Canadiens: un faux pas serait inacceptable
Michel Bergeron
Martin St-Louis n’avait aucune expérience avant d’accepter le poste d’entraîneur-chef du Canadien. Jusqu’à présent, on peut presque parler d’un sans-faute.
Oui, l’équipe a perdu des matchs depuis son arrivée, et non, elle n’a pas toujours été au sommet de son art. Mais pour l’instant, ce n’est pas sur les victoires qu’on doit évaluer le travail de l’entraîneur.
En quelques semaines à peine, il a déjà mis son empreinte sur le vestiaire. On sent qu’il a gagné le respect et la confiance de ses joueurs.
En le regardant se comporter et en l’écoutant parler, j’ai de la misère à m’imaginer qu’un joueur n’a pas envie de jouer pour lui.
Tous ses points de presse sont intéressants. Personnellement, je m’assoirais et parlerais de hockey avec lui pendant des heures. Je suis persuadé qu’il m’apprendrait des choses.
Sa façon de voir le jeu est rafraîchissante. On ne l’entend jamais parler de système ou de jeu méthodique. Il revient avec des notions qu’on n’entend presque jamais.
DIFFÉRENT
Être un partisan du Canadien, j’aurais envie de retourner au Centre Bell pour encourager mon équipe. C’est ce que St-Louis a ramené à Montréal.
C’est quand même tout un changement dans son cas. J’ai connu Martin comme joueur dans le cadre de mes fonctions à la télévision. Dans ses entrevues, je l’écoutais répondre aux questions et il ne se lançait jamais dans de grosses déclarations. En bon Québécois, disons que ce n’était pas le plus gros jaseux !
Maintenant qu’il a changé de chapeau, on le sent plus décontracté. On sent qu’il a envie de transmettre sa vision des choses aux partisans et de les assurer que leur équipe s’améliore même dans les moments difficiles. Il n’est jamais négatif.
Il faut admettre que le contexte joue en sa faveur. Il est arrivé avec une équipe qui ne fait pas les séries et où tout le monde doit se prouver.
Quand on recommencera à juger son travail en fonction des résultats, ce sera différent.
Pour l’instant, toutefois, il accepte les erreurs et travaille en fonction d’une chose : le développement à long terme de ceux qui formeront le noyau dur de l’équipe pendant plusieurs années.
WRIGHT, LA SOLUTION ?
Une chose est sûre, St-Louis et le Canadien ne travaillent pas en fonction de s’assurer le plus de chances possible d’avoir le premier choix au total du prochain repêchage.
À ce titre, d’ailleurs, plus j’entends des échos et plus je me demande si ce serait une bonne chose, de toute façon, de parler au premier rang.
Ce qu’on entend de Shane Wright, l’espoir pressenti pour être le premier de classe, n’est pas toujours positif.
Tant qu’à y être, l’idéal serait peut-être de parler deuxième ou troisième et ne pas avoir l’odieux de prendre une décision qui pourrait te suivre pendant des années.
Si tu sélectionnes Wright au premier rang et que tu te trompes, tu fais reculer ton équipe de plusieurs années. Un peu comme quand, en 1980, l’équipe avait pris Doug Wickenheiser devant Denis Savard ou, plus récemment, quand Trevor Timmins avait jeté son dévolu sur Jesperi Kotkaniemi au détriment de Brady Tkachuk.
Imaginez, « KK » n’est plus à Montréal et on en parle encore.
REGARDER DU CÔTÉ DE LA LHJMQ
Il ne faut pas que cette saison de souffrance se termine en queue de poisson avec une erreur au repêchage.
D’ailleurs, avec le premier choix des Flames de Calgary qui risque de se retrouver à la fin de la première ronde, j’espère que le Canadien va sérieusement considérer le défenseur Maveric Lamoureux des Voltigeurs de Drummondville et le joueur de centre des Remparts de Québec Nathan Gaucher.
Là non plus, le CH n’a plus le droit à l’erreur.
– Propos recueillis par Kevin Dubé
LES ÉCHOS DE BERGIE
BRAVO À PIERRE
Je ne peux passer sous le silence la décision du grand Pierre Bruneau qui a annoncé qu’il prendrait sa retraite après 46 ans comme chef d’antenne à TVA. J’ai eu la chance de côtoyer Pierre pendant des années et j’ai découvert un homme qui aime beaucoup le sport. Il aimait beaucoup venir nous parler de hockey et du Canadien. C’est une personne tellement attachante, sincère et un professionnel dans l’âme. Je me rappelle qu’il était venu avec son fils Charles, alors atteint du cancer, à l’époque où je dirigeais les Nordiques de Québec. L’homme que j’avais rencontré à ce moment est resté le même au fil des ans. Il a gagné le respect de tout le monde et pas seulement dans le monde des médias, mais partout au Québec. Après tout, ça fait 46 ans que les Québécois soupent avec Pierre Bruneau. Maintenant, il sera intéressant de voir qui le remplacera. En fait, non, on succède à Pierre Bruneau, on ne le remplace pas. Bonne retraite, Pierre !
LES PANTHERS SONT SÉRIEUX
Les Panthers de la Floride ont de grandes ambitions. Les acquisitions de Claude Giroux et Ben Chiarot lors de la date limite des transactions ont lancé un message clair aux quatre coins de la LNH : ils désirent que la coupe demeure en Floride, mais pas à Tampa ! D’ailleurs, malheureusement, les Panthers et le Lightning risquent de s’affronter dès le deuxième tour éliminatoire. Ça ferait toute une série. Même s’il connaît des difficultés par les temps qui courent, le Lightning demeure encore une fois extrêmement sérieux. Julien BriseBois a de nouveau été agressif sur le marché des transactions et il a compris une chose : ce n’est pas avec des choix au repêchage que tu vends le hockey en Floride.
ARMIA JOUE MIEUX
On le critique beaucoup, mais je tenais à le souligner ici : Joel Armia joue du bien meilleur hockey depuis quelques matchs. Je recommence à voir ce que le Canadien a vu en lui pour lui consentir un lucratif contrat. Je sais, il est tard dans la saison, et elle ne veut plus rien dire. Mais quand même. Il a beaucoup d’outils dans son coffre, dont son coup de patin, son lancer et sa présence physique. Tant mieux s’il redevient un peu lui-même.