Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Ces dossiers à l'origine des tensions Canada-Chine

AFP
Partager

AFP

2023-06-15T07:00:01Z
Partager

Le Canada a gelé sa participation à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) après les accusations d'un ex-responsable canadien de cette institution, réponse chinoise au FMI et à la Banque mondiale. 

L'ancien responsable accuse la structure de financer principalement des projets présentant un intérêt pour Pékin.

Ce nouveau contentieux entre la Chine et le Canada est le dernier épisode de relations tendues entre les deux pays depuis cinq ans.

Arrestation de Meng Wanzhou

Les relations entre Pékin et Ottawa ont commencé à se détériorer avec l'arrestation fin 2018 par le Canada, sur demande américaine, de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant privé chinois des télécoms Huawei.

Après trois ans d'assignation à résidence à Vancouver, Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe Huawei, a finalement retrouvé la liberté fin 2021, et échappé à une extradition vers les États-Unis qui voulaient la juger pour fraude bancaire, en application des sanctions imposées à l'Iran.

Mme Meng a depuis pris la présidence tournante de Huawei.

Les deux Michael

Quelques jours après l'arrestation de Meng Wanzhou, deux Canadiens, Michael Spavor, un homme d'affaires, et l'ex-diplomate Michael Kovrig, étaient arrêtés en Chine, une mesure alors largement perçue comme des représailles.

Mme Meng et les deux Canadiens n'ont regagné leurs pays respectifs qu'après la conclusion d'un accord entre la justice américaine et la responsable de Huawei, dans lequel elle a reconnu avoir fait de «fausses déclarations». Les deux Canadiens auront passé plus de 1000 jours en détention.

Publicité

La justice américaine a définitivement refermé les poursuites contre Meng Wanzhou en décembre 2022.

Traitement des Ouïghours

Les critiques de plus en plus affirmées d'Ottawa contre les violations présumées des droits de l'homme par la Chine ont contribué à dégrader un peu plus les relations entre les deux pays.

En 2021, les députés canadiens ont adopté une motion assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure dans le cadre de sa lutte antiterroriste à «un génocide». Pékin a qualifié cette initiative de «provocation malveillante».

En février, le Parlement canadien a également voté en faveur d'une motion visant à accueillir 10.000 réfugiés ouïghours qui ont fui la Chine et continuent d'être «intimidés» par Pékin.

Bataille de la tech

En mai 2022, le gouvernement canadien a annoncé qu'il allait bannir les géants chinois des télécommunications Huawei et ZTE du déploiement de son réseau 5G.

Huawei avait déploré une «décision politique regrettable» qui ne pouvait pas être justifiée par des «raisons de cybersécurité».

En février, le Canada a rejoint les Etats-Unis et la Commission européenne en interdisant l'application TikTok des appareils mobiles qu'il fournit à son personnel.

Brouille Xi-Trudeau

Le climat de défiance entre les deux pays a éclaté au grand jour en novembre 2022 lors d'une brouille entre le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président chinois Xi Jinping lors d'un sommet du G20 en Indonésie.

Des images prises par des reporters montraient M. Xi réprimander M. Trudeau, de façon cordiale mais ferme, après la fuite supposée dans la presse de détails d'un entretien la veille entre les deux hommes.

Publicité

Le premier ministre canadien disait avoir évoqué lors de cette rencontre «la question de l'ingérence» présumée de la Chine dans ses systèmes démocratique et judiciaire.

Diplomates expulsés

Les relations n'ont cessé de s'envenimer depuis.

M. Trudeau a nommé en mars un ancien gouverneur général pour enquêter sur les allégations d'ingérence chinoise dans les deux dernières élections fédérales.

En mai, le quotidien canadien Globe and Mail publiait un article estimant que le gouvernement avait fermé les yeux sur l'ingérence de Pékin dans les affaires canadiennes.

Le député canadien conservateur Michael Chong et sa famille auraient ainsi subi des pressions chinoises en raison des critiques du parlementaire envers Pékin - notamment sur la question des Ouïghours.

En représailles, Ottawa avait expulsé dans la foulée le diplomate chinois Zhao Wei, soupçonné d'être au cœur des tentatives d'intimidations. La Chine avait répliqué en faisant de même avec la consule du Canada à Shanghai, Jennifer Lynn.

Influence

Un ex-responsable canadien de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), basée à Pékin et créée à l'initiative de la Chine, accuse la structure de servir les intérêts chinois et d'être dominée par des membres du Parti communiste chinois (PCC).

La ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, annonce qu'Ottawa «cessera immédiatement toutes ses activités au sein de la Banque».

Publicité
Publicité