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L'article provient de Le Journal de Montréal

Ce que veut dire «vivre avec le virus»

Reprendre une vie normale n’arrivera pas de sitôt, selon des spécialistes consultés par Le Journal

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2021-12-05T05:00:00Z
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L’arrivée d’un nouveau variant de la COVID-19 a eu l’effet d’une douche froide pour d’innombrables Québécois, qui rêvent d’un retour à une vie normale. Après presque deux ans de pandémie, les autorités répètent qu’il faut « vivre avec le virus », et selon les experts consultés par Le Journal, cela signifie aussi de prendre son mal en patience et « d’apprendre à l’éviter ».

Il pourrait s’estomper  

L’épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) Gaston De Serres explique que lors d’une première infection, le virus de la COVID-19 peut être très sévère. Mais il ajoute que le risque de complications est beaucoup plus faible lors d’une réinfection. La même situation se produit avec les virus hivernaux que notre corps prend l’habitude d’affronter une fois adulte, illustre-t-il.

Par contre, il ne faut pas minimiser les risques de la « COVID longue », poursuit-il. 

Le directeur de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), André Veillette, souligne aussi que des médicaments viendront éventuellement s’ajouter à l’arsenal contre le virus.

« Les vaccins sont importants pour conserver une protection », indique-t-il, ajoutant qu’une troisième dose est inévitable. 

La lutte au coronavirus pourrait aussi prendre la forme d’une dose de rappel annuelle. 

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Le masque est là pour de bon  

Photo Adobe Stock
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« Le masque, on va le garder dans nos sacs pendant longtemps [...]. C’est le moyen de protection qu’on va garder le plus longtemps avec nous », souligne l’épidémiologiste Nimâ Machouf.

Sans nécessairement le porter constamment, elle estime qu’il restera un outil lorsqu’une personne se retrouvera dans un endroit qu’elle croit mal ventilé ou trop achalandé.

Car le virus se transmet essentiellement dans l’air, rappelle-t-elle, et non sur les surfaces souillées, par exemple.

« Il y a deux ans, on regardait les gens avec des masques de travers. Mais aujourd’hui, ce sont des gens perçus comme responsables et qui veulent protéger ceux autour d’eux. Ça ne m’étonnerait pas que ça reste dans les mœurs », ajoute Roxane Borgès Da Silva, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. 

Moins de voyages  

Photo Adobe Stock
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« Voyager, c’est maintenant s’exposer à plus de risques. Des risques pour sa santé, mais financiers aussi », fait valoir Mme Borgès Da Silva.

Elle cite en exemple le besoin d’allonger--- un séjour de deux semaines en cas d’infection pour s’isoler, les coûts hospitaliers, les absences du travail.

L’apparition du variant Omicron a subitement entraîné la fermeture de certaines frontières, une situation qui pourrait être appelée à se reproduire.

« Nous n’aurons pas d’immunité collective tant que 80 % du monde [entier] ne sera pas vacciné », rappelle la Dre Machouf. 

Ne pas compter sur les tests rapides  

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

Pour la Dre Nimâ Machouf, même si le test rapide est un bon moyen de déceler la COVID-19, il coûte encore trop cher ici pour être déployé à grande échelle. Elle croit qu’à environ 10 $ le test, aucun événement ne l’ajoutera à sa trousse.

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Le gouvernement québécois a annoncé qu’ils seront désormais disponibles en milieu scolaire. Une bonne idée, croit la Dre Machouf, qui souligne que des millions de ces tests dorment sur les tablettes et qu’il vaut mieux les prendre avant qu’ils soient périmés.

Pour André Veillette, si le prix de vente vient à baisser comme en Europe, les tests rapides pourraient devenir plus répandus. 

Surfer sur les vagues  

Photo Pierre-Paul Poulin / JDM
Photo Pierre-Paul Poulin / JDM

Depuis deux ans, la COVID-19 apparaît par vagues et le chercheur André Veillette estime qu’il faudra les surveiller pour dicter les comportements à adopter.

Lorsque le virus circule peu, les gens pourraient laisser faire le masque, par exemple. Et lors d’un retour du virus, le passeport vaccinal pourrait reprendre du service.

Il sera donc nécessaire que les autorités de santé publique continuent de faire une surveillance épidémiologique, que ce soit par des tests ou dans les eaux usées pour déceler la présence du virus.

« Vivre avec le virus, c’est d’apprendre à l’éviter, mais si jamais tu le rencontres, d’être le plus protégé possible », mentionne-t-il, que ce soit en portant le masque ou en étant vacciné, notamment.

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