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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Cas de cancer à Rouyn-Noranda: Charette rejette le blâme sur le gouvernement précédent

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Gabriel Côté | Agence QMI

2022-07-06T18:40:39Z
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Le ministre Benoît Charette a reconnu mercredi matin que les émissions actuelles d’arsenic en provenance de la fonderie Horne sont inacceptables. Il soutient néanmoins que ce n’est pas la faute du gouvernement Legault, mais plutôt du gouvernement précédent.

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«Les émissions actuelles, elles sont inacceptables, et elles doivent être baissées», a lancé le ministre de l’Environnement, sans toutefois préciser ce que serait une norme acceptable dans les circonstances.

S’il estime qu’il faudra éventuellement que les émissions «se rapprochent» de la norme provinciale de trois nanogrammes par mètre cube, il n’exclut pas que la norme demeure plus souple à Rouyn-Noranda.

«On a évoqué la possibilité de 30 nanogrammes, mais c’est la santé publique qui va aider le MELCCQ à établir quelle sera la norme qui va atténuer les risques sur la santé», a-t-il dit.

Actuellement, les émissions de la fonderie Horne sont plafonnées, par droit acquis, à un niveau de 100 nanogrammes par mètre cube.

M. Charette a également rappelé que le gouvernement évalue toutes les possibilités, dont celle de fermer l’usine, mais il a souligné qu’une fermeture immédiatement représenterait un risque pour la santé publique.

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«Ce sont des centaines de familles, voire des milliers de personnes qui directement ou indirectement vivent de cette entreprise-là, a-t-il expliqué. La fermer du jour au lendemain, du point de vue de la santé publique, il y a un impact important, et c’est aussi considéré.»

Attestation

Alors que les oppositions accusent le gouvernement de n’avoir rien fait dans les dernières années pour améliorer la qualité de l’air à Rouyn-Noranda, le ministre de l’Environnement estime au contraire que le gouvernement Legault est le premier à «accorder l’importance qu’elle requiert» à cette situation, évoquant entre autres «la mise en place d’un comité interministériel qui permet de faire des suivis».

Comme le contrat entre le gouvernement et Glencore, l’entreprise qui possède la fonderie Horne, arrive à échéance dans les prochains mois, Benoit Charette considère en outre que «le timing est excellent».

«Ce sera l’occasion pour nous d’arriver avec une attestation beaucoup plus sévère, beaucoup plus ambitieuse», a-t-il fait valoir.

Si le gouvernement Legault n’en a pas fait plus dans les dernières années pour améliorer la situation, c’est parce qu’il avait les mains liées par le gouvernement précédent, a prétendu le ministre.

«Les gouvernements précédents n’avaient pas pris la question suffisamment au sérieux. Les exigences n’étaient pas assez élevées, ce qui va changer avec la prochaine période d’attestation».

À la question de savoir si le gouvernement aurait pu adopter certaines mesures malgré le contrat qui avait été signé, le ministre a été intraitable.

«C’est dans la loi, c’est une révision aux cinq ans. C’est le gouvernement précédent qui a établi les normes entre 2017 et 2022», a-t-il soufflé.

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Annexe

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait pris connaissance de l’annexe contenant des données préliminaires indiquant un taux de cancer anormalement élevé, qui avait été retirée d’un rapport à la demande de l’ex-directeur national de Santé publique, Horacio Arruda, Benoit Charette n’a pas été en mesure de donner de réponse précise.

«Honnêtement, pour ce qui est de cette annexe-là (...) il faut voir avec la santé publique. Moi je n’ai pas eu écho de cette demande de retrait ou de ce retrait», a-t-il dit.

Il a ensuite assuré que ces données ne lui ont pas été cachées, avant d’admettre quelques secondes plus tard qu’il «n’avai[t] pas vu» l’annexe. «L’annexe en question, pour ma part, je ne l’avais pas vu. Je devine que la santé publique préférait avoir l’ensemble des éléments de réponse avant de faire circuler ce document.»

Davantage de cas de cancer

Mercredi matin, l’institut national de santé publique (INSPQ) a finalement publié son rapport sur la situation à Rouyn-Noranda. Si le statu quo persiste, il pourrait y avoir de 13 à 554 cas supplémentaires de cancer du poumon par million d’habitants.

Cette proportion se situerait entre 6,7 et 288 cas supplémentaires si les émissions d’arsenic dans la ville étaient rabaissées au niveau de la norme québécoise, qui est de trois nanogrammes par mètre cube.

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Le calcul de l’INSPQ repose sur un scénario d’exposition 24 heures par jour, sept jours par semaine, pendant 70 ans.

«On dépasse largement les risques normalement acceptables et qu’on souhaite éviter quand on est exposé à de tels contaminants. Ce n’est pas parce que ces chiffres représentent des risques plus petits en termes de nombre qu’il faut esquiver l’enjeu que ça représente», a expliqué le Dr Boileau.

La Santé publique effectuera néanmoins davantage d’études au cours des prochaines semaines afin de comprendre «le plus rapidement possible» les causes de la situation actuelle, et si d’autres facteurs peuvent contribuer à ce plus grand risque de souffrir d’un cancer du poumon.

Les explications du Dr Boileau n’ont pas satisfait la députée solidaire de Rouyn-Noranda, Émilise Lessard-Therrien, qui a qualifié la conférence de presse «d’exercice de relations publiques».

«Aucun plan d’action concret n’a été présenté pour réduire rapidement les émissions d’arsenic dans l’air de Rouyn-Noranda. Pire, le docteur Boileau a refusé de prendre position clairement pour que la Fonderie soit soumise à la norme de trois nanogrammes appliquée partout ailleurs au Québec, alors que c’est précisément son mandat de faire des recommandations pour protéger la santé des gens», a-t-elle déploré dans un communiqué de presse.

Écoutez l’entrevue d’Alexandre Moranvile avec Émilise Lessard-Therrien sur QUB radio:

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