«J’ai beaucoup d’amis qui sont en train de se battre à la minute où on se parle»: des jeunes montréalais tiennent tête à Poutine
Julien Bouthillier
Alors que la guerre sévit en Ukraine, plusieurs centaines de Québécois, pour la plupart d’origine ukrainienne ou russe, se sont rassemblés dans une ambiance de paix et d’espoir samedi devant le consulat de la Russie, à Montréal. Le 24 heures s’est rendu sur place afin de savoir quel message ils voulaient faire passer au reste du monde.
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La guerre de Poutine
Jacqueline Delia Yocka, 25 ans, née en Russie d’un père congolais et d’une mère russe, est venue dénoncer les attaques menées par le pays qui l’a vue naître.
«Il y a un système de propagande en Russie qui est en cours depuis 20 ans, donc il y a des gens surtout dans les régions éloignées qui croient que c’est une juste cause». Elle estime que Vladimir Poutine est responsable de cette guerre et que celle-ci doit prendre fin. C’est d’ailleurs le message porté par l’ensemble des manifestants rencontrés par le 24 heures: la paix doit être rétablie.
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Voir ses amis prendre les armes
«J’ai beaucoup d’amis qui sont en train de se battre à la minute où on se parle», affirme sans détour au 24 heures Sergiy Pavlenko. L’étudiant de 25 ans n’a pas trop la tête à ses examens de mi-session ces jours-ci.
«C’est très difficile de regarder ça de l’autre côté de l’océan. On ne peut pas vraiment directement faire quelque chose pour participer». Il s’est donc donné pour mission de communiquer l’information et de sensibiliser les gens à ce qui se passe, notamment via les réseaux sociaux. Selon lui, la population ici n’est pas assez sensibilisée à la gravité de la situation.
Inquiète pour ses grands-mères
Margaryta Misko a 19 ans. Elle est née en Ukraine, mais elle a grandi au Québec. C’était important pour elle d’être présente au rassemblement afin de démontrer sa solidarité avec les gens qui souffrent dans son pays.
«On doit soutenir notre pays pour que la guerre s’arrête au plus vite», affirme-t-elle. Margaryta s’inquiète pour ses grands-mères, qui vivent toujours dans la ville portuaire de Nikolaïev. Elles sont réfugiées dans le sous-sol de leur immeuble pour fuir les bombes et les fusillades, raconte-t-elle.
Au moment de s’entretenir avec le 24 heures, Margaryta venait tout juste d’apprendre qu’un incendie s’était déclaré tout près d’où vivent ses grands-mères.
Margaryta souhaite que ce «conflit de politiciens» cesse et que les pays impliqués se rencontrent rapidement. Le peuple ukrainien n’a rien demandé de tout ça, affirme-t-elle.
En colère contre la propagande de Poutine
Liia Klimento est d’origine russe; elle est établie au Québec avec sa famille depuis 8 ans. Étudiante au cégep, elle nous confie qu'elle n'a pas eu la force d’aller à l’école cette semaine tant elle est bouleversée par la guerre.
«J’ai juste vraiment peur», laisse-t-elle tomber. Elle tenait à être présente samedi afin de témoigner sa colère contre les actions de Vladimir Poutine.
«Il y a beaucoup de personnes, de nations qui ont souffert à cause de Poutine», dit-elle. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé sa famille à émigrer: «Sous le règne de Poutine, ce n’était pas une très belle vie», se souvient-elle.
Elle s’inquiète aussi pour les membres de sa famille toujours en Russie: «Il y a beaucoup de propagande à la télévision, ils sont maintenus dans un état de peur», dénonce-t-elle. «Les gens sont réduits au silence, ils ont peur de sortir dehors, ils ont peur d’aller manifester parce qu’ils se font arrêter».