Campagne électorale: pour François Legault, le 3e lien se fera malgré tout
Andrea Lubeck
La Coalition Avenir Québec (CAQ) construira coûte que coûte le troisième lien: c’est la «décision politique» qu’a prise François Legault, lequel ne se base sur aucune étude pour justifier le tracé, le choix d’opter pour un tunnel bitube ou l’existence même du projet. On vous résume la situation.
• À lire aussi: Les arguments en faveur du 3e lien tiennent-ils la route?
• À lire aussi: Le troisième lien échoue au «test climat» d’Équiterre
Peu importe les conclusions de l’étude sur le troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis, c’est un tunnel à quatre voies qui sera construit, a indiqué lundi le premier ministre sortant.
«Il y aura d’abord une étude technique, et ensuite il y aura une décision politique. Est-ce qu’on veut un pont qui est une autoroute sur l’île d’Orléans? Ça se peut que ce soit faisable, mais nous, ce n’est pas ce qu’on souhaite», a-t-il dit en conférence de presse à Longueuil.
François Legault a admis la semaine dernière qu’il ne s’appuyait sur aucune littérature pour justifier la mouture actuelle du projet. Il a donc déclaré qu’il prenait la «décision politique» de le construire et que les études qui seront publiées «d’ici un an» serviront plutôt à le «raffiner» ou à l’«améliorer».
• À lire aussi: «Lâchez-moi avec les GES»: pourquoi on ne peut pas ignorer les GES quand on parle du 3e lien
Ces études «vont être capables de nous dire, techniquement, c’est quoi la meilleure façon de le faire», a indiqué le premier ministre sortant.
«Nous, on est convaincus que ça se fait, un tunnel; mais bon, techniquement, quels sont les meilleurs moyens pour y arriver? Quel est l’achalandage? Quelle part de ces quatre voies devrait être pour le transport collectif? Quelle part pour le transport des autos? Nous, on pense que ça devrait être aux heures de pointe moitié-moitié», a-t-il poursuivi.
Pourtant, sept études ont été commandées, tant par les libéraux que par la CAQ, a d’abord révélé La Presse la semaine dernière. Certaines études étant toujours en cours, François Legault juge que celles qui sont complétées sont désuètes, puisqu’elles ne tiennent pas compte de la nouvelle réalité du télétravail qu’a amenée la pandémie de COVID-19. Seule une «étude d’opportunité» a été divulguée. Malgré les pressions de ses adversaires, il ne compte pas les rendre publiques.
Puis, mardi après-midi, François Legault a estimé que «tout a été dit» sur le troisième lien, lassé des questions des journalistes sur le sujet. Il répète qu’il est convaincu que Québec et Lévis ont besoin d’un tunnel bitube, et qu’il s’agit de la meilleure solution.
Cette intervention survient après la publication de données de l’Institut de la statistique du Québec, qui démontrent que la population active à Lévis sera moins grande qu’aujourd’hui et que d’ici 20 ans, elle augmentera à peine. La CAQ s’appuie notamment sur une croissance attendue importante de la population pour justifier la construction du troisième lien.
Pour le chef caquiste, les ambitions du parti suffiront à elles seules pour attirer davantage de monde sur la rive-sud de Québec.
Une décision décriée par les autres partis
Le co-porte-parole solidaire Gabriel Nadeau-Dubois reproche au premier ministre de manquer de transparence et d’improviser avec ce projet.
«On ne peut pas investir des milliards sur une question de feeling. Ça en devient ridicule, ç’a l’air de plus en plus fou, ce projet-là!», a-t-il lancé, accusant du même coup le premier ministre sortant d’être «dogmatique».
• À lire aussi: 2 ponts et une autoroute sur l'île d’Orléans: ce qu'il faut savoir du projet de 3e lien d'Éric Duhaime
Le chef du Parti conservateur – seul autre parti qui présente un projet autoroutier pour lier Québec et Lévis – Éric Duhaime, a accusé François Legault de «tuer» le troisième lien.
«S’il voulait tuer le troisième lien, il ferait exactement ce qu’il est en train de faire. C’est irresponsable», a-t-il déclaré en conférence de presse. Il a également affirmé que le premier ministre ne dévoilait pas les études sur le troisième lien «parce qu’elles ne font pas son affaire».
Pour Dominique Anglade, la cheffe libérale, François Legault «nous rit en pleine face avec le troisième lien» et il «se moque de la science et des faits».
• À lire aussi: Plateformes électorales: la biodiversité dans l'angle mort des partis
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, estime ni plus ni moins que le premier ministre voue un culte au troisième lien, rapporte Le Journal.
«Je ne sais pas s’il y a un culte du troisième lien à la CAQ, mais il y a clairement un culte des décisions électoralistes à la CAQ, c’est-à-dire que la CAQ choisit, même si ça coûte des milliards, son intérêt électoral avant l’intérêt des Québécoises et des Québécois», a-t-il soutenu.
— Avec des informations du Journal et de La Presse