Cancers, vieillissement du cerveau et morts prématurées: voici quelques-uns des pires effets de l’alcool
Gabriel Ouimet
Longtemps sous-estimés, les méfaits de l’alcool, qui sont parfois irréversibles, sont de plus en plus documentés, incitant à revoir les recommandations de consommation à la baisse.
Au Québec, les recommandations d’Éduc’alcool vont comme suit: un maximum de trois verres par jour et de 15 verres par semaine pour les hommes, et un maximum de deux verres par jour et de dix verres par semaine pour les femmes.
Ces critères sont cependant appelés à diminuer dans un avenir rapproché, souligne la Dre Catherine de Montigny, spécialisée en médecine des toxicomanies au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).
«Mondialement, on voit une tendance à la baisse de ces recommandations. Il y a des projets en cours qui visent à faire réduire ces recommandations parce que les méfaits graves de l’alcool sur la santé sont de plus en plus documentés», indique-t-elle.
Mardi, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) a d'ailleurs mis à jour ses recommandations sur la consommation d’alcool sécuritaire au pays. À la lumière d’une méta-analyse de plus de 5000 études antérieures, il suggère maintenant à Santé Canada de resserrer ses lignes directrices. Le nouveau rapport stipule que le risque est modéré avec trois à six verres d’alcool par semaine, et élevé avec six verres et plus par semaine.
Il faut aussi noter que consommer un ou deux verres par semaine représente un risque faible, mais pas nul, ce qui veut dire que la seule consommation sécuritaire est l’abstinence, selon les experts du CCDUS.
Cancers
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’aux États-Unis et dans les pays dont les revenus sont semblables, comme le Canada, moins d’une personne sur trois reconnaît que l’alcool est une cause importante du cancer.
Pourtant, dans une étude publiée dans la revue médicale Lancet Oncology en juillet 2021, environ 4% des cancers détectés dans le monde en 2020, soit 740 000, étaient liés à la consommation d’alcool. Plus de 100 000 cas étaient même associés à une consommation limitée à un maximum de deux verres par jour en moyenne, soit environ ce que recommande actuellement Éduc’alcool.
Selon l’OMS, les principaux cancers dont le risque est augmenté par une consommation d’alcool sont les suivants: bouche, larynx, pharynx, œsophage, foie, estomac, pancréas, côlon-rectum et sein.
La Société canadienne du Cancer estime d’ailleurs que le risque de cancer colorectal et du sein est une fois et demie plus important à partir de 3,5 verres d’alcool par jour, tandis qu’il peut doubler, voire tripler, pour les autres principaux cancers.
Vieillissement du cerveau
Boire en moyenne un verre de vin ou une pinte de bière par jour ferait vieillir le cerveau de deux ans en seulement quelques mois. C’est la conclusion à laquelle est arrivée une étude de l’Université de Pennsylvanie, publiée dans la revue scientifique Nature, au mois de mars 2022.
Après avoir analysé le cerveau de 36 000 adultes, les chercheurs sont aussi arrivés à la conclusion que la consommation d’alcool, même modeste, soit moins de deux verres par jour, peut mener à des effets irréversibles comme une réduction de la taille de différentes régions du cerveau.
En 2017, une étude réalisée sur 30 ans par des chercheurs de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, a également conclu que ceux qui boivent 14 à 20 consommations par semaine triplent le risque de voir leur hippocampe s’atrophier, ce qui peut entraîner des pertes de mémoire prématurées ainsi que le déclin d’autres fonctions cognitives.
Morts prématurées
Le rapport publié par le CCDUS souligne aussi que «l'alcool est l'une des principales causes évitables de décès, d'invalidité, de blessures et de problèmes sociaux.» Si bien qu'en 2017, 18 000 décès ont été causés par l'alcool au Canada.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime quant à elle que trois millions de décès sont dus à la consommation d’alcool dans le monde chaque année, ce qui représente 5% des décès totaux sur la planète. Ce pourcentage augmente à 13,5% chez les jeunes âgés de 20 à 39 ans.
Sur les trois millions de décès attribuables à l’alcool en 2016, l’organisme estime que 28% étaient liés à des accidents de la route, à des suicides ou à des actes violents, 21% à des troubles digestifs et 19% à des maladies cardiovasculaires. Les autres décès sont attribuables à des maladies ou à d'autres problèmes de santé reliés à la consommation d’alcool.
Rappel: c'est quoi, au juste, un verre standard d'alcool?
Au Canada, un verre standard contient 17,05 ml ou 13,45 g d’alcool pur, ce qui équivaut à:
- une bouteille de bière (12 oz, 341 ml, 5 % d’alcool)
- une bouteille de cidre (12 oz, 341 ml, 5 % d’alcool)
- un verre de vin (5 oz, 142 ml, 12 % d’alcool)
- un verre de spiritueux (1,5 oz, 43 ml, 40 % d’alcool)