Carey Price, le grand incompris
Jean-Charles Lajoie
Carey Price a 34 ans. Depuis 16 ans, il appartient à la plus grande organisation de l’histoire. La plus scrutée aussi. Jean Robitaille a écrit : « Le Canadien c’est tout, c’est une partie de nous », hymne au CH qui résonne encore 40 ans plus tard. Et que dire de Le But de Loco Locass?
Le texte que les enfants devraient lire à l’école pour comprendre ce que représente cette équipe pour les gens du Québec.
Carey Price a 34 ans. Depuis 14 ans, il est l’envoyé à la cour aux miracles. Celui qui est chargé de maintenir le mur en place. Au sens propre comme au sens figuré. Le Canadien n’est plus qu’un mirage de ce qu’il fut jusqu’en 1979. Depuis le démantèlement lent, mais certain, de la plus grande équipe de l’histoire, le gardien du CH entretient seul le mythe.
Les coupes de Patrick
Patrick Roy a offert les deux dernières coupes Stanley au CH. Casseau a disputé 10 saisons et quelques matchs d’une 11e avec le Canadien. Certainement plus à raison qu’à tort, il a pété un plomb anthologique en plein Forum un triste soir de décembre 1995. Il est parti quelques jours plus tard, à ma grande stupéfaction. Le vol au référendum et le départ de Patrick en 36 jours, mettons que ça en faisait beaucoup pour mon modeste 24 ans.
José Théodore se profilait dans l’ombre de Patrick. Il a finalement pris l’espace en 2000, six ans après sa sélection au deuxième tour du repêchage. Une ascension lente, mais le règne du Roy avait laissé des traces. Le Canadien n’a jamais aimé ça, les traces... Comme si l’équipe avait eu peur de céder trop de pouvoir à une merveille masquée. N’empêche, Théo a assuré. Il a redonné un peu d’espoir aux partisans.
Hélas, à sa cinquième saison complète comme numéro 1, Bob Gainey l’a vulgairement échangé au Colorado. Est-ce que Théo aurait aimé terminer sa carrière avec le Canadien ? Assurément. Est-ce qu’il aurait été capable de maintenir son niveau de 2001-2002 dix ans de plus ? N’en doutons pas. Mais il est parti, c’est ça le point.
Il est parti comme Casseau. Comme tous les autres venus tantôt jouer les seconds violons, tantôt les faux numéros 1 depuis le départ de Ken Dryden. Au fait, Dryden, un original. Un superbe gardien, gagnant de six coupes Stanley derrière la plus grande équipe à ne jamais avoir été réunie dans cette ligue. Retraité du hockey à 30 ans...
Carey Price a 34 ans. Il n’a plus de genoux. Il n’a plus de hanches. Il aura besoin d’un minimum de quatre opérations la retraite venue. Juste pour être capable de sortir du lit et se faire un café sans douleur au petit matin.
Voilà 13 ans qu’on demande à Price de gagner une coupe Stanley presque à lui seul. 13 ans qu’il est sous la loupe quotidiennement. Qu’il reçoit une pluie de critiques beaucoup trop intense pour la contrepartie d’amour. 13 ans à subir les humeurs de plus d’un million de personnes sur les médias sociaux.
Mal en point
Price est magané. Qui ne le serait pas à sa place? Il est humain. En soi, c’est émouvant. Carey est victime de son époque. Ça va prendre quelques décennies avant que les historiens se risquent à reconnaître son apport à cette équipe.
À réaliser qu’il fut un immense privilège. Le plus beau prototype de gardien de but à ce jour dans le hockey. D’ici là, Carey demeurera, hélas, un grand incompris.
Coup de cœur
À Zach Fucale. Jeu blanc à son premier départ en carrière dans la LNH. Zach a persévéré à force de caractère. Des moments inoubliables pour lui et sa famille jeudi. Bravo aussi aux Caps pour leur gestion du dossier Hendrix Lapierre. Il a bénéficié de la blessure à Niklas Backstrom. Pourquoi le Canadien n’a pas fait pareil avec Kaiden Guhle en l’absence de Weber et Edmundson ?
Coup de gueule
À l’employé de la municipalité de Notre-Dame-du-Mont-Carmel qui à l’occasion d’un avis d’ébullition d’eau a publié une photo de Carey Price prenant une gorgée devant son filet avec mention : « Me semblait aussi qu’il y avait des substances dans l’eau. » L’effet pervers des médias sociaux, à la sauce municipale. Pire qu’une erreur bête. Un manque de sensibilité élémentaire. Désolant.
Un p’tit 2 sur...
Une victoire des Bleus contre les Rouges. Les Carabins peuvent compléter un balayage de 3 duels face au Rouge et Or demain à 13 h au Cepsum de l’Université de Montréal et je vois mal comment ils pourraient manquer leur coup. Je l’ai déjà écrit avant et je me répète. Jonathan Sénécal est le plus beau quart-arrière universitaire que j’ai vu jouer à ce jour. On se souhaite un autre classi