Carey Price et l’effet domino
Michel Bergeron
Jeff Gorton a été honnête en entrevue avec Le Journal, jeudi : il faudra s’armer de patience avant de revoir une équipe compétitive sur la patinoire. Kent Hughes et lui auront des décisions importantes à prendre au cours des prochaines semaines, mais tout dépendra de ce qu’on décidera dans le dossier de Carey Price.
Price, c’est le premier domino de la file. Quand il sera tombé – qu’on le garde ou non à Montréal –, le reste va suivre.
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En ce moment, c’est une patate chaude pour toute l’organisation. Dès qu’un dirigeant est questionné sur le gardien vedette, on voit son langage corporel changer, on parle avec beaucoup de prudence. Bref, on marche sur des œufs chaque fois.
Il n’en reste pas moins que ce qu’on va décider dans le cas du numéro 31 va dicter la suite du processus de reconstruction du Canadien. Parce que, oui, une reconstruction est possible, et c’est Gorton lui-même qui le dit.
Oui, je sais, Kent Hughes a récemment mentionné que Carey Price était un intouchable. Ces propos n’ont pas changé grand-chose dans ma façon de voir la situation. Pour moi, ça ne veut pas dire qu’il ne sera pas échangé. Il est évident que les dirigeants et le gardien prendront le temps de s’asseoir et d’évaluer chaque option devant eux.
L’exemple Lundqvist
Carey Price a rendu de fiers services au Canadien et il a une place particulière dans le cœur des amateurs. Par contre, en gestion, il faut parfois laisser les émotions de côté. Gorton l’a fait, à New York, en rachetant la dernière année du contrat d’Henrik Lundqvist au terme de la saison 2019-2020.
Il ne faut pas penser que l’homme de hockey a pris cette décision de gaieté de cœur. Lundqvist était le roi à New York, mais la réalité était que l’équipe devait tourner la page afin d’avancer dans son processus de reconstruction.
D’ailleurs, j’aimerais que la décision dans le dossier Price soit prise par Hughes et Gorton. Price a eu son mot à dire dans plusieurs dossiers dans le passé, mais le travail des deux dirigeants de l’équipe consiste maintenant à prendre certaines décisions difficiles qui permettront à l’équipe d’avancer.
Primeau? Pas sûr!
La différence avec New York, toutefois, c’est que les Rangers avaient le jeune Igor Shesterkin qui frappait à la porte. On ne peut pas nécessairement en dire autant du Canadien. On parle depuis longtemps de Cayden Primeau comme du cerbère d’avenir de l’équipe, mais j’ai encore des doutes sur sa capacité à devenir un gardien numéro 1 dans la grande ligue.
Il ne faut quand même pas oublier qu’on parle ici d’un choix de septième ronde. Le nombre de joueurs réclamés à ce rang et qui parviennent à devenir des joueurs d’impact dans la LNH est faible. Il faudrait peut-être revoir nos attentes à la baisse. Chose certaine, il n’est pas prêt pour la LNH en ce moment. Pourquoi ne pas le renvoyer à Laval pour reprendre confiance ?
Samuel Montembeault est en mesure de faire le travail à mon avis. J’aime beaucoup ce que je vois de lui depuis quelques semaines. Je le trouve solide devant son filet, il est rapide sur ses déplacements et avec sa mitaine.
Pourtant, on n’en parle que très peu. On parle plutôt de Price, Jake Allen ou Primeau. Montembeault mérite qu’on l’évalue sérieusement puisqu’il est en train de se montrer digne d’un contrat en vue de la saison prochaine.
Mais bon, tout dépendra de Carey Price.
Incroyable Zegras !
Trevor Zegras a encore une fois épaté la galerie jeudi soir en inscrivant un but spectaculaire face au Canadien. Sincèrement, je n’arrive pas à comprendre comment certaines personnes, John Tortorella en tête, peuvent trouver que c’est mauvais pour le sport. Quand Sidney Crosby avait marqué son but avec la fameuse feinte « Michigan », je me rappelle que Don Cherry l’avait alors traité de « hot-dog » en ondes. Crosby n’a plus jamais tenté la manœuvre par la suite. Ça n’a aucun sens à mes yeux. Le sport a besoin de ce genre d’athlètes qui se démarquent du lot grâce à leur talent et leur intelligence. C’est ce qui va continuer de faire vendre notre sport national aux quatre coins du monde.
On rit de Québec
J’ai encore de la misère à y croire. Les Coyotes de l’Arizona travaillent sur un projet qui leur permettrait d’emprunter les installations de l’université de l’Arizona pour les trois ou quatre prochaines années, le temps que leur nouvel amphithéâtre soit construit. Ils joueraient donc dans un amphithéâtre pouvant contenir un maximum de... 5000 spectateurs ! Si ce n’est pas un autre signal clair que la LNH ne veut rien savoir de Québec, je me demande bien ce que c’est. Honnêtement, ça n’a absolument aucun bon sens. On est prêt à jouer devant 5000 personnes, à continuer à perdre de l’argent, mais ce n’est pas grave. On va s’entêter à garder cette équipe en Arizona malgré un Centre Vidéotron de 18 000 places prêt à l’accueillir.
Une pionnière
Émilie Castonguay a défoncé une autre porte lundi dernier en étant nommée directrice-générale adjointe des Canucks de Vancouver. Elle s’en va travailler pour une excellente organisation menée par un homme d’expérience en Jim Rutherford. Elle est une autre preuve que les femmes ont leur place dans le hockey et j’espère que son exemple servira à motiver d’autres jeunes filles. D’ailleurs, son arrivée à Vancouver ainsi que l’embauche de Kent Hughes par le Canadien tendent à démontrer que les équipes de la LNH tendent de plus en plus à sortir des sentiers battus et à faire confiance à de nouveaux visages.