Voici tout ce qu’il faut savoir pour comprendre le deuxième procès en destitution de Donald Trump
Gabriel Ouimet
- Le deuxième procès en destitution de Donald Trump s'est ouvert mardi après-midi
- L'ex-président républicain est accusé d’«incitation à l’insurrection»
- Il est aussi le premier président à être accusé deux fois de «crimes et délits majeurs»
La saga Donald Trump se poursuit avec l’ouverture de son second procès en destitution. Hors norme jusqu’à la fin (et plus encore!), il devient le premier président à subir un procès en destitution alors qu’il n’est plus en fonction. Il est aussi le premier président de l’histoire à être accusé deux fois de «crimes et délits majeurs». Tout un exploit!
Voici tout ce que vous devez savoir pour comprendre le nouveau procès en destitution de l’ex-président républicain Donald Trump.
1- De quoi est-il accusé, au juste?
Donald Trump est accusé d’avoir encouragé ses partisans dans l’assaut du Capitole, le 6 janvier dernier, alors que s’officialisait la victoire de Joe Biden au Congrès. Le soulèvement, filmé et abondamment diffusé sur les réseaux sociaux, a fait cinq morts, dont un policier du Capitole, en plus de faire une centaine de blessés chez les policiers.
Le seul chef d’accusation retenu contre Trump est celui d’«incitation à l’insurrection». En gros, il aurait influencé le soulèvement contre le pouvoir pour le renverser.
Bien sûr, The Donald n’a pas participé lui-même à l’attaque du Capitole. On lui reproche plutôt son refus obstiné de respecter une transition pacifique du pouvoir, et ce, avant même l’élection, et son discours enflammé livré quelques minutes à peine avant l’invasion.
2- Il n’est plus en poste... Pourquoi le destituer?
Pourquoi les démocrates veulent-ils destituer l’ancien président, alors qu’il n’est plus au pouvoir? Il y a une raison officielle et une raison officieuse, selon Loïc Tassé, chroniqueur au Journal.
«La raison officielle que donnent les démocrates, c’est surtout de l’empêcher d’avoir des postes à l’avenir», explique-t-il. Les démocrates veulent que le président soit tenu responsable de ses actions dans les derniers mois et les dernières semaines de son mandat.
La deuxième raison s’inscrit dans la bataille d’influence que se livrent les deux principaux partis dans l’opinion publique. «Les démocrates veulent enfoncer le clou au maximum pour discréditer les républicains dans l’opinion publique», avance le politologue.
Le travail en vue des élections de 2022 est donc déjà commencé!
3- Pourrait-il être déclaré coupable?
Il est peu probable que Donald Trump soit reconnu coupable. La raison est fort simple: les électeurs républicains restent extrêmement fidèles au 45e président des États-Unis. Les sénateurs républicains ne veulent donc pas se les mettre à dos en votant en faveur de la destitution de l’ex-locataire de la Maison-Blanche.
Pour que Donald Trump perde son procès, il faudrait que les deux tiers des 100 sénateurs votent en faveur de son inculpation, ce qui veut dire 67 sénateurs au total (si tout le monde vote).
Sans surprise, les 50 sénateurs démocrates ont indiqué qu’ils voteraient en ce sens. Mais seulement cinq républicains devraient voter contre Donald Trump, dont Mitt Romney. Le sénateur de l’Utah avait été le seul républicain à voter en faveur de la destitution du président lors du premier procès, l’an dernier.
Il manque donc 12 votes républicains pour que Donald Trump soit jugé coupable.
4- Quelles conséquences pour Trump et les républicains?
Le procès en destitution n’est pas un procès criminel. Ce que risque Donald Trump, c’est de ne plus pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de 2022, ou de ne plus pouvoir occuper un poste au sein d’une future administration.
Les conséquences pourraient toutefois être importantes pour le Parti républicain, croit Christophe Cloutier-Roy, chercheur à l’Observatoire sur les États-Unis, de la Chaire Raoul-Dandurand. «Si Donald Trump ne peut pas se représenter, il y aurait une lutte à terminer au sein du Parti républicain parce que les divergences sont intenses entre ceux qui voudraient opérer une continuité avec Donald Trump et ceux qui voudraient s’en dissocier pour revenir au Parti républicain d’avant Trump.»
Si le parti se dissocie de l’ère Trump, comment faire pour rejoindre les millions d’électeurs qui l’ont porté au pouvoir? «Il ne faut pas oublier que le succès de Donald Trump aux deux dernières élections était dû en grande partie à des gens qui n’allaient pas voter auparavant. Ces gens-là ne votaient pas tant pour le parti que pour Trump lui-même.»
La perte du milliardaire pourrait donc faire fuir les trumpistes du navire républicain et le faire sombrer.
5- Qui défend Trump?
Qui sont les deux avocats de la défense de Donald Trump?
- Bruce Castor, un ancien procureur connu pour avoir refusé de porter des accusations contre Bill Cosby, une dizaine d’années avant que celui-ci soit condamné pour agression sexuelle
- David Schoen, qui a représenté l’ancien conseiller de longue date du président, Roger Stone, ainsi que Jeffrey Epstein, qui était accusé de trafic sexuel
David Schoen, Attorney to President Donald Trump on the Democrats impeachment WITCH HUNT:
— Trump War Room (@TrumpWarRoom) February 2, 2021
"This is a very, very dangerous road to take with respect to the First Amendment..."
"It's also the most ill-advised legislative action I've ever seen in my lifetime." pic.twitter.com/JXDLtBTX3s
Voici sur quels arguments reposera la défense de Donald Trump, selon M. Cloutier-Roy.
Un procès anticonstitutionnel
«Le premier point est que le procès n’est pas constitutionnel parce qu’il n’était plus président: il ne peut donc pas faire face aux accusations qui lui sont reprochées dans le cadre de son discours du 6 janvier.»
Liberté d’expression
La défense prévoit d’évoquer le premier amendement au nom de la liberté d’expression. On ne pourrait donc pas le juger pour ses propos. «Le 45e président a exercé son droit au premier amendement de la Constitution pour exprimer sa conviction que les résultats des élections étaient suspects», indique un extrait du mémoire préparatoire de la défense.
Un procès précipité
Finalement, ses avocats reprochent aux démocrates d’avoir voulu précipiter le procès, le privant ainsi du droit à une procédure équitable.