Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Catastrophe juste avant les Fêtes pour les commerçants

Michel Leblanc, PDG de la CCMM
Michel Leblanc, PDG de la CCMM Photo Chantal Poirier
Partager

Francis Halin | Journal de Montréal, Jean-Michel Genois Gagnon | Journal de Québec

2021-12-16T10:21:18Z
Partager

Partys de bureau annulés, voyages reportés, commerces délaissés... le début de retour à la normalité à l’approche de Noël s’est écroulé comme un château de cartes en moins de 24 heures.

• À lire aussi: Rien ne va plus pour les Fêtes

« Il y a des PME qui sortent à peine la tête et là, on arrive avec une cinquième vague, qui menace de leur tomber encore dessus », a déploré François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.

« L’endettement moyen d’une PME québécoise en raison de la pandémie frôlait déjà les 100 000 dollars », ajoute-t-il.

À Montréal, à peine 35 % des PME avaient retrouvé le niveau de vente, alors que ce chiffre avoisinait les 38 % pour la ville de Québec. « C’est l’enfer », dit-il.

« Ce sont les commerces qui sont au bout de leurs liquidités. Ils se disaient qu’ils auraient des clients durant la période des Fêtes », se désole Michel Leblanc, PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Écoutez l'entrevue du président et chef de la direction de la Chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio: 

Publicité

Incohérence 

Pour Éric Boissonneault, président de Voyages Performa et vice-président de l’Association des agents de voyages du Québec, le discours d’Ottawa, qui recommande fortement aux Canadiens de ne pas voyager à l’étranger, alors que les visiteurs peuvent toujours venir ici, est « incohérent ».  

« Le ministre n’a pas dit de clouer les avions au sol, c’est donc encore possible de voyager, de s’assurer et c’est encore possible d’avoir des assurances médicales. Ce n’est pas la fin du monde pour les gens qui veulent continuer leur plan », a-t-il tenu à nuancer. 

Ce dernier concède cependant que des agences ont déjà des annulations et qu’un resserrement des mesures, comme le retour de la quarantaine, serait catastrophique pour l’industrie. 

Il perd 1250 $ en une minute après l’annonce  

Chris Katsiouleris est propriétaire d’un café, dans un gratte-ciel du centre-ville de Montréal. Il commençait à peine à se relever et voilà que le télétravail fait un retour en force.
Chris Katsiouleris est propriétaire d’un café, dans un gratte-ciel du centre-ville de Montréal. Il commençait à peine à se relever et voilà que le télétravail fait un retour en force. Photo Francis Halin

Un propriétaire d’un café d’une tour de bureaux du centre-ville de Montréal a perdu plus de 1250 $ après l’annonce du retour au télétravail du gouvernement, mardi.

« Après l’annonce du ministre, mon téléphone a vibré, et les clients se sont mis à annuler. J’ai perdu 1250 $ de commandes en l’espace d’une minute. C’est énorme pour moi », soupire Chris Katsiouleris, propriétaire d’un café dans la tour Telus.

« Ce n’était pas de l’argent pour faire le party. C’était pour alléger mes dettes, payer mon loyer, mes fournisseurs », ajoute-t-il.

Publicité

Pour l’entrepreneur québécois qui travaille dans l’édifice depuis une quarantaine d’années, dont 20 ans comme propriétaire de son café, les mots du ministre de la Santé, Christian Dubé, ont eu l’effet d’une douche froide.

« Une chance que les propriétaires de l’immeuble ont été très compréhensifs jusqu’à maintenant », laisse tomber l’entrepreneur au bout du fil.

Alors qu’à peine 61 % des travailleurs étaient de retour au bureau au centre-ville (dont 29 % à temps plein), selon un sondage de décembre de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), ces chiffres risquent de piquer du nez avec la recrudescence du variant Omicron.

Tour désertée 

Dans sa tour, Chris Katsiouleris voyait passer avant 2800 travailleurs par jour en 2019, ensuite moins de 500 l’an dernier et entre 500 et 1000 personnes ces derniers mois, mais aujourd’hui, tout est à recommencer.

« Si je n’avais pas eu d’aide du gouvernement fédéral, ça ferait longtemps que j’aurais fermé », souligne M.Katsiouleris.

Il ajoute que ces clients qui annulent sont gentils et essayent souvent de l’encourager en prenant quand même une partie de leur commande ou en lui offrant de petits montants d’argent pour éponger une partie de ses pertes.

Mardi, le PDG de la CCMM, Michel Leblanc, avait dit en marge d’un événement craindre pour ces commerçants « dans les zones critiques ».

Au passage, il avait salué le travail effectué par le ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en prenant soin d’envoyer un message à Ottawa.

« Le ministre Fitzgibbon, avec qui on est en relation constante, demeure très actif pour avoir une stratégie centre-ville. Je demande au gouvernement fédéral d’avoir une stratégie centre-ville », avait souligné M. Leblanc. 

Publicité

Les hôteliers sur le qui-vive  

Des hôteliers du Québec sont sur le qui-vive en raison de la propagation du variant Omicron et de l’incertitude entourant l’industrie du voyage. 

Le temps des Fêtes est l’une des périodes les plus achalandées pour cette industrie et malgré la pandémie, les prochaines semaines ne font pas exception. Plusieurs hôtels affichent des taux d’occupation de plus de 90 %.

L’Association Hôtellerie Québec (AHQ) constate d’ailleurs depuis quelques jours une certaine nervosité chez les clients. Le téléphone a sonné dans plusieurs hôtels pour des annulations pour des repas ou des réunions. L’AHQ affirme toutefois ne pas avoir constaté une vague d’annulations pour des nuitées. On craint toutefois que ce scénario puisse se produire au cours des prochaines semaines. On suit de près la propagation du virus. 

Redoubler de vigilance 

« Déjà, ce matin, le téléphone sonne pour annuler des événements de dernières minutes. Par exemple, des repas sur l’heure du midi », indique au Journal le président du CA, Dany Thibault.

Ce dernier affirme que, malgré la vigilance et les restrictions imposées par les hôteliers, les gens ont parfois été « plus lousses » ces dernières semaines lors des événements ou des partys de bureau. 

« On voit que les gens ont plus de facilité à se promener d’une table à l’autre et de ne pas remettre leur masque », dit-il. « Je pense qu’il va falloir redoubler d’ardeur », prévient-il. À Québec, la femme d’affaires Michelle Doré, propriétaire de plusieurs hôtels dans le Vieux-Québec, dont l’Hôtel Champlain et l’Auberge Place d’Armes, avoue être préoccupée pour l’achalandage durant la période des Fêtes.

Elle affirme qu’environ 30 % de sa clientèle proviendra des États-Unis.

« On verra si demain c’est le festival des annulations », craint-elle. « Les gens vont avoir peur et là, c’est trop flou. On déconseille les voyages, mais on maintient les frontières ouvertes », poursuit-elle.

Publicité
Publicité