Caroline Néron et sa fille, Emanuelle, aimeraient jouer ensemble
Daniel Daignault
Assises côte à côte à la table de la salle à manger, Caroline Néron et sa fille, Emanuelle, échangeaient des regards où on pouvait lire toute la fierté du monde. Tout au long de cette entrevue, on sentait d’ailleurs l’immense respect qu’elles se portent. La complicité entre la fille, maintenant âgée de 14 ans, et la mère, toute jeune cinquantenaire depuis cet été, était palpable.
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Caroline et Emanuelle, ce n’est pas la première fois que vous accordez une entrevue et que vous faites une séance photos ensemble, n’est-ce pas? Caroline:
Non, mais ça remonte à loin. Avant, c’était plus parce qu’elle était ma fille. Maintenant, c’est parce qu’elle est comédienne. C’est différent.
Tu as commencé dans le métier à peu près à son âge?
C.: En fait, j’ai commencé à 17 ans. Emanuelle a commencé plus jeune.
Emanuelle.: Plus jeune, je voulais être chanteuse, comme elle, mais je voulais surtout être comédienne, et je ne savais pas qu’elle avait joué.
C.: Quand j’avais neuf ans, je demandais à mes parents de me trouver un agent, parce que j’avais l’impression de prendre du retard dans mes affaires! Mais je ne lui avais rien montré, et j’avais fait une pause pendant environ 10 ans. Elle savait que j’étais connue, parce qu’elle entendait mon nom circuler. Elle m’avait déjà vue accorder des entrevues à la télé, mais elle ne m’avait pas vue jouer comme actrice. À côté de ça, je lui faisais des petites capsules humoristiques pour les publicités que je partageais sur mes réseaux sociaux. Un jour, nous étions en voiture quand elle m’a dit qu’elle voulait avoir un agent pour devenir comédienne. Elle avait neuf ans. Quand on dit que la pomme ne tombe pas loin de l’arbre... Ça m’a tellement interpellée! Ça m’a ramenée en arrière et j’ai eu une petite larme à l’œil. J’avais appelé ma mère pour lui demander conseil, et puisqu’Emanuelle était bonne à l’école, j’ai pris la décision de lui trouver un agent.
On peut te voir en ce moment dans la série Comme des têtes pas de poule.
E.: Oui, depuis l’an dernier, je suis dans la deuxième saison, et je tourne en ce moment dans une nouvelle série qui a pour titre In Memoriam. Les quatre acteurs principaux sont Evelyne Brochu, Éric Bruneau, Catherine Brunet et Jean-Simon Leduc. Je ne peux pas révéler de détails sur le rôle que je joue, mais il est à l’avant-plan. Il y a des retours dans le passé, et c’est là qu’on me voit.
C.: C’est un rôle extrêmement lourd et ses scènes sont très difficiles, tant physiquement que sur le plan des émotions.
E.: Oui, c’est intense, et j’adore ça.
Quels sont tes sentiments de voir ta fille suivre tes traces?
C.: Je vois ça comme une chance, mais ce n’était pas nécessairement un rêve. J’avais pris une pause du métier pour me concentrer sur mon entreprise, mais je commençais à m’en ennuyer, même si je considérais que j’avais été très choyée. J’avais obtenu beaucoup de rôles dans ma vingtaine, au point de m’épuiser, jusqu’à en faire un burnout. Donc, ce n’était pas nécessairement le métier que je souhaitais pour ma fille, mais en même temps, c’est sûr que je suis contente de voir qu’elle se réalise.
E.: C’est drôle, parce qu’on a commencé la même semaine!
C.: Oui, elle a fait ses débuts dans Ruptures en 2019 et, la même semaine, j’ai recommencé ma carrière au cinéma sur le film La déesse des mouches à feu. J’ai pris ça comme un grand signe. Emanuelle avait alors 9 ans, elle en a maintenant 14, et elle a évolué. C’est clair qu’elle veut être une actrice. Je le vois aussi par les excellents commentaires qu’on me fait à son sujet. Ta carrière peut être fragile quand tu es un enfant qui commence dans le métier, parce qu’il faut que tu sois respectueuse, que tu écoutes, et que ça représente de longues heures de travail.
Emanuelle, comment décrirais-tu ta relation avec ta mère?
E.: On a une très belle relation, on est très proches. C’est elle qui me coache et, parfois, c’est moi qui lui donne la réplique lorsqu’elle apprend ses textes de STAT. On est comme un duo, on se ressemble beaucoup, on pense pareil.
Quand tu regardes ta fille, maintenant adolescente, qu’est-ce que ça te dit?
C.: Ça me dit: Oh, my God, ça va vite! Quatorze ans, bientôt 16, 18. L’adolescence va être passée et ça va être extraordinaire. Je trouve ça le fun qu’elle ait l’occasion de jouer à cet âge et, en même temps, je pense qu’elle vit l’un de mes rêves. Bien que j’aie eu une super belle carrière, j’aurais aimé commencer plus jeune. Je vois que c’est son métier, elle a joué dans Alertes, District 31, et chaque fois, les commentaires sont élogieux par rapport au respect qu’elle a pour l’équipe, pour son jeu, et pour sa concentration et son écoute du réalisateur. Elle est vraiment dans son domaine. Je l’encadre, je veux l’aider, et si elle veut aller plus loin que moi, c’est sûr que je vais être là pour elle. En fait, je lui souhaite d’aller plus loin que moi. Ma fille est une bonne adolescente, elle est disciplinée et elle respecte les autres.
Elle tient le rôle de l’enquêtrice Claude Coupal dans STAT, qu’on voit ici avec Pascal, campé par Normand D’Amour.
E.: J’ai quand même mon caractère! Ma mère peut bien me diriger et m’aider, elle est une coach pour moi et je trouve ça super le fun.
Caroline, rêves-tu un jour de jouer avec ta fille?
C.: C’est drôle, parce que des gens me demandent comment il se fait qu’on ne joue pas ensemble. Je pense qu’on serait fortes à deux, parce qu’on est très près de nos émotions. Je me suis toujours fait dire que j’avais de la facilité à pleurer et à vivre de grandes émotions à l’écran. Emanuelle est aussi comme ça; avoir de la facilité à pleurer sur commande, c’est plutôt rare chez les jeunes. C’est l’une de ses forces quand elle passe des auditions. Alors oui, j’aimerais vraiment ça qu’on se retrouve toutes les deux dans une bonne dramatique.
E.: Moi aussi, j’aimerais vraiment ça. On pourrait même jouer un duo mère-fille qui se déteste, on serait bonnes dans des scènes intenses.
Au jour le jour, quel genre de mère est Caroline?
E.: Elle est tellement drôle et elle est vraiment fine. C’est sûr qu’elle est sévère par rapport au métier. Elle est prodiscipline, et c’est très bon pour moi.
C.: Se faire coacher par sa mère, ce n’est jamais évident. Je me souviens que mes parents voulaient m’aider à jouer au golf. Ils me prodiguaient des conseils, et je ne voulais rien savoir! (rires) Faire répéter ton enfant et lui demander de recommencer à jouer son texte, ça joue sur l’orgueil, c’est inévitable.
E.: J’adore ma mère comme coach, c’est correct qu’elle soit exigeante. Et j’ai aussi une coach de jeu sur la série que je tourne en ce moment. Elle s’appelle Marie-Claude St-Laurent et elle est vraiment bonne pour me faire comprendre comment je dois jouer.
Pour toi, Caroline, la discipline dans ta carrière et dans ta vie, ç’a toujours été important?
C.: Oui. Je suis très disciplinée. Je mets énormément d’heures à préparer mes scènes et à répéter mon texte.
Tu as eu 50 ans cet été; c’est une belle étape pour toi?
C.: Oui. On n’a pas le choix de vieillir, mais c’est aussi un privilège d’avoir un bon bagage. C’est sûr qu’on aimerait être plus jeune, mais dans les faits, je suis très bien dans ma peau. La vie est belle, chaque étape de la vie est importante et il faut en profiter. Je suis complètement dans l’acceptation du vieillissement.
As-tu l’impression qu’avec tes rôles dans STAT et dans le film Testament, et avec ton entreprise, tu amorces une nouvelle étape de ta vie?
C.: Oui, vraiment. C’est un gros chapitre de ma vie qui a pris fin en 2019; j’ai laissé mon passé (elle avait annoncé la fin des activités de son entreprise, Bijoux Caroline Néron). J’ai aussi laissé mon conjoint, ce qui a été une belle chose pour moi à un moment où je vivais des choses très difficiles. Je me suis lancée dans le vide et, à partir de ce moment, j’ai fait un genre de dépression contrôlée, parce qu’il fallait que je continue à travailler. Ça m’a énormément rapprochée du père de ma fille, avec qui j’avais une bonne relation. C’est d’ailleurs lui qui m’a présenté mon conjoint actuel!
E.: On est même allés en voyage tous ensemble!
C.: Je ne pense pas que j’aurais pu revenir au jeu avant 2019. Puis est arrivée la proposition de jouer dans La déesse des mouches à feu. Ç’a été une renaissance pour moi. Je me sens vraiment à la bonne place, libre et assumée, comme le slogan des vibrateurs que je vends sur le site de mon entreprise (carolineneron.com). Ce slogan-là est le reflet de ce que je vis. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être capable de jumeler les deux, le jeu et les affaires, et je dirais que j’ai eu beaucoup de leçons de vie au cours des quatre dernières années.
Mis à part ton rôle dans STAT, tu as d’autres projets?
C.: Oui, j’ai un autre projet télé, un excellent rôle, mais je ne peux pas te donner plus de détails. J’ai aussi deux films qui vont sortir l’an prochain, Anna Kiri Superstar, avec Catherine Brunet, et Molosse, un court métrage de Marc-Antoine Lemire, que je considère comme bien important dans ma carrière, parce que c’est un rôle extrêmement loin de moi, intense, qui a même joué sur mes cordes vocales. Je joue une mère de famille.
Tu parlais de ton nouveau conjoint. Ça fait longtemps que vous êtes ensemble? C.:
Ça a fait trois ans à la fin d’octobre. Ça va bien, au point qu’on s’est acheté quelque chose ensemble. Mon chalet, je l’ai acheté sur un coup de tête il y a quelques années. Ç’a été un coup de foudre. Il est situé sur le bord d’un lac. Sinon, pour revenir à Luc, il n’a pas grand défauts, toutes mes amies l’adorent et Emanuelle aussi. Et ça, c’était bien important pour moi.
E.: Au début, je l’appelais le Soleil, parce qu’il n’est jamais de mauvaise humeur.
C.: C’est le gars le plus doux, le plus drôle et le plus compréhensif qui soit. La première fois qu’on l’a entendu lever le ton, on a éclaté de rire, Emanuelle et moi, parce que ce n’était pas normal! Luc a le bonheur facile et il ne juge pas. Tout le monde apprécie ça chez lui, et mon entourage était heureux de le voir arriver dans ma vie. Je pense sincèrement qu’il y a toujours quelque chose de positif qui ressort de chaque épreuve. Lorsque tu fais les choses avec ton cœur, même si des épreuves surviennent, la vie reprend toujours son cours pour le mieux. Mais, pour que ça arrive, il faut que tu fasses le saut. C’est ça qui est difficile. Rien de bon n’arrive sans travail. Tu vois, quand j’ai commencé dans STAT, j’étais malade, j’ai dû me faire opérer aux cordes vocales. Ce n’est pas si grave que ça, mais ça m’a causé beaucoup de stress avant l’opération. Et du stress, j’en ai beaucoup vécu pour rebâtir mon entreprise. J’ai une super partenaire, Julie St-Jacques, qui était mon ancienne V.-P.; elle a connu le succès avec moi, et elle est aussi tombée avec moi. Aujourd’hui, je suis contente de pouvoir compter sur cette alliée.
On peut donc dire que tout va bien pour toi? Ta fille, tes amours, ta carrière de comédienne et ton entreprise!
C.: Oui, tout va bien, je suis privilégiée. Mais rien n’est possible si on ne travaille pas. J’apprécie chaque moment, comme la séance photos qu’on vient de faire, Emanuelle et moi.
Pour plus de détails sur l’entreprise de Caroline Néron, visitez le site carolineneron.com.
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