 50$. Mais pas de 300$. Et je n’ai rien à me reprocher», déplore-t-il. Il revendique ainsi l’abolition de la clause F pour éviter son utilisation abusive.   

M. Chénier n’est d’ailleurs pas le seul dont le loyer accapare une grande partie de ses revenus. Sur une page Facebook de discussion sur le logement, une bonne dizaine de locataires ont dit dépenser 35%, 50% voire 90% de leurs revenus sur le prix du loyer.  

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«Avec l’inflation des derniers mois, on en arrache», déplore une mère de famille  

Karine Lacroix, une mère de famille monoparentale de Granby, n’a eu d’autre choix que d’emménager dans un 4 pièces et demie à 850$ par mois à l’automne dernier. Son seul revenu est de 1600$ par mois comme préposée aux élèves handicapés à l’école primaire de ses jumelles. La résidente de Granby consacre environ 53% de ses revenus pour se loger, indique celle qui ne reçoit pas de pension de la part du père. «Avec l’inflation des derniers mois, on en arrache», ajoute la mère de famille.  

La locataire Karine Lacroix
La locataire Karine Lacroix Courtoisie

Elle cherchait au départ un logement moins dispendieux, mais il n'y a rien de disponible dans cette municipalité où le taux d’inoccupation est de 0,4%, selon le dernier rapport de l’état du marché locatif de la SCHL. Cette dernière espère que son propriétaire ne lui enverra pas une augmentation de loyer cette année.   

Mme Lacroix s’est aussi indignée de voir sa candidature être refusée par un propriétaire pour un logement de grandeur 4 1⁄2 en raison de ses deux enfants, ce qui représente un motif discriminatoire, selon la Commission des droits de la personne. 

«Sur les groupes de logements à louer à Granby, il y a aucun logement à louer. Ce sont seulement des gens qui recherchent un logement à louer», constate-t-elle.   

Devant l’impasse, les locataires interrogés n’ont d’autre choix que de garder un budget très serré de leurs dépenses et de couper dans le non essentiel pour joindre les deux bouts.  

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