Joueurs autonomes: Hughes devra faire de la magie
Jessica Lapinski
Kent Hughes aura «une roche de plus dans son soulier» en juillet prochain, lorsque viendra le moment d’attirer à Montréal des joueurs autonomes. «Il devra courtiser et faire des tours de magie», image l’agent de joueur Erik Lupien.
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Déjà, «les directeurs généraux des équipes canadiennes ont un peu plus de difficulté à mettre sous contrat des joueurs autonomes», confirme le président de la firme Sport Prospects.
On connaît la rengaine et Lupien aussi : «Il y a les taxes et impôts, la température, la pression et, ici au Québec, la langue entre en ligne de compte.»
Mais à cela s’ajoute, cette année, la Loi sur l’interdiction d’achat d’immeubles résidentiels par des non-Canadiens, entrée en vigueur le 1er janvier et qui le demeurera jusqu’en 2024.
Cette nouvelle politique a comme objectif premier de freiner la spéculation immobilière par des étrangers, afin de calmer la frénésie qui s’est emparée du marché canadien. Elle ne touche toutefois pas les joueurs qui ont déjà la citoyenneté canadienne, même s’ils résident aux États-Unis.
En quête de solutions
Plus tôt cette semaine, à la rencontre des directeurs généraux de la LNH, Hughes ainsi que son homologue chez les Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion, avaient reconnu que la loi constituait «un défi pour l’industrie du hockey», et surtout pour les sept marchés canadiens.
«J’espère qu’il y a moyen de trouver un compromis, mais je ne connais pas assez le fonctionnement interne du gouvernement canadien pour dire comment ça pourrait se passer», avait commenté le DG du Canadien.
Cette loi pourrait freiner la venue de joueurs autonomes non seulement à Montréal, mais au sein de toutes les équipes canadiennes, confirme Erik Lupien.
«Si je me mets dans la peau d’un joueur ou d’un travailleur qui est non-résident, je vais aller ailleurs, c’est quand même deux ans [durant lesquels ils ne peuvent pas s’acheter de propriété]», pointe-t-il.
«Si un joueur veut s’entendre à long terme [avec le Canadien, par exemple] et qu’il voit qu’il ne peut pas s’acheter une maison près de l’aréna, mais qu’il a une famille à bouger [...] et qu’il doit louer un condo pour sa femme et ses enfants... se poser la question, c’est y répondre», continue Lupien.
Plus difficile cet été
L’agent pense donc «que ce sera vraiment plus difficile» pour les équipes canadiennes d’attirer des joueurs cet été.
«Nous, comme agents, ce qu’on fait, c’est qu’on sort les pour et les contre», pointe-t-il.
«Plus difficile», oui, car comme il le mentionnait plus tôt, il existe d’autres freins à la venue au Canada des hockeyeurs qui sont sans contrat.
Dont les taxes et impôts, si souvent pointés du doigt. Aux États-Unis, elles diffèrent grandement d’un État à l’autre. Une différence qui s’explique «par les dépenses gouvernementales», souligne Philip Merrigan, professeur au Département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
«C’est basé par la quantité de services publics qui sont donnés. Les garderies à huit dollars, les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord, les congés parentaux qui sont les plus généreux, il faut les financer. Et ça, c’est par la taxation», poursuit le professeur.
Ainsi, les équipes canadiennes, qui n’ont pas gagné une coupe Stanley depuis 29 ans, sont situées pour la plupart dans les endroits les plus taxés en Amérique du Nord. Montréal, avec son taux de taxation de 52,5 %, figure à l’avant-dernier rang du circuit... juste devant les Devils du New Jersey (52,9 %), qui constituent l’exception à la règle.
Deux années perdues?
Mais il existe des façons d’alléger sa charge fiscale, mentionnent des experts à qui nous avons parlé.
Et Erik Lupien souhaite que les directeurs généraux canadiens soient aussi en mesure de trouver des stratégies pour amenuiser les impacts de la loi fédérale sur l’achat de propriété.
«Je crois que [cette Loi] aura un impact à moyen ou à long terme [sur les équipes canadiennes]. Elles vont perdre deux années, durant lesquelles elles risquent de voir des joueurs signer des contrats ailleurs.»
LES PLUS GROSSES PRISES PAR ÉQUIPE EN JUILLET DERNIER
(Calculées selon le salaire annuel moyen octroyé au joueur)
ANAHEIM
John Klingberg (défenseur)
7 M$
ARIZONA
Joshua Brown (défenseur)
1,275 M$
BOSTON
Anton Stralman (défenseur)
1 M$
BUFFALO
Ilya Lyubushkin (défenseur)
2,75 M$
CAROLINE
Paul Stastny (attaquant)
1 M$
COLUMBUS
Johnny Gaudreau (attaquant)
9,75 M$
CALGARY
Nazem Kadri (attaquant)
7 M$
CHICAGO
Max Domi (attaquant)
3 M$
COLORADO
Evan Rodrigues (attaquant)
2 M$
DALLAS
Mason Marchment (attaquant)
4,5 M$
DETROIT
Andrew Copp (attaquant)
5,625 M$
EDMONTON
Jack Campbell (gardien)
5 M$
FLORIDE
Colin White (attaquant)
1,2 M$
LOS ANGELES
Brendan Lemieux (attaquant)
1,35 M$
MONTRÉAL
Anthony Richard (attaquant)
750 000 $
NEW JERSEY
Ondrej Palat (attaquant)
6 M$
NASHVILLE
Nino Niederreiter (attaquant)
4 M$
NEW YORK (Islanders)
Dennis Cholowski (défenseur)
762 500 $
NEW YORK (Rangers)
Vincent Trotcheck (attaquant)
5,625 M$
OTTAWA
Claude Giroux (attaquant)
6,5 M$
PHILADELPHIE
Nicolas Deslauriers (attaquant)
1,75 M$
PITTSBURGH
Jan Rutta (défenseur)
2,75 M$
SEATTLE
Andre Burakovsky (attaquant)
5,5 M$
SAN JOSE
Oskar Lindblom (attaquant)
2,5 M$
ST. LOUIS
Nick Leddy (défenseur)
4 M$
TAMPA BAY
Ian Cole (défenseur)
3 M$
TORONTO
Calle Jarnkrok (attaquant)
2,1 M$
VEGAS
Phil Kessel (attaquant)
1,5 M$
WASHINGTON
Darcy Kuemper (gardien)
5,25 M$
VANCOUVER
Ilya Mikheyev (attaquant)
4,75 M$
WINNIPEG
David Rittich (gardien)
900 000 $