Ce qu'on sait sur les 10 000 maisons abordables que Québec solidaire promet d'acheter
Patrick Bellerose
Un gouvernement solidaire achèterait 10 000 maisons ou condos en quatre ans pour les revendre en moyenne 25% moins cher. Voici ce qu'il faut savoir sur la proposition de Québec solidaire.
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Un rabais de 25% pour 10 000 maisons
Un gouvernement solidaire achèterait 10 000 maisons au Québec dans un premier mandat pour les revendre en moyenne 25% moins cher. C'est ce qu'a promis le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, lundi, afin de s'attaquer à la crise du logement.
L'État propriétaire des terrains
Pour faire diminuer le prix des propriétés, l'État québécois demeurerait propriétaire du terrain, explique QS. Cette proposition s'inspire d’un modèle américain de fiducie foncière communautaire.
Au moment de vendre la propriété, l’acheteur devrait retourner la maison à l’État, pour un profit déjà convenu d’avance. Il paierait également un loyer «modique» pour couvrir les taxes foncières.
Ce modèle est apparu aux États-Unis dans les années 1970. Il s’est surtout développé dans le nord-est des États-Unis, notamment à Burlington (Vermont).
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Une mesure évaluée à 1 milliard $
Les maisons seraient achetées grâce à la création d’un fonds de 1 milliard $, administré par la Société d’habitation du Québec (SHQ) et géré par des organismes locaux.
Québec solidaire n’a pas encore précisé à quels critères devraient répondre les maisons et les condos rachetés par l'État.
Un fonctionnement à déterminer
QS n'a pas non plus expliqué comment les acheteurs chanceux seraient choisis pour bénéficier de ce rabais de 25% sur le prix régulier d’une maison. Gabriel Nadeau-Dubois assure que ce programme s'adresserait en priorité aux premiers acheteurs. Il a toutefois refusé de parler d’un système de loterie.
«Ce n’est pas la job du gouvernement du Québec de décider, un par un, qui va avoir une maison», a-t-il insisté.
Des organismes locaux seront chargés de déterminer les règles, explique-t-il.
Ce qu’ils ont dit
CORPIQ
Le directeur des affaires publiques de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), Marc-André Plante, reconnaît que de plus en plus de locataires doivent mettre de côté le «rêve d’acquérir» une première propriété.
Selon lui, la proposition de Québec solidaire, bien que louable, n'est pas la bonne. Il préférerait que l'enveloppe de un milliard $ promise par la formation politique soit investi dans la construction d' maximum de nouvelles constructions abordables.
«L’idée telle que proposée va causer une surchauffe immobilière et une hausse accélérée des loyers − ce qui n’est pas l’objectif de Québec solidaire − qui est d’aider à accéder à la propriété, estime Marc-André Plante. Le milliard va bénéficier à seulement 10 000 ménages.»
FRAPRU
La porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, juge que «ce n’est pas une mauvaise annonce», mais que l’important pour freiner la crise du logement est de rattraper le retard sur la construction de logements sociaux.
«On se réjouit surtout de leur promesse de construire 50 000 logements sociaux, qui donneront un bon coup de pouce aux locataires à faible revenu», dit-elle.
APHQ
L’association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APHQ) estime que 100 000 logements devraient être construits pour freiner la crise du logement. L’APHQ ne préfère toutefois pas commenter l’annonce de QS.