Ce comédien qu'on a vu dans «District 31» écope de 42 mois de prison pour avoir agressé des femmes dans leur sommeil
Camille Payant
Un comédien qui avait agressé sexuellement deux femmes dans leur sommeil a écopé de trois ans et demi de prison, même si le juge estimait que cette sentence «excessivement clémente» était «sur le seuil de la déraisonnabilité».
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«Si les avocats m’avaient laissé la discrétion de rendre la sentence, elle aurait été beaucoup plus sévère que celle suggérée aujourd’hui», a martelé lundi le juge Manlio Del Negro en entérinant la peine suggérée par le procureur de la Couronne et l’avocate d’Émile Beaudry.
C’est que les juges doivent entériner les suggestions communes entre les parties sauf si elles sont déraisonnables, en vertu d’une décision de la Cour suprême.
L’acteur, qui n’a tenu que quelques petits rôles dans des téléséries québécoises dont District 31, avait été reconnu coupable de quatre agressions sexuelles l’été dernier.
Le juge Del Negro a souligné au palais de justice de Montréal que ce dossier était «l’une des causes les plus répréhensibles de [s]a carrière de juriste».
«L’accusé a utilisé la violence sexuelle pour se venger contre ses partenaires intimes. [...] Il ne voulait pas faire l’amour, il a fait ça dans le but de les déshumaniser, de les mépriser», a-t-il précisé.
Pendant qu’elle dormait
Émile Beaudry, 43 ans, avait eu des relations sexuelles non consensuelles à deux reprises avec la première victime alors qu’elle dormait.
«Rendors-toi, t’es tellement belle, ça ne sera pas long», avait-il répondu à la femme, lorsqu’elle s’est réveillée et lui a demandé d’arrêter.
Le comédien a admis s’en vouloir de l’avoir «blessée» lors d’échanges textos après leur rupture.
Mais cela ne l’a toutefois pas empêché de répéter à deux reprises ces actes, qualifiés d’«égoïstes, brutaux et cruels» par le juge, avec une autre partenaire intime.
La femme a décidé de couper les ponts au lendemain de la deuxième agression, puisqu’elle avait averti l’accusé que si un incident semblable survenait à nouveau, «ça ne passerait pas», avait-elle témoigné au procès.
Plus en sécurité
Les deux victimes ont finalement décidé de porter plainte en 2019, après avoir réalisé qu’elles avaient vécu des agressions similaires.
Elles ont toutes deux témoigné craindre encore de ne pas être en sécurité chez elles, dans leur chambre.
«La peur du viol est devenue envahissante et influence mes choix», a souligné la première victime, qui souffre d’un stress post-traumatique.
Lors du procès, le comédien soutenait que les victimes étaient consentantes aux activités sexuelles. Cette version «improbable», «opportuniste et contraire au bon sens» tranchait avec les textos mis en preuve, selon le juge Del Negro.
«Vous êtes un bon manipulateur qui se pense plus fin, plus beau et plus intelligent que les autres. [...] Mais vous ne m’avez pas dupé», a-t-il souligné.
«Vous allez avoir votre cadeau de Noël aujourd’hui. La sentence est un cadeau que la société vous fait», a souligné le magistrat peu avant qu’Émile Beaudry écope de 42 mois de pénitencier et se fasse passer les menottes devant une salle d’audience comble.
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