Catherine Trudeau revient sur la fin de tournages des Moments parfaits
Daniel Daignault
Catherine Trudeau est l’une de nos plus brillantes actrices, une passionnée qui aime relever les beaux défis que lui offre son métier, comme de jouer sur scène l’an prochain aux côtés de Marc Messier. Mais saviez-vous qu’elle trouve également une grande satisfaction à écrire et imaginer des histoires pour un jeune public? Elle a déjà publié plusieurs livres destinés aux jeunes, et un nouvel ouvrage fera son entrée en librairie dans les prochains mois.
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Catherine, à la fin du mois de juin, tu as tourné les dernières scènes de la série Les moments parfaits. As-tu ressenti un petit pincement au cœur?
Oui, nous avons terminé, et ç’a été une journée bien émotive, mais agréable. Nous avons tourné au parc Laurier, à Montréal, il faisait beau et chaud. Il y avait beaucoup d’enfants, des gens qui faisaient des pique-niques, et nous avons partagé cette journée avec eux. Nous sommes ensuite allés prendre des petites bulles avec des chips tous ensemble pour terminer la journée. J’étais émue, car nous disons au revoir à beaucoup de choses, à toute une équipe, mais nous allons continuer à vivre avec le public parce que l’émission sera diffusée de septembre à décembre. Il reste encore 13 épisodes, les gens vont continuer de m’en parler tout l’automne. Mais là, je disais au revoir à ma gang d’acteurs et de techniciens. Il y a eu plusieurs moments d’émotion, mais aussi de fierté et de joie, parce que nous sommes reconnaissants de vivre ça. Mais oui, j’ai versé quelques larmes.
C’est aussi un peu un deuil de devoir dire adieu à un personnage comme celui de Catherine?
Oui, parce qu’elle me ressemble beaucoup. Dans Les moments parfaits, ce n’était pas du jeu où j’avais besoin de me mettre dans un état de composition ou de concentration extrême, car le personnage était très proche de moi. Catherine était spontanée et vive, et le plus gros de mon travail était d’apprendre le texte. Sur le plateau, je me laissais aller à jouer avec mes camarades. Je ne pense pas retrouver ça de sitôt, cet univers de relations humaines entre frères, sœurs, parents et enfants. C’est vraiment très particulier ce noyau des Moments parfaits, il n’y a pas beaucoup de séries comme ça au Québec. C’est sûr que ça va me manquer d’en faire partie.
Ce rôle est terminé pour toi, mais l’an prochain, tu joueras un beau rôle au théâtre aux côtés de Marc Messier, n’est-ce pas?
Oui! Il s’agit de la pièce Le père, de Florian Zeller, mise en scène par Édith Patenaude, et je n’ai jamais joué avec Marc. C’est sûr que c’est impressionnant, et il doit tout le temps l’entendre lorsqu’il travaille avec des acteurs plus jeunes. Je le voyais dans ma télé, dans La petite vie, dans Lance et compte. Cet acteur fait partie du paysage depuis tellement longtemps, alors c’est très émouvant pour moi de savoir que je vais partager la scène avec lui. En même temps, quand je l’ai rencontré au Théâtre du Nouveau Monde pour présenter la pièce aux abonnés, j’ai rapidement compris que je vais avoir beaucoup de plaisir à travailler avec cet homme. Nous aurons une belle relation de travail, nous prendrons ça au sérieux, mais nous nous amuserons aussi. Il joue mon père et, dans la pièce, c’est un homme en déchéance, son équilibre mental est affecté, une maladie dégénérative altère ses perceptions. C’est sûr que nous allons développer un lien très intime et touchant. J’ai vraiment hâte d’amorcer le travail. Nous passerons une année complète ensemble, parce que nous commencerons les répétitions en janvier 2024, puis nous jouerons au TNM au printemps, et il y aura une grande tournée à travers le Québec à l’automne.
As-tu déjà fait des tournées au Québec avec une pièce de théâtre?
Oui, mais pas beaucoup, et c’est certain que ça crée des liens, car nous serons ensemble tout le temps. L’année 2024 sera une année de belles rencontres et d’expériences au théâtre. Je suis également ravie de revenir au TNM, parce que ça fait quelques années que je n’y ai pas joué. (Outre Catherine Trudeau et Marc Messier, la pièce met en vedette Sofia Blondin, Noémie O’Farrell, Fayolle Jean Jr et Adrien Bletton.)
Tu dois être contente de pouvoir vivre cette expérience avec Marc Messier. Ces occasions ne se présentent pas souvent...
Oui, et c’est ça, notre métier. Il y a beaucoup de grands acteurs et de grandes actrices, et chaque fois que l’un d’entre eux nous quitte, on se dit qu’on n’a pas eu la chance de jouer à ses côtés. Michel Côté, par exemple. Je l’ai croisé une ou deux fois, mais je n’ai pas eu la chance de connaître cet homme dont tout le monde dit tant de bien. Je connaissais plus Véronique (Le Flaguais), avec qui j’ai un peu joué dans Mémoires vives. Marc me parlera sûrement de son ami durant le processus de travail.
Parlons un peu de l’auteure que tu es, et qui retire beaucoup de satisfaction à écrire des histoires pour les enfants!
J’écrirai cet été le troisième tome de la série Folle école, une nouvelle série jeunesse que je signe aux Éditions de la Bagnole. Le premier tome est sorti en février, et le deuxième va voir le jour en septembre. C’est une série pour les premiers lecteurs, âgés de six à huit ans. C’est une collection très populaire à la Bagnole, intitulée Je lis seul.e. Elle inclut de gros romans avec des caractères gras et beaucoup de dessins, ce qui permet de faire le pont chez les jeunes lecteurs entre les albums, la bande dessinée et les romans pour les plus grands. J’ai beaucoup de plaisir à écrire ça. Les illustrations sont réalisées par mon ami Jean-Philippe Morasse, qui rentre complètement dans ma folie. Folle école est une école où tout est possible. Parfois, elle se transforme en zoo, ou encore, les amis arrivent à l’école et le plancher est en gomme balloune, ce qui entraîne des défis. C’est sans fin, l’imagination que j’ai avec cette série-là. Ça me donne beaucoup de liberté d’écriture, ça me replonge dans mon imaginaire et je cherche à savoir ce qui ferait rire les enfants de cet âge. Ça m’habite beaucoup pour l’été et les prochains mois.
Tes enfants te donnent-ils des idées?
Ils m’aident beaucoup. Ils ont 14 et 11 ans, et quand j’ai écrit le tome 1, mon fils avait 9 ans et je lui posais des questions. Je lui demandais s’il trouvait telle chose drôle, comment un personnage pourrait s’appeler, ce qui le ferait rire. Il est arrivé, en écrivant, que j’aie des blocages dans mon histoire, que je ne sache pas quelle direction prendre, et je demandais à mon plus jeune de m’aider et de me donner des idées. Ils sont contents de participer à ça, et beaucoup d’idées sont lancées.
Est-ce nouveau pour toi d’écrire?
Je pense que les romans sont arrivés au bon moment, mais j’écris depuis longtemps. J’avais une chronique dans le magazine Coup de pouce, j’avais mon blogue, des chroniques d’humeur, j’ai eu plusieurs opportunités pour écrire. L’écriture jeunesse est arrivée à un moment où j’étais prête pour ça. J’avais confiance aussi, car nous sommes nombreux à écrire. Je me demandais ce que j’apporterais de différent et j’ai eu le syndrome de l’imposteur pendant un petit moment, mais c’est passé, maintenant. À partir du moment où mon éditeur m’a dit que j’avais une vraie plume, une vraie voix et une façon de raconter bien à moi, j’ai eu pleinement confiance en moi. Bien sûr, je ne veux pas arrêter de jouer, mais ça fait en sorte que lorsque j’ai moins de contrats d’actrice, je continue de créer quand même. Je n’ai pas de frustration, car j’invente des histoires autrement, pour un autre public. Je veux de plus en plus laisser de la place pour ça.
Est-ce que tu envisages, outre les livres jeunesse, d’écrire un roman ou de scénariser une série télé?
Oui, j’y pense, j’ai des idées en ce sens. Il est encore très tôt pour en parler davantage, mais j’ai un projet en cours pour adapter l’un de mes romans jeunesse à la télé, et j’ai des projets avec des amies comédiennes. Nous voulons raconter des histoires autrement. Avec les années, nous connaissons assez les rouages de notre métier pour comprendre les étapes. Mon désir d’écrire tient à de nombreuses raisons. Ça va se concrétiser, c’est un souhait que j’ai.
La série Les moments parfaits sera de retour cet automne à TVA.
La pièce Le père sera présentée au Théâtre du Nouveau Monde du 19 mars au 13 avril 2024.