Canadiens: pas de capitaine à bord?
TVA Sports
Dès son embauche à titre de directeur général des Canadiens de Montréal, Kent Hughes s'est positionné avec aplomb au sujet d'un dossier grinçant, spécialement lorsqu’il est question du Bleu-blanc-rouge: «le Tricolore aura un capitaine lors de la campagne 2022-2023», a-t-il fait savoir en janvier dernier.
La décision de nommer ou pas un capitaine aurait-elle nécessité plus de réflexion? Était-ce des paroles précipitées et impulsives? Lorsqu’il est temps d’analyser la maigre banque de candidatures intéressantes chez le CH, l’interrogation s’impose.
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Près de six mois plus tard, qui aura l’imposante tâche de remplacer celui que plusieurs qualifient de capitaine par excellence, Shea Weber?
Pour le public ou pour l’équipe?
Attention. Il faut être prudent. Mieux vaut ne pas élire de capitaine plutôt que d’étiqueter la mauvaise personne. Si la Sainte-Flanelle estime qu’elle compte le candidat idéal parmi ses rangs; sortez le Kodak, préparez la conférence de presse et on n’en parle plus.
En revanche, si le plan est de nommer Nick Suzuki dans un an ou deux, lorsqu'il sera plus expérimenté, et de mettre en place entre temps un quatuor d'assistants composé de Brendan Gallagher, Paul Byron, Joel Edmundson et de Nick Suzuki, personne n'y perdra son sommeil.
Une maigre liste
Nick Suzuki, Joel Edmundson, Brendan Gallagher et Josh Anderson: ce sont les quatre joueurs qui ont des chances de voir apparaître le fameux «C» sur leur chandail. Ont-ils ce qu’il faut? Voici une brève analyse des «postulants».
Nick Suzuki; le candidat numéro un, mais trop tôt
Nick Suzuki est et sera le visage des Canadiens de Montréal pour de nombreuses saisons à moins d’une catastrophe. Bien qu’il ait l’attitude, la classe, le calme, la prestance et nombreuses autres qualités pour représenter la richesse de l’organisation du Tricolore à titre de capitaine, il ne faut pas oublier que l’Ontarien n’est âgé que de 22 ans.
Le joueur de centre touchera un salaire de 7,875 M$, généralement concédé aux joueurs d'élite pour la première fois de sa carrière, ce qui s’accompagnera d’une pression supplémentaire. Voyons voir comment il composera avec les attentes grandissantes à son endroit avant d’en rajouter avec une telle nomination.
Rappelons que le plus jeune porte-couleurs du Bleu-Blanc-Rouge à avoir assumé cette fonction est le Finlandais Saku Koivu, alors âgé de 24 ans. Max Pacioretty avait quant à lui été élu capitaine à l'âge de 26 ans.
Joel Edmundson; le grand frère
Le grand frère par excellence. On entend que du bien du vétéran Joel Edmundson. Rappelez-vous lorsqu’il était venu à la défense de Joel Armia en jetant les gants face à Tyler Myers à la suite d’une mise en échec douteuse.
Son absence s’est fait ressentir la saison dernière et dès son retour au jeu, la troupe de Martin St-Louis a gagné en confiance. Le défenseur format géant a également goûté à la Coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 2019 dans un groupe composé de «vrais leaders», dont Ryan O'Reilly, Alex Pietrangelo et Jay Bouwmeester, entre autres.
Là où il y aurait un enjeu, ce serait de nommer temporairement Edmundson en vue de préparer, former Suzuki. Si tel est le cas, laissons-les assistants, Nick pourra tout autant apprendre de son acolyte et lorsque le temps sera venu pour le poulain de mener l’équipe, il sera fin prêt.
Sinon, que faire si Joel Edmundson est capitaine et toujours de la formation dans trois, quatre ou cinq ans? L’état-major va lui retirer la lettre pour la remettre à son coéquipier. C’est un non-sens.
Brendan Gallagher; le guerrier
Gally a été durant de nombreuses saisons et est toujours une partie intégrante du cœur et l’âme de l’équipe. Son implication et son désir de vaincre sont contagieux pour l’ensemble des troupes. Sa haine pour la défaite fait partie de son identité.
Brendan Gallagher mène par ses actions sur la patinoire en bloquant des lancers, en amenant une touche d’émotion, en créant des étincelles au besoin, autrement dit, en se donnant corps et âme.
Cependant, sa relation avec les officiels pourrait être qualifiée de «difficile», une tache au dossier du numéro 11, car le capitaine se doit régulièrement de faire le pont entre le banc des joueurs et les zébrés.
Finalement, il faut admettre que les occasions ont été nombreuses pour les Canadiens de nommer le fougueux ailier comme meneur de l’équipe et le scénario ne s’est jamais réalisé. Plus encore, soyons honnêtes, sans rien enlever à l’athlète qu’il est, le temps a semblé rattraper le petit guerrier. S’il fut un moment où il figurait comme candidat idéal, cette époque est maintenant révolue.
Josh Anderson; mener par l’exemple
Chose certaine, lorsque l’attaquant de puissance Josh Anderson joue à la hauteur de son potentiel, c’est-à-dire lorsqu’il fonce au filet, termine ses mises en échec, joue avec fougue et passion, il ne fait aucun doute qu’il peut mener par l’exemple.
Difficile de ne pas embarquer dans le bateau lorsque le capitaine effectue la sale besogne. En seulement deux saisons à Montréal, Anderson a clairement fait sentir sa présence. A-t-il la fibre de capitaine en lui? Seulement ceux qui le côtoient au quotidien peuvent répondre à cette question.
À noter qu’il y a certainement des détails ainsi que des enjeux que seul l’état-major montréalais a en main. Par exemple, un joueur pourrait refuser ce mandat. Ce ne sont pas tous les individus qui peuvent composer avec la pression d’un marché comme celui des Canadiens.
Performer sans capitaine
Ne pas avoir de capitaine n’est pas un signe de faiblesse pour autant. Les Golden Knights de Vegas ont lutté pour la Coupe Stanley à leur première saison dans le circuit Bettman sans meneur visiblement marqué par un «C». L’équipe du Nevada a même disputé ses trois premières campagnes dans la LNH sans capitaine et a atteint les séries éliminatoires à chaque reprise.
Cette saison, les Coyotes de l’Arizona, les Sabres de Buffalo, les Flames de Calgary, les Sénateurs d’Ottawa et les Rangers de New York étaient tous dépourvus d’un capitaine. Sur cinq formations, deux d’entre elles ont été de la danse printanière, où les New-Yorkais ont très bien fait en baissant pavillon en finale de la conférence Est face au Lightning de Tampa Bay en six parties.
D’ailleurs, les «Blueshirts» ont vécu une situation semblable à celle que vivent les Canadiens de Montréal présentement; qu’on le présente comme une reconstruction, un reset, une mise à niveau ou peu importe.
Les Rangers ont traversé des temps difficiles mené par un certain Jeff Gorton, aujourd’hui membre de la direction du Tricolore, et ce, sans capitaine lors des quatre dernières campagnes.